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© Mutations : Georges Parfait Owoundi
- 28 Mar 2017 10:52:36
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CAMEROUN :: Affaire Ibrahim Moussa : Le jeune homme a été amputé à l’Hôpital central de Yaoundé :: CAMEROON
Après les évènements du 05 au 07 mars à Ombessa, des langues commencent à se délier.
Couché sur son lit d’hospitalisation à l’Hôpital central de Yaoundé, Ibrahim Moussa semble perdu dans ses pensées. « Il n’a plus dit un mot depuis environ trois semaines, où nous sommes allés le voir à Ombessa », explique un membre de l’équipe qui lui a porté secours dans cet arrondissement du département Mbam et Kim, dans la région du Centre. Il vient de subir une opération qui lui a définitivement débarrassé de ces morceaux d’ossements qui ont fait le tour des réseaux sociaux et qui ont ému tout un pays.
Sa main gauche a elle aussi subi un coup de scalpel. Au finish, Ibrahim Moussa se retrouve avec un seul membre : son bras gauche, encore en usage sur les quatre membres dont il jouissait de l’usage en cette journée du 05 février, où tout a commencé dans cette bourgade d’Ombessa.
Ibrahim Moussa est âgé de 17 ans et 8 mois. Il quitte le village Biakoua par Mbangassina, où il vit avec son frère aîné et travaille dans les plantations, pour se rendre au Nord, via Ombessa. Il se retrouve dans la petite ville, « apparemment affamé », selon les dire d’un riverain rencontré par des enquêteurs indépendants. C’est à ce moment qu’il s’approche du véhicule de Me Fotazong, garé à proximité et tente de s’approprier un paquet de cigarette qui s’y trouvait. L’alarme qui se déclenche alerte le propriétaire qui crie « au voleur ».
Et c’est dès cet instant que les malheurs du jeune homme vont se déclencher. La main courante du poste de police faisant foi, on peut y lire que le nommé Ibrahim Moussa y est arrivé en bon état de santé. Sous le contrôle de l’inspecteur de police de premier grade Joseph Désiré Sack (alias Sakis). L’état de délabrement de la cellule du poste de police d’Ombessa amène cependant les policiers à menotter le prévenu sur les barreaux de la cellule, et en sus, on lui noue les chevilles avec des cordes en caoutchouc.
La même main courante signale en son numéro 168, à 13h34 minutes, « la relaxe du nommé Ibrahim sur désistement volontaire et instruction du commissaire pour état précaire de santé ». On va d’ailleurs scier les menottes pour laisser partir Ibrahim, Sakis ayant perdu la clé des menottes. Cependant, aucune disposition n’est prise pour le conduire dans un centre de santé. Les infirmiers qui le reçoivent le 08 février à l’hôpital d’Ombessa parlent de « pieds enflés ».
Sans soins et livré à lui-même, le jeune homme voit ses membres se désagréger, jusqu’à ce que le Cameroun le découvre à travers les réseaux sociaux. Les soupçons de torture qui pèsent sur la police et sur les éléments en faction peinent à trouver un démenti vérifiable. En outre, le chef de poste de police d’Ombessa, l’officier Joël Cyrille Bikouo Ndzié, affirme avoir signalé la mauvaise conduite de son élément, le nommé Sack, à qui on a fait un retrait d’arme.
Le sous-préfet d’Ombessa, quant à lui, affirme que le jeune homme a été appréhendé en bonne santé, libéré dans les mêmes conditions, et que les informations en sa possession font état de ce que l’intéressé aurait commis un autre forfait qui a conduit la population à lui régler son compte. Cependant, on constate audelà de la torture supposée, une négligence des services de santé et la non assistance à une personne en détresse, fût-elle en situation de flagrant délit.
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