Paul Biya et les pyromanes
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Au lendemain de la célébration d’une fête de l’Unité puissamment unificatrice, symbole de tous les liants et ciments qui forgent la nation camerounaise, le pays a tôt fait de retrouver ses vieux démons : polémiques, controverses, sinistrose. Aidé en cela par le génie destructeur de ceux qui se sont donné pour mission de répandre la chienlit sur toute initiative présidentielle ou gouvernementale visant à favoriser le retour à la paix, la croissance des affaires, dans un contexte de morosité économique et de tensions communautaires exacerbées. Ces disrupteurs, que nous appellerons aussi « torpilleurs » ou «pyromanes » ne réussiraient pas leur funeste dessein sans la complaisance intéressée des médias, toujours friands de confrontations et de déflagrations.

Médias complaisants et torpilleurs invétérés, étrange alliage de circonstance qui constitue pourtant un vrai danger, dans la mesure où il s’échine à annihiler tout espoir. Pourtant, en se précipitant dans les médias et les réseaux sociaux pour jeter –déjà ! - le soupçon, voire l’opprobre sur le dialogue annoncé afin de résoudre le conflit qui fait suffoquer une partie du Cameroun, les pyromanes se sont découverts trop tôt, et les Camerounais ne s’y tromperont pas. Ils verront bien en eux ce qu’ils sont : des ennemis de la paix, de ceux qui entendent agréger tous les mécontentements populaires autour de cette crise dans le but inavoué de tirer de son enlisement un gain politique.

Leur entreprise de démolition de cette initiative de paix était par conséquent prévisible mais vouée à l’échec, tant ils sont mis à nus, et tant l’espoir soulevé par la mission de Dion Ngute dans ces deux régions et dans tout le pays est grand. Etait-ce le fait du hasard ? A quelques jours seulement du 20 mai, le chef du gouvernement était en mission commandée dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, régions prises en étau par des sécessionnistes radicaux. Il y a porté un message de paix inédit de Paul Biya : « Revenez à la maison, vous êtes pardonnés. Nous allons dialoguer en famille. Et nous pourrons parler de tout… sauf de la sécession. » Ce message avait été précédé, et pour ainsi dire préparé, quelques jours auparavant par une prise de parole présidentielle sur Twitter, qui exhortait les Camerounais au pardon et à l’unité.

Dans ce contexte, on peut fort bien comprendre l’élan d’enthousiasme et d’espoir qui a saisi les foules à l’écoute du Premier ministre et de ce message fort, sans précédent dans l’histoire récente. Les larmes, la joie, les cris, les redditions et les déclarations de nos compatriotes de ces deux régions manifestaient tout à la fois leur ras-le-bol face à la violence quotidienne, l’exil et la paupérisation, que leur confiance en l’Etat pour rétablir les droits, la quiétude et la paix perdues. Certes nous devons nous garder de tout triomphalisme, une hirondelle ne faisant pas le printemps, comme l’on dit. Mais ce qui ressort de la tournée du Premier ministre et des contacts informels est loin de se réduire à une minuscule hirondelle...

Cette décrispation, qui place le dialogue à venir sous les meilleurs auspices, est la résultante de la vision d’un homme d’Etat, le président de la République, viscéralement attaché à la paix et à la préservation de l’héritage des pères de la nation camerounaise, qui ont versé leur sang pour que l’existence et l’indépendance du Cameroun soient rendues possibles. Elle est aussi, comment le nier, le fruit de l’humilité et de l’engagement personnel que Dion Ngute a investi dans cette mission difficile. Qui nécessite le soutien et l’implication de toutes les forces vives.

Car tout reste à faire pour paver le chemin du dialogue. Et voici venu le temps du rassemblement, du compromis et de l’abnégation. Taire les petits calculs politiciens, et reconstruire la paix est un devoir qui s’impose à tous au moment où le pays se trouve à un carrefour de son histoire, avec à sa portée une chance inouïe de se réconcilier avec lui-même. Si le Cameroun se trouve cerné par de nombreuses menaces, la plus à craindre n’est sans doute pas celle des prédateurs extérieurs et de leurs ingérences politiques. Car en réalité pour y faire front, les Camerounais doivent rester unis et solidaires, et l’Etat démultiplier la capacité de créer les richesses, en les redistribuant le plus équitablement possible.

Non ! Les menaces les plus prégnantes à la paix proviennent de nous-mêmes ! Des pyromanes assermentés, occupés à bloquer, à détricoter, à vilipender. De nos turpitudes, de nos avidités, de notre orgueil. Bon sang ! C’est de cela qu’il s’agit : ravaler les peurs, les ambitions démesurées, les égos hypertrophiés. Pour ceux dont l’orgueil est blessé, parce qu’ils sont frustrés de ne pas être les héros du moment, les messies par qui la paix arrive, et qui la pourfendent pour cette raison même : il s’agit d’une tragique méprise. En famille saurait-il y avoir des gagnants et des perdants, à l’issue de la séance sous l’arbre à palabres ? Nous sommes tous vainqueurs, au bout de la nuit de la division. L'info claire et nette. C’est une victoire sur nous-mêmes et aussi sur ceux qui prétendent diriger nos consciences et nous montrer le chemin : ils avaient programmé l’éclatement du Cameroun. Ils ont eu tout faux! Pour ceux qui nourrissent l’ambition du pouvoir, et qui voyaient dans le chaos la seule chance d’y accéder : ont-ils la prétention de gérer un cimetière, ou une nation debout ? Les appétits réels que suscite le pouvoir peuvent conduire les hommes qui le convoitent à un défaut de sincérité et à une radicalisation excessive. C’est vrai, la fermeté est souvent politiquement payante. Mais pas toujours, et les durs sont parfois tentés de devenir pyromanes, même par procuration, pensant que le délitement du pouvoir le rendra plus facile à capter. Rien n’est moins sûr.

Pour ceux qui ont peur : l’heure n’est plus à la peur, mais au réarmement des consciences, à la mobilisation des énergies et des volontés, au combat contre soi. L’heure n’est pas aux supputations, aux mises en scène individuelles. C’est celle de la concentration, du retour à soi. Avant de nous coaguler. Pour la grande épreuve.

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