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© Quotidien Le Jour : Franklin Kamtche
- 30 Jul 2017 19:39:20
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Cameroun: Tous les avocats ne viennent pas de Mbouda :: CAMEROON
De très grandes quantités de ce fruit sont produites hors du réputé département des Bamboutos. Lorsqu’on parle des avocats au Cameroun, le regard est spontanément tourné vers le département des Bamboutos.
Non seulement la réputation de l’avocat au gros noyau est clairement établie dans l’imaginaire des populations, mais sur la route de Mbouda, il n’est pas possible de compter le nombre de tas d’avocat posés au sol, derrière lesquels se positionnent généralement des femmes et des enfants. « L’avocat est la sardine des Mbouda », disent les moqueurs. Et ce n’est pas faux.
A la station-service Total située au centre-ville, il est loisible d’observer en fin d’après-midi un défilé de longs sacs d’avocat, qui sont embarqués au-dessus des minibus, pour rejoindre les consommateurs tapis dans les grandes villes de Yaoundé, Douala, et même au-delà. En parcourant la zone, l’on se rendra en effet compte que l’avocatier est l’arbre le plus présent. Il y en a dans toutes les concessions et de tous les âges.
Le jour du marché de Toussonlé, dans la périphérie de la ville de Mbouda, sur la route de Bamenda, c’est par camions entiers que les avocats sont transportés vers les pôles de consommation qui se trouvent au-delà des frontières nationales.
Les paysans y débarquent très tôt le matin avec le fruit des cueillettes de la veille, qui est collecté par les revendeurs avant d’être ensachés.
Les marchés de Bafounda ou Bamendjo sont des escales techniques bien préparées.
A Batcham ou Bangang, le paysage épouse la courbe des avocatiers.
Au marché de Kombou, dans le groupement Babadjou, un pan entier est consacré aux transactions sur l’avocat. Mais en raison d’une politique foncière qui ne favorise pas l’acquisition de grands espaces, la
culture de l’avocat demeure une activité paysanne. Certains vendeurs rencontrés dans la zone confessent avoir hérité de leurs parcelles. « C’est un champ familial. Notre père avait planté des avocatiers autour de la concession. Nous nous contentons de récolter », confirme Michel Kueite.
Il est donc illusoire de penser que les gros camions que nous croisons sur la route tous les jours, bourrés de sacs d’avocat, viennent de Mbouda.
Ce n’est que récemment que sous l’impulsion des vulgarisateurs agricoles, de vrais champs sont en train de se mettre en place du côté de Galim et ailleurs, où l’on peut trouver des surfaces de terrain conséquentes. Effet de l’annonce de la construction future d’une unité de transformation de ce fruit ?
Illusion historique
Par contre, lorsqu’on se rend dans le Noun, le caractère semi-industriel de la culture de l’avocat saute aux yeux. Si l’on peut douter de la qualité, la quantité rassure. Le marché des vivres de Foumbot, lieu dit Siac, impressionne par son approvisionnement.
Le 21 juin 2017, il y avait amassés à côté d’autres vivres, des avocats pouvant remplir deux containers de 40 pieds. Selon Idrissou Mah, l’un des intermédiaires de la filière dans ce marché, il est possible de charger dix containers chaque semaine en saison haute. Laquelle se situe entre mars et juillet. Durant ces cinq mois, les paysans de Bankouop, Koupara, Komkaré, Baïgom, Koumdounbain, etc. déversent sur cet espace, spécialement aménagé pour la cause, l’essentiel du produit des arbres qui entourent leurs maisons ou des champs créés récemment et qui ont commencé à produire. Les prix pratiqués sont abordables.
Pour 300Fcfa, il est possible d’avoir un tas d’environ 20 fruits moyens. Les grossistes achètent par sac ou par arbre.
Seul hic, cet avocat a une maturation rapide. « Les sacs dans lesquels nous conditionnons les fruits chauffent. Avant d’arriver, les premiers fruits mûrissent », explique Awawou Mankouet, une revendeuse. Grâce à la main d’œuvre de jeunes vacanciers, elle fait séparer les fruits qui commencent à mûrir de « ceux qui peuvent voyager sans problème », dans un stock de 12 sacs. En effet, de nombreux jeunes sont occupés au calibrage et au conditionnement des avocats avant leur acheminement vers les marchés urbains et surtout extérieurs. « Il me faut au moins 72h pour arriver au Gabon avec ces avocats. C’est pourquoi ils sont conservés différemment », explique Ibrahim Njiakam. Il regrette l’effet néfaste des 400km de route non goudronnée à l’intérieur du Gabon, sur la qualité du produit. La base logistique
des camions se trouve à Mbouda. « Une fois que les colis sont confectionnés, nous appelons les propriétaires des camions qui pour la plupart sont basés dans les Bamboutos.
Nous chargeons le soir et on se met en route la nuit. Au petit matin, le produit est sur le marché de Yaoundé ou Douala », explique Abdou.
Agriculture paysanne
Dans la localité voisine de Koutaba, l’avocat abonde également. C’est là que convergent les intermédiaires de Foumbot lorsque la haute saison passe et que les avocatiers sauvages ne produisent plus. Ceux-ci couvrent la demande d’octobre à janvier, tandis que les avocatiers greffés produisent de février à septembre.
Venu prospecter sur ce secteur, un ingénieur commercial vivant en France regrette l’impossibilité pour les avocats camerounais de s’imposer sur le marché international. « Il n’existe pas à proprement parler des gens qui ont fait de la culture de l’avocat leur métier. Pourtant, il s’agit d’un produit qui se porte assez bien sur le marché. Les Péruviens sont en train de détruire des plantations de café pour mettre les avocatiers », confiet-il. Il pointe un doigt accusateur aussi bien sur la race des avocats préférée des agriculteurs, leur mode de cueillette que le conditionnement.
Pour leur part, les paysans ne veulent pas cultiver les avocatiers greffés parce qu’ils estiment que ses produits ne durent pas à la conservation. Pourtant ses résultats sont épatants. Et les arbres traditionnels poussent très haut, compliquant du même coup la cueillette. «
L’avocatier est notre part de cacaoyer », raille Mamouda Ndachingang. Le jeune paysan formé auprès des experts de l’Irad à Njombe avoue avoir initié une révolution depuis qu’il est retourné dans son village, à Bankouop. « J’ai abattu les manguiers laissés par mes parents pour planter des avocatiers », se vante-t-il. Le Noun a l’avantage d’avoir de vastes terres fertiles.
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