Pourquoi le pouvoir doit donner sa chance à la Conférence générale anglophone
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Les négociations longtemps espérées en vue de la résolution de la crise sociopolitique dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont au point mort. Invoquant l’«absence » d’interlocuteurs et, considérant purement et simplement les groupes armés sécessionnistes qui rendent les deux régions anglophones invivables comme des terroristes, le pouvoir a privilégié l’option militaire qui continue d’étaler ses limites. Le monde entier s’est ému de la destruction par le feu, dans la nuit du 10 au 11 février dernier, de l’hôpital de district de Kumba, dans la région du Sud-Ouest.

Outre des pertes matérielles inestimables, deux malades sont morts calcinés dans une salle d’hospitalisation, dans cet incendie provoqué par des séparatistes présumés. En route pour évaluer les dégâts de cet incendie criminel, le gouverneur de la région, Bernard Okalia Bilaï, a été attaqué à Muyuka, dans le département du Fako. 13 personnes ont été blessées dans cette attaque, dont 12 militaires et une journaliste. Au Nord-Ouest et au Sud-Ouest, les armes tonnent, les morts se comptent au quotidien. La persistance, voire la montée en puissance des « villes mortes » au fil des mois, la paralysie des entreprises installées dans cette partie du pays, les actions d’éclat des sécessionnistes à l’instar de l’incendie de Kumba – en dépit des multiples appels à déposer les armes du chef de l’Etat Paul Biya -, sont autant d’indicateurs pertinents de ce que la crise anglophone ne s’enlise pas seulement, mais elle s’aggrave.

On est dans l’impasse. Dans un tel contexte, le blocage de la Conférence générale anglophone, qui résulte d’un refus à peine voilé du gouvernement de l’organisation d’un tel conciliabule, est contreproductif. Or, en prenant cette initiative, le 25 juillet 2018, le cardinal Christian Tumi, le pasteur Babila George Fochang de l’Église presbytérienne du Cameroun (Epc), l’imam Tukur Mohammed Adamu de la mosquée centrale de Bamenda et le grand imam de la mosquée centrale de Buea, Alhadji Mohammed Aboubakar, avaient pensé que « le moment [était] venu de mettre fin à ce conflit à travers un dialogue national franc, inclusif et complet sur le problème anglophone ».

Ces hommes d’église entendaient jouer un rôle de médiateurs entre le gouvernement et les sécessionnistes. Mais, le pouvoir s’est toujours opposé au préalable de la libération de toutes les personnes incarcérées dans le cadre de cette crise et surtout du cessez-le-feu de la part des forces de défense et de sécurité camerounaises. Motif pris de ce qu’« on ne peut pas se permettre de mettre au même niveau, l’armée républicaine, qui défend le territoire, et des bandes armées, des terroristes », avait réagi l’ex-ministre de la Communication, Issa Tchiroma Bakary.

Le principal impact attendu de la Cga aurait été pour les leaders chrétiens et musulmans, de trouver des interlocuteurs crédibles qui prendraient la parole au nom des sécessionnistes, dans le cadre d’un véritable dialogue avec le gouvernement. Et pour tenir ce conciliabule, les initiateurs ne demandent qu’un encadrement sécuritaire de la part de l’Etat. L'info claire et nette. Le gouvernement de la République doit pouvoir donner sa chance à cette initiative, et se montrer lui-même plus que jamais ouvert au dialogue.

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