Marafa va-t-il créer son parti ?
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Le débat fait rage dans la classe politique du Grand-Nord.

«Le ministre chargé de Mission à la Présidence de la République, Hamadou Moustapha, m’a fait part de ce que l’ex ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya mettait la dernière main à la création de son parti. Il m’a dit que j’en étais un pilier. J’ai été vraiment étonné, surpris. Je n’ai pas entendu parler de ce projet et, je dois le dire, je suis bien dans ma formation politique, l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp)», explique un élu de la Nation.

C’est que, à la présidence de la République, des sources concordantes indiquent que le ministre chargé de Mission aurait déjà fait parvenir une note à ce sujet au  chef de l’Etat. Mieux, qu’il aurait pris son bâton de pèlerin pour décourager d’éventuelles personnalités à rejoindre l’écurie de son ancien proche collaborateur, au cas où.

Reste qu’au-delà de l’entreprise solitaire ou téléguidée de Hamadou Moustapha, l’ex ministre d’Etat Marafa Hamidou Yaya, dont les ambitions présidentielles sont affichées, a-t-il oui ou non décidé de faire un pas dans le marathon qui doit le mener au palais d’Etoudi en fondant un parti ? Si ses amis reconnaissent qu’il est en rupture de ban avec le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) dont il quittera certainement le bureau politique lors du prochain congrès, ils rassurent que sa décision de créer un parti politique n’est pas encore arrêtée. «Il entretient déjà un courant politique dans l’opinion. Son programme politique est articulé autour de la Société de confiance, ce pacte qu’il propose aux Camerounais dans chacune de ses sorties médiatiques.

En restant au Rdpc à qui il abandonne la charge de son exclusion, il embarrasse ses adversaires. Je pense que cette posture est plus avantageuse que s’il devait animer, du fond de sa cellule, et par personne interposée, un parti politique», concède un proche de l’ancien secretaire général de la présidence de la République. Toutefois, les fidèles politiques de l’ex ministre d’Etat - à ne pas confondre avec ses fidèles amis qui ne partagent pas toujours ses idées politiques - ne tiennent pas tous cette ligne, somme toute prudente. Certains poussent pour que leur champion prenne ses responsabilités et fixe rapidement le cap, au risque, affirment-ils, de voir rétrécir sa base militante. «Il doit démissionner du Rdpc avant le prochain congrès de septembre, pour marquer une nette rupture et en tirer tout le bénéfice politique.

S’il quitte le navire seulement après être sorti du bureau politique du Rdpc, il restera toujours dans l’opinion le genre de doute qui plombe à jamais le décollage d’une nouvelle formation politique », souligne un homme d’affaires autrefois proche de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp) de Hamadou Moustapha. «Marafa ne peut exister politiquement s’il ne dispose d’une base solide dans les régions septentrionales du pays. Elles sont, pour lui, sa rampe de lancement.

Là, en ce moment, il existe un espace politique intéressant sur lequel surfer d’autant plus qu’il est imperméable à d’autres leaders de l’opposition qui n’en sont pas originaires et que ceux qui dansent aujourd’hui la salsa avec le Président sont plus ou moins disqualifiés. S’il fait preuve de courage maintenant, il peut en récolter les dividendes. S’il continue de tergiverser, s’il n’y va pas, peut-être sera t-il trop tard quand il voudra se lancer», explique pour sa part Abdourahman, un de ses soutiens à Garoua.

URGENCE

En tout cas, quelles que puissent être les intentions de l’ex ministre d’Etat, ses soutiens attendent qu’il s’exprime clairement sur son choix. La montre tourne en effet. Pis, l’effet de surprise est passé dans la classe politique. Les partis traditionnels du Grand- Nord, qui craignaient que sa popularité ne rogne leurs rangs, savent déjà que le mauvais vent est passé. «Oui, nous avons eu peur. Où vouliez-vous qu’il puise ses militants si ce n’est chez nous ?

Aujourd’hui, il demeure certes un acteur politique important, mais je dois avouer qu’il ne nous donne plus des insomnies», concède Mohaman, un responsable du parti de Bello Bouba Maïgari dans l’Adamaoua.

Du coup, des formations politiques, à l’instar de l’Alliance nationale pour la démocratie et le progrès (Andp) de Hamadou Moustapha, le Mouvement démocratique pour la défense de la République (MDR) de Dakolé Daïssala, l’Alliance pour la Démocratie et le Développement (ADD) de Garga Haman Adji ou du Front pour le Salut national du Cameroun (Fsnc) de Issa Tchiroma, ont retrouvé le sommeil.

MENACE

La plus grande menace, qui pèse sur l’avenir politique de Marafa Hamidou Yaya, reste cependant cette idée animée par des élus de différents bords politiques et qui aboutira à terme à la création d’une grande formation politique du Grand-Nord, afin de peser, comme au Nigeria, sur la marche du Cameroun.

«C’est le seul moyen pour les régions septentrionales d’exister, c’est l’assurance que nous pourrons imposer par les urnes une rotation du pouvoir. Notre situation économique impose qu’un des fils de cette partie du pays revienne démocratiquement au pouvoir, très rapidement », signale un élu du Rdpc.

En attendant, les proches du ministre Hamadou Moustapha, l’homme à l’origine du débat autour de la création du parti de Marafa Hamidou Yaya, rejettent toute implication de leur mentor dans ce débat. Sans toutefois convaincre personne.

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