Un homme se pend à son domicile
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Quelques heures avant, il a éventré son épouse qui a survécu à ses blessures.

La localité de Pitoa se remet peu à peu du drame qu’elle a vécu le 20 mai 2016. Alors que la nation tout entière célébrait la fête nationale de l’Unité, le nommé Sadou Bolé, d’origine Guiziga dans le Mayo-Kani, région de l’Extrême-Nord, lui, va choisir ce jour pour commettre un forfait. En début de matinée, ce boucher installé à Pitoa au lieudit Carrefour Mobil, administre une bastonnade mémorable à son épouse.

Grièvement blessée, celle-ci est conduite à l’hôpital de district de la ville par ses frères venus maîtriser son époux. Rendu à l’hôpital de Pitoa quelques instants plus tard pour voir son épouse, Sadou Bolé est interpellé par les infirmières. «Vous bastonnez votre épouse aussi gravement pour venir ensuite dépenser à l’hôpital ?», s’insurge une infirmière. Réponse de Sadou Bolé : «Finissez de soigner, je vais encore la bastonner et je viendrais la soigner. Ce n’est pas votre problème, je vais même la tuer…».

Après des soins appropriés, la femme battue quitte, sous l’encadrement de ses frères, l’hôpital pour le domicile. Coup de théâtre dans l’après-midi du même jour. Sadou Bolé se rend au domicile familial de son épouse et réussit à la convier à partager une bière à «8ème Dimension», snack bar très populaire au carrefour mobil de Pitoa. Ici, entre deux bières avalées à grande volupté, Sadou Bolé dit tout son amour à sa dulcinée. Caresses, câlins, bisous, tout y passe, d’après les témoins oculaires de la scène.

PENDAISON

Aux environs de 21 h, alors que tout le monde croit la paix définitivement revenue dans le couple, Sadou Bolé décide de se rendre à nouveau au domicile des parents de son épouse. Cette fois, utilisant l’effet de surprise, il éventre son épouse et lui coupe une veine à la gorge. Convaincu de l’avoir assassinée, il court à son domicile et oblige ses enfants à aller se réfugier auprès d’un de ses frères.

«Ils nous a demandés de fuir pour aller chez notre oncle. Il a dit qu’il avait commis un crime et que les gens allait venir le retrouver», confesse l’une de ses filles. Ces derniers se rendent au lieudit Wouro Boki et le laissent seul à son domicile. D’après les témoins, ils n’ont cependant signalé à personne ce que venait de leur confier leur père.

«Ils sont sortis comme s’ils allaient rendre visite à des parents. Ils n’ont rien dit à personne et personne ne se doutait de rien jusqu’à cet instant», indique un voisin de Sadou Bolé. Aux environs de 2 h du matin, le boucher est retrouvé par ses voisins pendu devant sa cour. Le lawan de son quartier, immédiatement alerté, saisit la brigade de gendarmerie de Pitoa.

Le sous-préfet de Pitoa et son état-major, informés, descendent sur les lieux pour s’enquérir de la situation pour le moins curieuse. Car Sadou Bolé a été retrouvé pendu avec des vêtements propres. «Une fois le corps descendu de la corde, les gendarmes ont observé 6 gros trous sur son ventre. Des trous visiblement perpétrés par des lances qu’utilisent les vigiles dans le cadre de leur travail. Il y avait des traces visibles de sang nettoyées sur son corps, mais curieusement, sur le lieu de sa pendaison, il n’y en avait aucune.

Le site a même été nettoyé afin que même les traces de pas ne soient pas visibles», confie un témoin de la scène. En tout cas, aux premières heures de la journée du 21 mai, son épouse, dans un état critique, sera évacuée à l’hôpital de Garoua. Jusqu’au moment où nous allions sous presse, ses jours n’étaient pas en danger. Elle est sous soins intensifs au sein de l’institution hospitalière. Les voisins décrivent le couple comme une union que beaucoup admiraient.

«Il était toujours aux côtés de son épouse. On a même été surpris de le voir s’empiffrer de bière le 20 mai. La nuit à peine tombée, il regagnait immédiatement son domicile pour être à côté de son épouse. On ne sait pas ce qui a pu se produire entre les deux. Mais comme son épouse a survécu, on espère un jour comprendre ce qui s’est passé», conclut un gendarme de la brigade de Pitoa.

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