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© Quotidien Mutations : Par Georges Alain Boyomo
- 10 Dec 2018 16:08:00
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Cameroun, Regards: Et Maintenant ? :: Cameroon
Depuis l’annonce de la décision du comité exécutif de la Confédération africaine de football (Caf) retirant l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2019 au Cameroun, le président de la République n’a pas fait de déclaration publique au sujet de ce scandale, lui qui avait pourtant assuré le 10 août 2017, en son palais, que le pays « sera prêt le jour dit ».
Suivant son agenda officiel, depuis le 30 novembre dernier, le chef de l’Etat a présidé la cérémonie de clôture de la saison sportive 2018 au stade Ahmadou Ahidjo, reçu en audience l’ambassadeur de France, Gilles Thibault, et le directeur général pour la région Afrique de l’entreprise américaine General Electric, et nommé un coordonnateur du Comité national de désarmement, de démobilisation et de réintégration, en l’occurrence l’ancien gouverneur, Francis Fai Yengo. Sur les réseaux sociaux, les Camerounais ont également aperçu leur président tout souriant, dans un joli costume, aux côtés de son épouse, Chantal, qui célébrait son anniversaire.
D’ici, on imagine néanmoins que le président de la République n’a pas rangé dans un tiroir de son bureau le dossier lié au traumatisme de la Can 2019. Tout porte aujourd’hui à penser que Paul Biya, ainsi que le révèlent des responsables de la Caf, était informé de la déconfiture du Cameroun longtemps avant la date du 30 novembre 2018, et qu’il a simplement obtenu que la nouvelle soit rendue publique après sa réélection.
En bon disciple de Nicolas Machiavel, le président de la République excelle dans l’art de simuler et dissimuler. Il sait bien « déguiser sa nature de renard » comme le prince de Machiavel. Son mandat à la tête de l’Etat sécurisé pour sept ans de plus, il observe, sans doute avec une espiègle délectation, le spectacle qu’offrent ses collaborateurs, qui pédalent et rétropédalent, se rejettent les torts et se livrent au jeu de massacre devant un peuple en colère, qui réclame des têtes. 10 jours se sont écoulés et l’épée de Damoclès du remaniement ministériel, et probablement de la relance de l’opération Epervier, plane toujours sur le gouvernement Yang IV, qui sait ses jours comptés.
Mais il reste à s’interroger jusqu’où le président de la République peut aller dans cette autre tentative de déconstruire le système mafieux qu’il a contribué par ses silences, son attentisme, sa bunkerisation, et au nom de la préservation de son pouvoir, à implanter et étendre les tentacules. Paul Biya ne se retrouve-t-il pas aujourd’hui dans la situation de Victor Frankenstein, créateur d’un monstre qui a fini par échapper à son contrôle ? Des têtes seront certainement tranchées dans les prochaines heures, mais comme celles de l’hydre, elles vont se régénérer doublement à la faveur d’une gouvernance incroyablement permissive.
Le fiasco de la Can peut être perçu comme un mal pour un bien en ce sens qu’il doit permettre au décideur suprême de revoir le logiciel de cette gouvernance qui empêche l’émergence du Cameroun. Faute d’un sursaut vigoureux et robuste, à l’orée de ce septennat des « grandes opportunités », les mêmes causes (celles qui ont conduit au retrait de la Can 2019) produiront des effets encore plus dévastateurs sur la trajectoire du pays.
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