Savoir ne pas se mentir tout le temps…
CAMEROUN :: POINT DE VUE

CAMEROUN :: Savoir ne pas se mentir tout le temps… :: CAMEROON

Un proverbe occidental indique que « ce n’est pas en regardant simplement la casserole qu’on va pouvoir faire bouillir l’eau ». Un tel adage est fortement indicateur pour tous ceux qui ont une responsabilité publique. Très modestement, pour retrouver le langage musical, il y a lieu de penser que le travail d’un président de la République, ou chef de l’Etat si l’on veut, s’apparente beaucoup à celui d’un chef d’orchestre d’une grande symphonie musicale. Il donne la mesure et la gamme musicale sur la base de laquelle est exécutée une aire mélodieuse. Il a le regard sur chacun des musiciens à qui il impose fermement la tonalité de son jeu, la rythmique d’ensemble qui conduit à un jeu scénique harmonieux, de manière à structurer la sensibilité, le bien-être et le bonheur du public. Le chef d’orchestre contrôle et vérifie tout en détail lorsqu’il met en route l’aubade musicale. Aucune néglige n’est acceptable.

Et tout musicien qui adhère à l’esprit de l’orchestre doit nécessairement se conformer aux directives imposées par le chef de l’orchestre, qui à chaque prestation est au début et à la mesure de tous les mouvements scéniques. Le chef d’orchestre, en cas de défaillance d’un instrumentiste, détient l’autorité réglementaire d’expulsion de ce dernier de l’instrumente, de manière à maintenir l’interaction préalablement élaborée, pour sauvegarder le spectacle. C’est vrai qu’au fond, diriger un pays pour un président de la République n’est pas un spectacle musical. Mais dans la forme c’est tout comme. Le président de la République est effectivement un chef. Un chef d’Etat pour être précis. Chez les bantous du Cameroun notamment, être un chef signifie qu’on est un être humain, au-dessus des autres, qui a nécessairement la mesure de toutes les choses, la nuit comme le jour, dans sa contrée. Chez les sahéliens ou les grasfields du pays que dirige Paul Biya depuis plus de 36 ans maintenant, le rôle du chef est encore plus contraignant.

Le chef doit savoir. Rien ne doit lui échapper. Et très souvent, le chef précède même les évènements à venir dans son terroir, et lorsqu’il prend la parole, son verbe est sacré et ne saurait être contredit, parce que selon la conscience collective, « le chef a parlé ; le chef dit toujours la vérité ; le chef ne ment jamais ». Au Cameroun, Paul Biya est non seulement président de la République, chef de l’Etat depuis 36 ans, mais aussi, l’actuel président du Cameroun a été proclamé, « Fon des Fons », « Nnom Ngui ». En langage d’initiés que nous osons paraphraser, être un « Fon des Fons », ou un « Nnom Ngui », tend à signifier qu’on est « le chef suprême de tous les chefs du Cameroun ». Un peu une espèce de « Roi des Rois », comme l’envisageait le très regretté Colonel Mouammar Kadhafi. Cela devient donc plus exigeant, en ce sens que, si chef ne ment jamais, le « Fon des Fons », le « Nnom Ngui », ne saurait être un menteur. Dans tous les cas, le « Roi des Rois » ne ment pas. Et plus sérieux encore, on ne fait pas mentir le « Roi des Rois ».

Depuis trois jours qu’un évènement proche d’une tragédie nationale, à savoir le retrait de l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations 2019 est survenu au Cameroun, la vérité qui s’impose à nos consciences est implacable : le président de la République, chef de l’Etat, le « Fon des Fons », le « Nnom Ngui », Son Excellence Paul Biya a menti à son peuple. Pour fondement de cette réalité implacable, on aura toujours en esprit et en mémoire cette prise de position de« L’Homme du 6 novembre 1982 », où il disait , en février 2016, face aux Lions Indomptables, qui venaient de triompher de la Coupe d’Afrique des Nations, et très récemment, le 6 novembre 2018, lors de la séance plénière de sa prestation de serment au Parlement, que la Coupe d’Afrique des Nations 2019 va se dérouler au Cameroun, et qu’il en prenait l’engagement devant le peuple camerounais. La réalité jusque-là laisse à penser le contraire face à la décision du Comité exécutif de la Confédération africaine du football (Caf) qui a décidé le 30 novembre dernier de retirer cette organisation au Cameroun. Alors deux choses : soit le chef de l’Etat a menti, soit on a fait mentir le chef de l’Etat. Certes, il y a lieu de relever l’inélégance, et le manque de personnalité de l’actuel président de la Confédération africaine de football, le malgache Ahmed Ahmad. Venu au Cameroun quelques mois avant, il avait été reçu par le président Paul Biya au Palais de l’Unité. A la sortie de cette audience, Ahmed Ahmad déclarait que « la Caf n’a pas de plan B ».

Comme pour dire que la Can 2019 se tiendra effectivement au Cameroun comme initialement prévu. Aujourd’hui, le président de la Caf refait un revirement et plonge le Cameroun dans l’angoisse, et présente son Président comme un menteur aux yeux de l’opinion national et international. La vérité est que, au-delà du coup fourré de la Caf et de son président, il faut qu’au Cameroun, nous apprenions à ne pas nous mentir. On cherche en vain les coupables. Pourtant qui ne sait pas que notre pays a accusé un retard considérable dans la conduite des réalisations des différents projets liés à la Can 2019 ? Le portail de la diaspora camerounaise de Belgique. Pour être plus précis, il se dit, à tort ou à raison que des proches collaborateurs du chef de l’Etat à la Présidence de la République, et dans les Services du Premier ministre, ont plombé pendant plus d’un an, et de nombreux mois encore, l’avancement des dossiers de la Can 2019, sans que le président de la République en personne ne s’en rende compte, juste pour cueillir les dividendes à travers les procédures des travaux dans l’urgence. Qu’est-ce qui peut expliquer un tel parjure ? Ne pas se mentir tout le temps, voudrais que se pose la question de savoir, (comme vient de le faire un confrère panafricain basé à Paris) , finalement qui gouverne au Cameroun ? Paul Biya ? Son entourage ? Qui ???

Si c’est Paul Biya qui gouverne, pourquoi, n’a-t-il pas joué dans ce dossier de la Can ce rôle de chef d’orchestre, qui est au début, au centre, et à la fin de tout le processus qu’il pilote lui-même en personne ? Pourquoi n’a-t-il donc fait, aucune visite des chantiers dont on sait qu’ils avaient accusé des retards plus que considérables ? Par contre si ce sont les collaborateurs directs du Président (SGPR, SGPM) qui gouvernent, comme une certaine opinion tend à le laisser penser, à tort ou à raison, il faut donc dire que, (comme le pensait notre défunt collègue du Messager Richard Touna), « Paul Biya n’a pas de chance avec ses ministres ». L'info claire et nette. A y regarder de près, il y a lieu de se dire que Paul Biya a mal à ses grands projets, tant en ambitions qu’en réalisations. On ne sait pas quand se tiendra le prochain Comice agro-pastoral au Cameroun. Un jour, une année certainement. Le cinquantenaire de l’armée camerounaise s’est tenu avec un retard considérable. Tout comme le cinquantenaire de la Réunification du Cameroun. La Coupe du Cameroun qui s’est jouée hier, n’a jamais de date fixe…On a tellement appris à se mentir à soi-même au Cameroun, que certains individus, parce qu’ils sont hantés par leur concupiscence et funeste passion de l’enrichissement illicite, se permettent de donner des fausses informations à la plus haute autorité du pays.

Comme par hasard, on choisit le 30 novembre, date d’anniversaire de la mort du premier président du Cameroun, feu El Hadj Ahmadou Ahidjo, pour infliger à tout un pays un tel affront ! Comment en sommes nous arriver à ce niveau ? Pour l’heure, l’urgence est d’assumer. C’est-à-dire tout faire pour laver cet aplatissement. Non seulement il faut fermement renvoyer la Caf et son agité président à ses cahiers, mais aussi sur le plan local, il y a lieu dans l’immédiat d’auditer tous les projets de la Can 2019 en procédant à toutes les vérifications possibles dans les moindres détails. Ensuite identifier les auteurs des retards quels qu’ils soient, et d’où qu’ils viennent. Enfin que des gens rendent gorge. Avec l’expérience de la 8ème coupe d’Afrique des Nations de 1972, le Cameroun a déjà une bonne jurisprudence sur laquelle il y a lieu de s’adosser. Et au chef de l’Etat, de savoir jouer le rôle de chef d’orchestre, sans pour autant se faire hara-kiri.

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo