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© Correspondance : Jean-Pierre Du Pont
- 17 May 2025 17:18:39
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RD CONGO :: 17 mai 1997 – 17 mai 2025: 28e anniversaire de la chute du Maréchal Mobutu:le crépuscule du Léopard. :: CONGO DEMOCRATIC
Le samedi 17 mai 1997, marque l'effondrement définitif du régime du Maréchal Mobutu Sese Seko, après 32 années de règne absolu sur le Zaïre, aujourd’hui République Démocratique du Congo.
Cela fait déjà 28 ans, et pourtant, les souvenirs de cet événement historique demeurent vivaces dans les mémoires congolaises comme africaines.
La veille, le vendredi 16 mai, un climat inhabituellement chaud enveloppait la ville de Gbadolite, fief natal du Maréchal. Mobutu, visiblement affaibli, y était rentré discrètement quelques jours plus tôt après un séjour médical en Europe, partagé entre la Suisse, où il se soignait, et sa luxueuse résidence de Roquebrune-Cap-Martin, dans le sud-est de la France.
Ce même jour, dans l’après-midi, un curieux message intercepté par les services d’écoute de l’ambassade des États-Unis à Kinshasa attira l’attention. Une opératrice de téléphonie de la capitale posait une question anodine mais codée :
"Est-ce que Papa Roméo, Sierra, India, Echo, Nestor, Tango est arrivé là-bas à Gbado-Lite ?"
Les analystes américains décodèrent rapidement l’acronyme "RSIENT" comme une dissimulation du nom de Mobutu lui-même. Il avait en effet quitté Kinshasa vers 10h45 à bord d’un Boeing 727 immatriculé 9Q-RDZ, en compagnie d’une suite rapprochée et de membres de sa famille. La tour de contrôle n’annonça qu’un "décollage confidentiel", sans mentionner le passager principal ni la destination exacte.
Sur le tarmac, les honneurs militaires furent rendus une dernière fois par une section de la Division Spéciale Présidentielle (DSP), l’équivalent du BIR du Cameroun, stationnée à Gbadolite. Aucun protocole officiel d’accueil n’avait été prévu.
Des témoins racontent une scène poignante juste avant l’embarquement. Le général Donatien Mahélé, récemment nommé chef d’état-major des FAZ (Forces armées zaïroises), assista en silence au départ du président.
Maman Bobi Ladawa, la première dame, déjà sur la passerelle de l’avion, se retourna vers lui et lui lança, avec une douleur mêlée de reproche : "C’est comme ça que tu remercies Papa, pour tout ce qu’il a fait pour toi, Dona ?"
C’était un moment révélateur du soupçon de trahison qui planait autour de Mahélé, considéré comme trop conciliant envers les rebelles de Laurent-Désiré Kabila, qui marchaient sur Kinshasa. Le général sera d’ailleurs assassiné le lendemain matin, le 17 mai, quelques heures avant la prise de la capitale par l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo).
L’errance d’un chef déchu.
Mobutu n’allait pas rester longtemps à Gbadolite. Poursuivi par l’avancée irrésistible des troupes rebelles, il quitta précipitamment la ville le 18 mai à bord d'un avion Antonov 124 100, de fortune transportant des armes destinés à Jonas savimbi, intercepté et réquisitionné de force . Assis dans sa mercedes 600 qu'il tenait à tout prix à embarquer , Il s’envola d’abord vers Lomé, au Togo, où il fut reçu en hôte par le président Gnassingbé Eyadéma. La veille de sa fuite , il avait envoyé l'avion présidentiel à Brazzaville aux fins d'aller chercher son fils Kongolo alias Saddam Hussein , mais une fois sur place le pilote refusa d'obtempérer et se mit aussitôt à la disposition des nouvelles autorités du pays . Le dictateur togolais , vieil ami et compagnon de réseaux françafricains, offrit un répit diplomatique au Maréchal affaibli.
Mais le repos togolais fut de courte durée. Mobutu Sese Seko finit par se réfugier à Rabat, au Maroc, où il vécut en exil dans une villa prêtée par le roi Hassan II.
La fin d’un règne et d’une époque.
Le 7 septembre 1997, moins de quatre mois après sa fuite, Mobutu Sese Seko meurt d’un cancer de la prostate, à l’âge de 66 ans, dans un hôpital militaire de Rabat. Il sera enterré dans la plus stricte intimité dans le quartier chrétien de la capitale marocaine, sans les funérailles nationales qu’il aurait jadis imaginées.
Le 17 mai 1997 reste gravé comme le symbole de la chute d’un des derniers monarques africains postcoloniaux. Mobutu, à la fois figure de grandeur et d’excès, incarne l’ambiguïté d’un pouvoir personnifié, mêlé d’opulence, de brutalité, de charisme et de naufrage.
Vingt-huit ans plus tard, les questions sur son héritage, les promesses brisées de la révolution de Kabila, et les difficultés persistantes de la RDC, maintiennent ce chapitre de l’histoire africaine dans une actualité brûlante.
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