Ce que l'ont sait de l'arrestation de l'opposant Maurice Kamto
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Le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), qui revendique toujours sa victoire à la présidentielle d'octobre, a été arrêté à Douala, lundi dans la soirée.

L'opposant camerounais Maurice Kamto, arrivé deuxième avec 14,23 % des voix lors de l'élection présidentielle du mois d'octobre derrière le président Paul Biya ( 71,2 %), a été arrêté lundi soir à Douala, avec plusieurs partisans, deux jours après avoir été à l'initiative d'une vague de manifestations contre le pouvoir en place. C'est Emmanuel Simh, le vice-président du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC), le parti de Maurice Kamto, qui a confirmé cette information. « M. Kamto a été arrêté au domicile d'Albert Dzongang (un de ses soutiens), il a été conduit à la police judiciaire de Douala », a-t-il déclaré.

Un contexte de tensions depuis la réélection de Paul Biya

« Un groupe d'hommes en tenue fortement armés a procédé à l'interpellation et à l'arrestation du président Maurice Kamto pour, ensuite, le conduire vers une destination inconnue en compagnie de Christian Penda Ekoka, Albert Dzongang et plusieurs autres militants. Dans la foulée, Célestin Djamen a également été arrêté sur son lit d'hôpital », a précisé le parti dans son communiqué. Selon le MRC, les personnes arrêtées sont accusées « d'insurrection et de destruction des biens ». Ce lundi tard dans la nuit, tout en condamnant fermement ces « interpellations politiques injustifiées et au demeurant annoncées, dont le but inavoué est de décapiter le MRC et sa coalition gagnante autour de Maurice Kamto », le parti demande à ses militants et sympathisants de « rester calmes et attentifs aux instructions du directoire national » du parti.

Les réactions s'enchaînent

L'interpellation de Maurice Kamto suscite des réactions de solidarité et de soutien parmi les autres leaders politiques de l'opposition, notamment Akere Muna, qui s'était désisté pour former un ticket avec Maurice Kamto. « Le gouvernement devrait immédiatement libérer toutes les personnes arrêtées dans la crise actuelle et la crise anglophone. Si ce gouvernement veut la paix, il devrait immédiatement organiser un dialogue national inclusif », a-t-il déclaré dans la presse locale. « Nous exigeons la libération immédiate de Kamto », a réagi Jean-Michel Nintcheu, député du SDF. Quant à Edith Kah Walla, présidente du CPP, un autre parti d'opposition, elle écrit : « À travers cette vague répressive, le régime de Mr Biya confirme, pour ceux qui en doutaient encore, sa nature fondamentalement répressive et arbitraire. Ces arrestations font saisir à ceux et celles qui ne le comprenaient pas assez tout le drame que vivent les Camerounais.es du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis deux ans, victimes d'une répression infiniment plus grave. »

Des manifestations réprimées

Arrivé deuxième à la présidentielle d'octobre dernier, Maurice Kamto revendique toujours la victoire dans les urnes. Il avait appelé son parti et d'autres à marcher samedi dans tout le pays contre la réélection de Paul Biya, 85 ans, dont trente-six au pouvoir. 117 personnes ont été arrêtées lors de ces manifestations, où la police a fait usage de gaz lacrymogènes et jets d'eau pour disperser la foule. Au moins six personnes, dont l'avocate réputée Michele Ndoki, ont été blessées samedi. Le MRC a affirmé que la police avait tiré à balles réelles sur les manifestants, ce que Yaoundé a démenti.

À Paris et à Berlin, plusieurs dizaines de manifestants sont parvenus samedi à pénétrer dans les ambassades du Cameroun dans ces pays, où ils ont notamment saccagé plusieurs bureaux et déchiré les effigies de Paul Biya. Les prestations consulaires dans ces ambassades sont suspendues « jusqu'à nouvel l'ordre », selon des communiqués respectifs.

« La ligne rouge »

Le même soir, le ministre de l'Administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait estimé que le parti de Maurice Kamto avait « franchi la ligne rouge ». Le ministre de la Communication, René Emmanuel Sadi, avait pour sa part accusé le camp Kamto de « tentative de déstabilisation » du pouvoir en place. Depuis le scrutin, plusieurs manifestations non autorisées ont été organisées par le MRC contre ce qu'il qualifie de « hold-up électoral ». Aucune n'a été autorisée par Yaoundé, et chacune d'entre elles a donné lieu à de nombreuses arrestations.

Peu de militants arrêtés ont toutefois été déférés, la plupart étant relâchés au terme de leur garde à vue. Mais tous ceux arrêtés samedi « resteront en détention et répondront de leurs forfaits devant les instances judiciaires compétentes », a indiqué en conférence de presse M. Atanga Nji. Maurice Kamto, ancien ministre de la Justice de Paul Biya, n'avait quant à lui jamais été arrêté depuis l'élection.

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