NINTCHEU, KAMTO, LIBII… : Les pyromanes de la République
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Les trois hommes politiques se sont illustrés ces dernières semaines par des sorties ou des prises de position va-t-en guerre.

«Je soutiens la posture du candidat Maurice Kamto parce qu’il a eu le courage de se déclarer vainqueur. Il est évident que le dictateur Paul Biya ne peut pas accepter démocratiquement sa défaite». Ainsi s’exprimait le président régional du Social Democratic Front (SDF) dans une interview accordée à Jeune Afrique et publiée sur le site interview du magazine panafricain le 11 octobre 2018. Jean Michel Nintcheu, par ailleurs député du SDF, prenait ainsi fait et cause pour le candidat du Mouvement pour la reconnaissance du Cameroun (MRC). Qui, le 08 octobre 2018 à Yaoundé, avait déclaré «avoir tiré le pénalty et marqué le but gagnant».

Une sortie de Maurice Kamto considérée jusqu’ici comme une auto-proclamation de sa victoire qui, selon le concerné, «ne viole pas les dispositions de l’article 113 du Code électoral camerounais qui évoque la publication des résultats dans les bureaux de vote dès le dépouillement achevé». Sur cette base, et même s’il nie aujourd’hui s’être autoproclamé vainqueur de la présidentielle du 7 octobre 2018, M. Kamto demandait à Paul Biya, le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), de «mettre en place les conditions d’une passation de pouvoir pacifique ».

Seulement, dans le camp de Maurice Kamto, l’on n’entend pas attendre «pacifiquement» cette «passation de pouvoir». Et la démarche de déstabilisation du pays se précise. Une publication partisane non signée parue le 16 octobre 2018 sur le site internet www.camer.be indique que «les trois phases prévues par Maurice Kamto, la force du coup d’avance, consistaient en la proclamation de sa victoire, la récusation du Conseil constitutionnel aujourd’hui [le 16 octobre 2018, ndlr] et l’intervention de tous les Camerounais et l’opinion internationale ». Cette dernière phase constitue «le chassement» que les affidés de M. Kamto ont toujours évoqué dans les réseaux sociaux. A commencer par Boris Berthold qui, sur sa page Facebook, écrivait le 1er octobre 2018: «[…] Tout n’est pas perdu. Car si c’est le cas, ce sera la bérézina».

KAMTO

Depuis quelques jours, est apparu sur Whatsapp un groupe dénommé «Volontaires MRC II», créé par un certain Eric Martial Tcheuko Moukam si l’on se réfère aux captures d’écran partagées sur le même réseau social. Sans aucun profil. L’un des membres de ce groupe écrit : «[…] Je demande que, dans chaque village et ville, les gens s’organisent pour être prêts à bloquer tout et à affronter au moment venu». Pour d’autres, «la seule solution c’est de descendre dans la rue pour chasser Biya et compagnie. […] Ce sera plus grave que le chassement. […] Les batailles juridiques ne nous mèneront nulle part […], la solution, c’est la révolution ». Et un dernier internaute d’enfoncer le clou : «Que le Pr. [Kamto] prenne ses responsabilités et qu’on en finisse !»

C’est cette posture va-t-en guerre que Jean Michel Nintcheu soutient. A laquelle il adhère en tentant d’organiser le 21 octobre 2018 un meeting pour, dit-il, «dénoncer les fraudes honteuses et massives ayant émaillé le scrutin du 7 octobre 2018». Alors que le débat enfle sur cette tentative de passage en force, la coordination départementale du SDF du Wouri, circonscription politique de M. Nintcheu, le désavoue dans une sortie datée du 15 octobre 2018. En attendant la suite de cette affaire, et au vu du passé sulfureux du concerné, Jean Michel Nintcheu voudrait prendre prétexte du contexte pour faire resurgir son penchant de guerrier. Par son engagement auprès de Maurice Kamto, il rejoint tacitement une coalition qui «continue de revendiquer la victoire de Maurice Kamto, conformément à la vérité des urnes au soir du 7 octobre 2018» mais «rejette toutes formes de violence que le régime voudrait lui faire endosser».

REVOLTE POPULAIRE

«Ils sont en train de légitimer la révolte populaire», pouvait-on lire le 14 octobre 2018 sur le compte Facebook de Cabral Libii Li Ngue. Dans une autre publication de ce jour-là, le candidat du parti Univers indique que «sur la base des procès-verbaux, des informations reçues du terrain et des statistiques provenant de la Commission nationale de recensement des votes, la victoire du peuple camerounais à l'élection présidentielle est en train d'être scandaleusement volée». Du coup, il appelle à ce que «la jeunesse camerounaise se tienne prête! Que le peuple camerounais se tienne debout!» Car, estime Cabral Libii, «au-delà des chiffres, ils veulent anéantir l'espoir... Ils sont eux-mêmes en train de légitimer la révolte populaire... C'est la forfaiture de trop!»

Cet appel à la révolte populaire n’est pas nouveau dans le discours du poulain du Pr Prosper Nkou Mvondo. En effet, face à la presse le lendemain du vote à Yaoundé, Cabral Libii avait déjà été va-t-en guerre allant jusqu’à déclarer Paul Biya perdant face à l’opposition : «Le candidat sortant ne pouvait pas remporter cette élection. […] Si jamais il était établi notre victoire, rien ni personne ne pourra voler à ce peuple camerounais qui s’est tant donné cette année pour l’obtenir». Une posture en conformité avec son propos au cours de l’interview qu’il a accordée le 9 septembre 2018 à la chaîne de télévision de la francophonie TV5 : «Paul Biya ne peut pas gagner une élection au Cameroun. Et je peux vous dire que, face à moi, c’est complètement impossible pour lui de gagner».

Parce qu’il est conscient que «le plus difficile pour moi sera de prouver j’ai gagné l’élection», Cabral Libii annonçait alors travailler «à trouver 23 000 scrutateurs qui, à travers notre application www.electra.com, pourront publier les résultats parce que nous aurons les procès-verbaux des résultats au soir du 7 octobre 2018». Malheureusement, la suite ne lui donnera pas raison. Et l’on attend la suite des évènements. Surtout après le rejet des recours des candidats du MRC et d’Univers au terme de l’audience du Conseil constitutionnel ce mardi 16 octobre 2018.

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