Maurice Kamto a-t-il violé la Loi ?
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En déclarant au cours d’une conférence de presse tenue à Yaoundé, qu’il a «tiré le penalty, le but a été marqué », le président du Mrc, candidat à la présidentielle, revendique sa victoire. Un acte hautement politique et non un écart juridique.

«J’ai reçu mission de tirer le penalty. Je l’ai tiré. Le but a été marqué… Je prends à témoin l’opinion nationale et internationale, l’évènement historique qui a rendu possible, dans notre pays, une alternance démocratique… J’ai reçu du peuple camerounais, un mandat clair, que j’entends défendre fermement. Jusqu’au bout. J’invite le président de la République à organiser les conditions d’une transition pacifique du pouvoir afin de mettre le Cameroun à l’abri d’une crise post-électorale dont notre pays n’a nullement besoin, car, elle compromettrait son avenir. Comme je me suis engagé, je lui assure, à luimême et à sa famille, toutes les garanties de sécurité, de dignité et de respect, dues à son statut et son rang… J’en appelle au sens républicain des autorités administratives».

Propos de Maurice Kamto, tenus, lundi 8 octobre 2018, au cours d’une conférence de presse, organisée à Yaoundé, au lendemain du scrutin du 7 octobre 2018. Nulle part, le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (Mrc), n’a décliné le contenu des procès verbaux issus des 25000 bureaux de vote installés sur l’ensemble du pays. Nulle part, l’agrégé de droit et non moins avocat international, à la réputation incontestée, n’a déroulé des chiffres et des statistiques, manifestement, pour ne pas être en porte-à-faux avec les pertinentes dispositions de l’article 137 qui dispose que «le Conseil constitutionnel arrête et proclame les résultats de l’élection présidentielle, dans un délai maximum de quinze jours à compter de la date de clôture du scrutin».

Acte politique

Nul doute qu’en revendiquant sa victoire, le plénipotentiaire du Mrc pose un acte politique parfaitement en symbiose avec la Loi électorale. Le Pr Maurice Kamto, assurément, au regard de la remontée des Pv que lui et son état-major ont compilés, centralisés, a de bonnes raisons d’affirmer avoir marqué le penalty. Dans la foulée, il voudrait prévenir ses amis politiques, d’il y a sept ans, du danger à vouloir tronquer le verdict des urnes. Cette posture est d’autant plus légale que l’article 113 du Code électoral est plus que clair. «Immédiatement après le dépouillement, le résultat acquis dans chaque bureau de vote est rendu public». D’où vient-il qu’en se fondant sur les résultats issus des bureaux de vote, qui sont des lieux publics et dont les opérations de dépouillement et de décompte des voix se passent publiquement conformément à la Loi, qu’une levée de boucliers se fasse jour, pour vouer aux gémonies le président national du Mrc, qui est en parfait respect de la loi?

Pour un avocat, sur le plan juridique «le Code électoral permet à tout candidat d’être en possession des résultats après le dépouillement des votes. Ces résultats sont rendus publics et tout le monde peut s’en prévaloir. On peut, au vu du dépouillement public, avoir ceux des autres candidats et même les comparer. Bien évidemment, ces résultats dans le cadre de la présidentielle n’auront force de droit qu’après la proclamation par le Conseil constitutionnel ».

Tirs groupés

Toutes choses qui se situent aux antipodes des tirs groupés des thuriféraires du régime de Yaoundé et affidés, qui ont tôt fait d’organiser une riposte et des sorties plutôt, désespérantes. Le secrétaire général du Comité central du Rdpc, Jean Nkueté, d’habitude muet comme une tombe, ne s’est pas fait prier pour monter aux filets de la dénonciation pour fustiger l’illégalité de l’acte de Kamto qui selon ce patriarche «s’est autoproclamé vainqueur ». Issa Tchiroma, le perroquet du gouvernement, autoproclamé depuis des lustres, porte-parole du gouvernement, sans un acte officiel qui l’officialise, a usé de la même rengaine en incluant aussi le cas de Cabral Libii, candidat du parti Univers, qui aurait dit avoir été élu. Son alter ego, Atanga Nji avait d’ailleurs donné le ton, immédiatement à la fermeture des bureaux de vote, dimanche 7 octobre, en menaçant, quiconque se mettrait en marge de la loi.

Garga Haman Adji, iconoclaste et atteint malheureusement par une cécité juridique, a, depuis Maroua, tancé ces leaders qui ont tôt fait de crier victoire car ils ont fait preuve «d’intelligence artificielle». Et voilà que le débat post-électoral s’envenime et des loups sortent de la bergerie…Un des secrétaires généraux se revendiquant de l’Upc, alliée du Rdpc, est aussi monté aux avant-postes au cours d’une conférence de presse, pour frapper sur le même clou et clouer au piloris Maurice Kamto, qui n’a fait qu’aviser. D’où le sens politique qui entoure et enrobe sa sortie de lundi, qui relève de la communication politique et non ne procède d’une volonté délibérée de prendre des libertés vis-à-vis de la Loi électorale. Aucun écart sur le plan juridique, en somme, avec une prise de position éminemment politique.

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