Filière AVICOLE : Comment les fonctionnaires véreux s’engraissent sur le dos de l’Etat
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Profitant des crises et les perturbations qui secouent le monde avicole, des fonctionnaires de police, gendarmerie, routiers, les agents vétérinaires et les contrôleurs du Minepia, exercent une concurrence frauduleuse contre la fortune publique, par la multiplication des péages officieux populairement connus sous l’appellation de « pose » ; où, ils prélèvent systématiquement et à leur avantage, un impôt paupérisateur, qui s’évanouit au contact de leurs poches. Les révélations de l’enquête menée par l’association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic) dégagent à ce sujet, des faramineuses sommes d’argent, qui constituent autant des pertes sèches, au niveau des trésoreries publiques. Le péril a atteint la cote d’alerte maximum.  

Le désarroi des acteurs de la filière

Bataille acharnée contre les importations des découpes de poulets congelés(en souvenir, les conséquences néfastes sur la santé des populations, l’économie nationale et sur la production) ; bien que cette activité d’importation soit interdite depuis mars 2006 ; lutte contre la très controversée grippe aviaire… les difficultés et les obstacles qui entravent le plein épanouissement et la création des richesses dans le monde avicole, s’amoncellent à un rythme effarant ; malgré l’engagement, la témérité et le courage de l’association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic) qui en a fait son cheval de bataille. Pour en rajouter aux malheurs des opérateurs qui exercent dans cette activité, il s’observe, une multitude de tracasseries et le développement des poches de corruption, dans le transport des produits avicoles, vers les zones de commerce.

Ce  qui ne va pas sans des conséquences inévitables : la paupérisation des masses ; mais davantage, l’appauvrissement progressif et continu des opérateurs de la filière avec au rang des corolaires, la surenchère, l’inflation et le coût élevé des produits sur les marchés de la consommation. Pour mieux cerner les « tuyaux » de la spoliation des opérateurs de la filière, à l’effet d’identifier les poches et les contours de la gangrène, usant de la méthode d’immersion dans les circuits de transport entre les grandes métropoles camerounaises que sont : Yaoundé-Douala-Bafoussam, l’association citoyenne de défense des intérêts collectifs (Acdic), a mené une enquête.

A première vue, la filière est infectée, gangrenée par une nouvelle race de fonctionnaires véreux ; de véritables  sangsues et qui, au final, sont les  seuls à tirer des bénéfices et avantages d’une activité dans laquelle, leur investissement est inexistant, L’idée d’une enquête tire sa source, sur le coup trop élevé des produits avicoles, la pénibilité des opérateurs à se relever de la crise très controversée de la « grippe aviaire » dont les conséquences ont été aussi néfastes que le passage d’une tempête ou d’un ouragan camer.be ; mais également en prospective de l’imminence des fêtes de fin d’année, qui arrivent à grands pas et qui pourraient voir grimper à une vitesse exponentielle, les prix des produits avicoles, à cause de la surcharge des coûts de transport et ce qu’elle provoque comme répercussions dans le panier de la ménagère. Les surcoûts sont exorbitants dans le transport des produits avicoles.

« Cette autre action citoyenne  que nous engageons, doit permettre de changer la situation, par le biais d’un plaidoyer et d’un lobbying dans le cadre d’une campagne qui concoure à faire respecter la législation sur les réseaux routiers » avoue un des responsables de l’Acdic.

La « Pose » de la route, comme « arme » du crime

Le transport des produits avicoles vers les trois villes phares de ce qu’il convient d’appeler le « triangle de la mort », Yaoundé-Douala-Bafoussam, est un parcours de combattant. L’enquête de l’Acdic, explique au détail, l’affairisme des contrôleurs, les tarifications illégales, mais considérées comme légitimes. « Ils sont en situation de détresse, pris entre le marteau de la grippe aviaire et le chantage des interdictions. Quand on vend les œufs frais, on ne provoque pas la bagarre. Le refus d’obtempérer, peut faire germer d’autres tracasseries, dont le corolaire est la perte de temps et les probables dommages sur les produits avicoles » explique un des membres l’équipe des enquêteurs.

Outre les péages officiels et réglementaires, on assiste à une germination des péages officieux autrement appelés « Poses ». Les fonctionnaires de la police, la gendarmerie, les routiers-, les vétérinaires/agents du Minepia, tous ceux qui sont à des postes de contrôles qui naissent comme des champignons, dictent leur loi. Le stratagème est bien huilé, avec une mercuriale corruptive qui engendre des tarifs appliqués, selon que c’est une cargaison poulets/œufs, sans certificat sanitaire, ou avec la kyrielle des documents. Les faramineuses sommes d’argent varient entre 100.000fcfa, 60.000fcfa et 50.000fcfa.

« Le transporteur, en plus de s’astreindre au payement du péage habituel qui s’élève à 500fcfa, doit payer la « pose » ; la barre étant fixée au minimum à 2000fcfa par poste de contrôle » soutient-on. Le comble c’est que l’argent recouvré dans les différents postes de rackets, recensés sur le triangle routier Douala-Yaounde-Bafoussam, s’il dévoile l’ampleur du marchandage, dégage aussi les pertes et la masse d’argent qui échappent à la fortune publique, mais échoue entre les mains des individus qui s’engraissent dans une activité illicite et des forfaitures impunies. Illustrations : sur la route Douala Yaoundé mardi 08 novembre à 1h du matin, Six postes de contrôle sont dénombrés : avant la Dibamba ; dix km après la Dibamba ; à la sortie d’Edéa ; à Sombo ; à Boumnyebel ; puis à l’entrée de Yaoundé.

Dans le  même registre de la multitude des « poses » de la route, on en dénombre une bonne fourchette, entre Bafoussam et Yaoundé: les routiers au lieu-dit « Ino » à la sortie de Bafoussam ; les routiers de Bandjoun ; le service de douane à la sortie Bangangté-Tonga ; les postes de péage officieux de Makenéné ; Nyokon ; les routiers Bafia,  Ombessa ; la Police Nkometou ; les routiers postés à l’entrée de Yaoundé. Autre cliché, l’axe Bangangté- Douala : l’enquête révèle, un grand nombre de contrôleurs : à Bangangté, Melong ; les routiers de Nkongsamba à Barré ; les routiers de Nkongsamba à Njombé ; les contrôleurs de Souza ; Douala-Bekoko, Douala 4 étages.  

400.000 emplois menacés

Telle une espèce d’enclave du vice, le « partenariat » involontaire entre les producteurs des produits avicoles, les transporteurs et leurs bourreaux que sont ceux qui prélèvent la « pose » de la route, se décline sous la forme d’un cercle vicieux. « Les vrais bénéficiaires des retombées générées par les produits avicoles, sont les fonctionnaires véreux postés à différents niveaux de contrôle. Chaque fois que les pouvoirs publics prennent une mesure, les spécialistes de la corruption qui sont sur les routes, développent une activité qui peut faire office de chantage et capable de générer des privilèges et des avantages indus » affirme un des membres de l’enquête de l’Acdic.

Au sujet des fameux montants, il ressort une tarification hors du commun : les routiers de Nkongsamba : 2000fcfa; la Police de Nkongsamba ; 500fcfa ; les routiers de Njombé : 2000 FCFA, le poste de contrôle mixte de Mbanga : 2000 FCFA ; les routiers à Mbanga 2000 FCFA ; les routiers à Souza 2000 FCFA ; le poste vétérinaire Mi de Bikoko : 1000 FCFA ; les routiers au péage de Bekoko ; 2000 FCFA ; le poste de Contrôle vétérinaire au carrefour « Mutzig »-Douala 2500 FCFA ; les routiers au lieu-dit « 4 étage » à Bonaberi : 2000 FCFA.

Les  mêmes résultats de l’enquête de l’Acdic, affiche une concurrence frauduleuse à d’autres endroits. Alors que les péages officiels sont au taux fixe de 2000fcfa (500 FCFA/péage) à Balessing, Santchou camer.be, Manjo, Mbanga, les péages officieux autrement appelés « Poses » prélevés par les fonctionnaires de police, de gendarmerie, les routiers, les vétérinaires/agents du Minepia sont évalués à 24000 FCFA. Englués dans la corruption et l’affairisme, les fonctionnaires, chargés de contrôler la qualité des produits, s’abandonnent dans une activité illicite, fermant les yeux sur les répercussions et les conséquences néfastes tant au niveau de la consommation que dans les économies des consommateurs qui, en dernière analyse, sont les plus grandes victimes.

A  lire les statistiques disponibles, on y perçoit le risque de destruction totale de la filière avicole nationale, une menace sur 400.000 emplois directs et indirects ; ce à quoi, il faut ajouter de probables mouvements d’humeur et la grognent qui risque d’allumer les braises de la contestation. Le caractère abusif et arbitraire de certains contrôles routiers effectués par les forces de maintien de l’ordre sur les cargaisons des produits avicoles, aidés en cela par des fonctionnaires du Minepia, eux-mêmes, peu soucieux des conséquences néfastes sur le consommateur ; ni du respect de la législation et de la réglementation est impitoyable.

« L’enquête que nous avons menée, permet de tirer la sonnette d’alarme, d’attirer l’attention des pouvoirs publics. Il est démontré comment, les parties prenantes s’organisent pour échapper aux mesures restrictives prises sur le plan réglementaire et légal dans la filière avicole, ceci dans un contexte de grippe aviaire » conclut un membre de l’Acdic.

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