Cameroun FODIAS: Armand Nghemkap, médecin « Une hypocrisie criarde au sommet de l'Etat camerounais»
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Cameroun FODIAS: Armand Nghemkap, médecin « Une hypocrisie criarde au sommet de l'Etat camerounais» :: CAMEROON

Je ne suis pas membre du Gouvernement. Je suis un membre actif de la diaspora camerounaise d'Europe. Si je m'en tiens à la déclaration du ministre des relations extérieures sur les antennes du poste national de la CRTV, il n'y aucune discorde entre le Cameroun et sa diaspora.

Toujours est-il que lors du dernier forum de la diaspora camerounaise ( FODIAS 2017 ), cette doléance des Camerounais de la diaspora au Chef de l'Etat qui date de juillet 2009 et qui est fondamentale pour rassurer cette diaspora camerounaise sur sa contribution devenue indispensable au développement durable du Cameroun, a été purement et simplement ignorée.

Il apparaît ainsi évident que ce problème de la double nationalité est fort sensible pour le Gouvernement camerounais d'autant plus qu' il se murmure et on peut d'ailleurs le lire sur certaines publications dans la presse que plusieurs membres du gouvernement et des hauts fonctionnaires de l'administration camerounaise ainsi que des dirigeants d'entreprises publiques possèdent en violation flagrante de la constitution camerounaise, une nationalité étrangère, suisse, française et américaine notamment.

Si cette information s'avérait exacte, elle confirmerait un double jeu du Gouvernement, une hypocrisie criarde au sommet de l'Etat camerounais, une discrimination très regrettable du Cameroun vis-à-vis de certains de ses enfants.

La vrai problématique du FODIAS 2017 réside en comment peut-on expliquer que la question de la double nationalité n’a pas fait l’objet d'une thématique au FODIAS 2017 alors qu’elle est la principale mesure incitative qui peut amener la diaspora a investir avec confiance dans leur pays.

Pour ma part, je pense qu'on nage en pleine hypocrisie politique car si l'on voulait réellement et efficacement intégrer la diaspora camerounaise dans le processus du développement du Cameroun, ce problème de la double nationalité aurait été abordé sans hésitation lors du FODIAS 2017. Je tiens à rappeler ici que la diaspora est une force vive de développement d'un pays et c'est bien dommage que le Cameroun se prive ainsi volontairement d'un tel potentiel pour son émergence et son développement durable.

Le FODIAS 2017 a souffert d'un déficit criard de communication qui s'est faite finalement de bouche à oreilles, laissant de ce fait une place gigantesque à l'individualisme, au copinage et au clientélisme. Le comité d'organisation n'a annoncé aucune mesure incitative sur le transport et l'hébergement des diasporiens. La question de la gratuité des visas n' a été réglée qu'au dernier moment. J'ai eu le sentiment d'une certaine précipitation dans son organisation qui a fini par donner l'impression d'un amateurisme.

Le FODIAS a fini par apparaître pour une grande majorité des 5 millions de camerounais de la diaspora comme une visite touristique de la diaspora avec en bonus des selfies où figurent des ministres de la république. Beaucoup de camerounais qui œuvrent dans la diaspora positive, émergeante, rayonnante, solidaire et participative dans l'action n'attendent rien du Cameroun car ils ont tout obtenu dans leur
pays d'accueil mais ces camerounais demeurent attachés de façon passionnelle à leur pays d'origine et souhaitent réellement son émergence et son développement durable.

C'est dans ce contexte que ces camerounais réclament depuis 2009 l'obtention de la double nationalité qui leur permettra de s'impliquer efficacement et en toute confiance par leur compétence et leur savoir-faire dans le développement du Cameroun.

On a le sentiment d'un manque de professionnalisme dans l'organisation de ce FODIAS. La communication a été plus que trébuchante pour ne pas dire absente. Les mesures incitatives attendues sont restées
lettres mortes et même la gratuité des visas n'a été réglée qu'au dernier moment. Sortons de l'hypocrisie ambiante et ayons le courage de constater à l'issue du FODIAS 2017 qu'il a souffert d'un clientélisme politique visant à positionner des connaissances dans la diaspora en quête de réseau relationnel leur permettant de satisfaire des ambitions personnelles. Une nouvelle fois l'esprit d'individualisme et d'égocentrisme a primé dans un forum où la solidarité participative dans l'action, la culture du bien-être et du vivre ensemble des camerounais devaient être le dénominateur commun. 
Comment expliquez-vous que la grande majorité des Camerounais qui mènent des actions concrètent depuis des années pour le développement du Cameroun n'ont même pas été informés de l'organisation d'un forum
de la diaspora camerounaise ?

Vous savez, ces camerounais de la diaspora évoluent dans un environnement organisé et structuré et lorsqu'un projet comme l'organisation du FODIAS 2017 semble balbutiant, ces camerounais se désintéressent immédiatement. Ce fut mon cas car ayant conçu le 1er forum de la diaspora médicale camerounaise en France qui a eu lieu à Paris dans les locaux de l'Ambassade du Cameroun juste deux mois avant le déroulement du FODIAS soit le samedi 8 avril 2017, je n'ai été au courant du FODIAS que par le bouche à oreille. Je n'ai personnellement reçu aucune invitation officielle. Ce qui est un comble quand on connait mes combats menés au Cameroun depuis près de 15 ans dans le domaine des AVC et des Morts subites.

C'est incompréhensible et c'est une faute de communication qu'un Président en exercice en Occident ne pourrait se permettre. Je n'ose pas imaginer un seul instant que le Chef de l'Etat camerounais par son absence a voulu envoyer un message de mépris à sa diaspora mais il n'y a qu'un pas à franchir pour le penser.

Malheureusement, c'est bien ce message qui est interprété dans la diaspora face à cette absence du Président de la République du Cameroun. Beaucoup de diasporiens dans leur déplacement pour le FODIAS se faisaient la joie de le rencontrer et sont rentrés dans leur pays d'accueil avec amertume et grande déception.

Je pense qu'au sommet de l'Etat au Cameroun, on a pris conscience qu'on ne doit plus se méfier et ignorer cette diaspora qui est finalement une mine d'or inexploitée et qui désormais est indispensable pour l'émergence et le développement durable du Cameroun.

Malheureusement, cette prise de conscience se heurte encore à la méfiance de certains qui la jugent toujours hostile et pensent qu'elle demeure le refuge des opposants au régime. Ceux qui pensent ainsi se trompent et ont une grande méconnaissance de cette diaspora. Moi, le Dr Armand NGHEMKAP, depuis mon arrivée en France en septembre 1985 soit plus de 30 ans, je n'ai jamais milité dans aucun parti d'opposition ni assisté à aucune réunion politique encore moins à une manifestation à caractère politique.

Beaucoup de Camerounais de la diaspora sont dans ma situation et ne demandent qu'à apporter leur contribution dans un climat de confiance et non de méfiance pour le développement du Cameroun.

Toutefois, je constate que volontairement ou involontairement, certains entretiennent une confusion pour des intérêts individuels parfois inavoués et inavouables

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