20 MAI 2016 : Les délégués régionaux du Nord sommés de cotiser 50 000 Fcfa
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Deux notes signées du préfet de la Bénoué et du gouverneur suscitent le courroux de ces derniers.

En prélude à la célébration de la 44e édition de la fête nationale de l’unité dans la région du Nord, un salon des administrations a eu lieu le 12 mai à l’école publique de Roumdé-Adjia. Jean Edi’i Abate, gouverneur de la région du Nord et son état-major, sont venus redécouvrir le travail et les innovations des administrations qui opèrent dans la région du Nord.

L’opportunité a également permis aux délégués régionaux et départementaux des administrations publiques de la région de se retrouver, le temps d’un salon. Entre deux mots que ces derniers ont échangés ce jour, les chefs des administrations publiques se sont longuement attardés sur «les demandes d’aide» à eux adressées par le gouverneur du Nord et le préfet de la Bénoué.

Quelques-uns des délégués régionaux présents au salon des administrations n’ont pas caché leur colère. Colère née d’une note du gouverneur Jean Edi’i Abate, signée le 3 mai 2016. Note dans laquelle, il leur exige une contribution de 50 000 Fcfa pour l’organisation des festivités de la 44e fête nationale de l’unité. A première vue, la note du gouverneur ne contient aucun caractère contraignant.

«A cette occasion, (célébration fête nationale, Ndlr), je vous saurais gré de toutes les mesures qu’il vous plaira de diligenter, afin de nous apporter votre concours pour le déroulement harmonieux des cérémonies marquant cette 44ème édition de ladite fête dans notre région. Sachant compter sur votre collaboration habituelle, je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, mes salutations distinguées », peut-on lire dans la Note.

Toutefois, elle contient une page annexe confectionnée par la commission des finances de l’organisation de cette fête dans le Nord. La page en question est un «reçu de contribution» sur lequel les destinataires du courrier doivent indiquer le montant de leur contribution ou alors la qualité des dons en nature, si c’est le cas. Et d’après nos sources, la même note a été adressée aux délégués départementaux et ceux-ci doivent contribuer pour un minimum de 25 000 Fcfa.

«Nous ne sommes pas des régionaux ; je ne comprends pas ce que je fais avec ce courrier. Je ne gère pas de budget. Ils ont leurs gens à qui ils donnent les budgets. Ils n’ont qu’à les contacter. Je ne peux pas mettre mon salaire dans cette affaire. En plus, il y a le préfet qui sollicite également notre contribution. Quand le gouverneur nous demande de cotiser au minimum 25 000 Fcfa, le préfet, lui, veut 20 000 Fcfa ; soit 45 000 Fcfa.

À cette allure, c’est l’asphyxie, puisque c’est à toutes les occasions que nous sommes sollicités. Le problème est que c’est presque obligatoire. Ce n’est pas dit comme ça, mais c’est le cas. Quand vous ne cotisez pas, vous êtes dans le viseur de vos patrons. Donc, c’est tout comme une obligation pour nous de cotiser», confie un délégué départemental.

HÔTES DE MARQUE

En effet, la seconde lettre qui suscite également des commentaires dans les chaumières à Garoua, est celle du préfet, Mamoudou Haman. Le 11 mai 2016, il a adressé aux délégués départementaux de la Bénoué un courrier. Il sollicite effectivement 20 000 Fcfa aux délégués départementaux pour l’organisation de cette fête. Mais la sollicitation du préfet est précédée par un exposé des motifs qui tendent à vouloir justifier son acte. Il y est notamment indiqué que la ville de Garoua va recevoir «des hôtes de marque et de qualité, en provenance de la République fédérale du Nigeria, à l’instar du Gouverneur de l’Adamawa State, du lamido de Yola et de l’Emir de Mubi.

Ainsi, l’organisation de cet événement au niveau de la cité capitale régionale du Nord devra nécessiter, pour toute sa réussite, la mobilisation et la mutualisation des énergies de toutes les élites, forces vives, responsables des administrations publiques et parapubliques et les collectivités territoriales décentralisées du département de la Bénoué». «Je ne vois pas où est le problème.

C’est une pratique vielle comme Mathusalem. Personnellement, nous avons été conviés aux séances préparatoires de cette fête dans le cadre des commissions. Ce sont généralement les propositions d’activités supplémentaires des commissions qui imposent les cotisations pour pouvoir subvenir aux financements des activités annexes que les commissionnaires proposent. De plus, il a été officiellement dit que nous recevons des invités de marques. Et puis, personne ne les a obligés à contribuer… », nuance un interlocuteur.

Dans les services du gouverneur, la question ne semble émouvoir personne. «Vous avez l’art de tout dramatiser. Chaque année, le gouverneur met sur pied des commissions de travail. Il y a une commission des finances qui, généralement, est présidée par le TPG (Trésorier payeur général, Ndlr). Toutes les contributions pour l’organisation des événements sont perçues à ce niveau et font l’objet d’une gestion suivant les règles de l’art. C’est cette commission qui dresse son bilan, une fois les festivités terminées.

Ces délégués qui se plaignent sont tout simplement de mauvaise foi. D’abord, personne ne les oblige à contribuer et ensuite, je ne comprends pas cette volonté de vouloir absolument jeter du discrédit sur le déroulement de la fête», conclut un cadre des services du gouverneur. Il reste tout de même que la propension des chefs de terre à recourir aux fonds privés pour financer des activités publiques, connue longtemps à l’avance, pose problème. Quelle que soit la bonne foi de ses initiateurs.

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