Le lycée de Ngalbidjé paralysé par le phénomène de transes
CAMEROUN :: SOCIETE

CAMEROUN :: Le lycée de Ngalbidjé paralysé par le phénomène de transes :: CAMEROON

Les cours ont été interrompus la semaine dernière à la suite de graves incidents.

Les cours ont repris timidement vendredi dernier au lycée de Ngalbidjé dans l’arrondissement de Garoua 2e après un arrêt de cinq jours suite à de graves incidents. Le 21 mars 2019, Pierrette Embe, proviseur de dudit établissement s’est vue refuser l’accès au sein de l’établissement par les élèves qui ont même tenté de s’en prendre à sa personne. Elle venait prendre part à une réunion de crise convoquée par le gouverneur et regroupant l’ensemble des élites, parents, maires, députés de l’arrondissement de Garoua. Alors qu’elle échappait à la furie des élèves, elle s’en est sortie avec une fracture à la cheville gauche. Au terme de la réunion qui s’est déroulée alors que l’atmosphère était sérieusement tendue dans l’enceinte de l’établissement, le gouverneur Jean Abate Edi’i, après avoir écouté toutes les parties, a promis de tout mettre en oeuvre pour trouver des solutions à la crise qui sévit au lycée de Ngalbidjé. Une crise qui a débuté le mardi 20 mars 2019 aux premières heures de la matinée. Alors que les premiers cours ont débuté dans les salles de classe, ce jour, l’on signale qu’un groupe de jeunes filles sont en transes. L’affaire met le lycée en ébullition. Les élèves sorties des salles de classe se massent dans la cour. Immédiatement, ceux-ci se dirigent en masse vers deux enseignants désignés par eux comme les coupablex de cette situation. Les deux hommes n’auront la vie sauve que grâce à l’intervention du sous-préfet de Garoua 2ème, François Mabaya et des forces de l’ordre alertées Lesquelles réussiront à les faire exfiltrer du lycée. C’est à ce moment qu’un groupe de quatre filles, présentées comme celles qui sont tombées en transes, décide d’entrer dans la danse.

Accompagnées par un groupe d’élèves tenant en main des bouteilles d’eau dite bénite et du sel qu’ils aspergent sur la masse, elles décident de s’en prendre au souspréfet et à son état-major au motif qu’ils ont laissé fuir les "coupables de la de ceux qui voulaient les posséder pour les tuer". L’échange entre le sous-préfet et le groupe d’élève survolté tourne au vinaigre. Le groupe des filles dites possédées commence alors à lancer les projectiles au sous-préfet et sa suite. En quelques minutes la situation dégénère, le sous-préfet et sa suite sont obligés de quitter les lieux en catastrophes sous la protection des forces de maintien de l’ordre qui verront leurs véhicules copieusement caillassés.

La scène, loin de s’arrêter là, prend une nouvelle tournure. Un groupe d’élèves, décident de se rendre dans les services du gouverneur pendant qu’un autre groupe prend la direction du domicile du préfet de la Bénoué, époux du proviseur dudit lycée. Face à la furie des élèves qui ont pris d’assaut le domicile du préfet, il faudra l’intervention du gouverneur de la région du Nord, Jean Abate Edi’i, accompagné de son état-major pour stopper ces élèves. Interrogés, les élèves ont affirmé vouloir en découdre avec Madame le proviseur au motif qu’en plus des deux enseignants ayant échappé à leur furie le matin au lycée, qu’elle est également une "actrice des actes de sorcellerie visant à ensorceler les élèves."

DÉCÈS EN CASCADES

Selon certains témoignages, l’atmosphère délétère qui règne dans cet établissement ne date pas aujourd'hui. Depuis la rentrée scolaire en septembre 2018, l’établissement a connu le décès de cinq élèves et d’un membre du personnel. Très vite, certains ont laissé courir la rumeur selon laquelle se serait Madame le proviseur qui serait à la l’origine de ces décès. L'info claire et nette. Des rumeurs amplifiées par certains parents et groupes religieux qui pullulent autour de l’établissement. «Au troisième décès d’un élève, la rumeur disant que c’est madame le proviseur qui envoute les élèves pour les supprimer la vie a pris une grande ampleur. Dans les quartier avoisinant le lycée, on ne parlait que de ça. Certains parents ont pris ça au sérieux et ont commencé à amener leurs enfants dans des groupes religieux des églises éclairées et dieu seul sait si ces groupes pullulent autour de ce lycée. Au lycée, tout le monde en parlait sous cape, mais personne n’a rien fait pour éloigner cette idée des esprits des élèves, certains enseignants confortaient même les élèves dans cette idée, mais personne n’a jamais apporté la preuve de quoi que ce soit. Un de nos collègue a proposé en mifévrier quand la rumeur s’amplifiait, qu’on organise une réunion pour tenter de dissiper cette rumeur et essayer de ramener les gens à la raison, mais personne n’a voulu l’écouter, explique un enseignant de cet établissement.»

Lequel poursuit : «Il se trouve que la veille du déclenchement de cette incident, c’est-à-dire lundi 19 février, le groupe des filles qui disent être tombées en transes a passé la nuit au sein de l’établissement pour soi-disant organiser des prières afin d’exorciser l’établissement et mettre fin aux pratiques de sorcelleries qui selon elles, sont pratiqués par le proviseur et les deux enseignants incriminés. Au petit, matin alors que leurs camarades se rendaient au lycée pour faire cours comme d’habitude, elles entreprennent de dissuader ceux-ci de regagner les salles de cours et qu’elles vont délivrer le lycée. Malgré cela, les cours ont commencé. C’est alors qu’on a observé ces filles qui se sont transformé et se sont retrouvé au sol.

Entre-temps, certains de leurs parents les ont rejoints et se sont mis de leur côté pour agresser les autorités de l’établissement. Mais je note que dans ma classe, pendant que je donnais cours, les élèves savait presque tous qu’il allait se passer quelques choses et étaient plus attentif aux attroupements qu’il y avait dans la cour. C’est alors que l’atmosphère a totalement dégénéré, allant dans tous les sens». Nous avons dû tous fuir l’établissement, seul les enseignants courageux sont restés. Je trouve ça très grave surtout que les soi-disant filles tombées en transes, les parents et les gourous des églises réveillés qui sont à la manoeuvre de cette crise n’ont apporté aucune preuve de leurs accusations. Cette femme paye un peu le prix de son entêtement à imposer une certaine discipline dans cet établissement», conclut-il.

INDISCIPLINE

Profitant des incidents de mardi dernier, un autre groupe d’élèves a décidé de cambrioler, en plein jour, et a vu et au su de leur camarades, les bureaux des différents responsables de l’établissement, emportant tous les ordinateurs et des équipements, détruisant des documents. Selon des témoignages, le lycée serait sous la forte emprise des délinquants qui pourrissent l’ambiance au sein de l’établissement. Pierrette Embe, proviseur du lycée de Ngalbidjé qui se retrouve au centre de cette crise est à la tête de cet établissement depuis septembre 2018 en provenance du lycée de Sanguéré Paul dans l’arrondissement de Garoua 3e serait donné pour principal objectif de s’attaquer à l’insécurité et améliorer le confort des élèves. «En moins d’un an, elle a construit un bâtiment de deux salles de classes, elle a renforcé la sécurité aux alentours du lycée et interdit l’usage du téléphone portable pour les élèves dans l’établissement. Des mesures qui ne semblaient pas plaire à tout le monde. Parmi ces filles qui disent être tombées en transes, certaines sont fichées comme des indisciplinés. Ce facteur ne doit pas être négligé pour la compréhension de cette crise», explique un surveillant général du lycée.

Lire aussi dans la rubrique SOCIETE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo