Élections - Congo : l'opposition joue son va-tout
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Élections - Congo : l'opposition joue son va-tout

C'est un appel à l'insurrection civile que lancent certains des opposants du président Denis Sassou-Nguesso au lendemain de l'annonce officielle de sa victoire dés le premier tour de la présidentielle.

Désobéissance civile violente ou contestation pacifique ? Dans tous les cas, les mots d'ordre sont donnés par les principaux opposants au président Denis Sassou-Nguesso, ce jeudi, faisant monter la tension d'un cran dans plusieurs villes du Congo. Guy Brice Parfait Kolelas (15,05 % ) et Jean-Marie Michel Mokoko (14 %) sont respectivement deuxième et troisième, à l'issue du scrutin de dimanche, selon la Commission nationale électorale indépendante (CNEI), derrière le président Sassou. Des résultats qu'ils contestent chacun à sa manière, mais au final, ils accusent le camp Sassou de « hold-up » électoral. Loin de calmer les esprits, ces résultats annoncés dans des conditions plus que troublantes à 0 h 59 dans la nuit de mercredi à jeudi ont créé un contexte de tension sans précédent dans le pays. Que compte faire l'opposition ? Jusqu'où est-elle prête à aller ? Son appel à l'insurrection sera-t-il suivi ? Peut-on envisager un recomptage des voix ?

Le général Mokoko lance son appel du « 24 mars »

Le message du général Jean-Marie Michel Mokoko est sans équivoque ce jeudi matin après l'annonce très tôt ce matin des résultats officiels par le ministre de l'Intérieur, Raymond Zéphyrin Mboulou : « Je vous demande de vous lever pour barrer la route à l'arbitraire ! Je vous demande de réclamer votre vote confisqué et volé. Cette victoire est la vôtre ! » lance le candidat indépendant arrivé en troisième position selon les résultats proclamés dans la nuit.

Cet ancien chef d'état-major du président Sassou s'est opposé au projet de modification de la Constitution avant de basculer définitivement dans l'opposition en février 2016. Ce natif du nord du pays comme Sassou a mobilisé de nombreuses foules durant la campagne. Aujourd'hui, il affirme : « Les procès-verbaux en notre possession, collectés dans les bureaux de vote à travers l'ensemble du territoire national, ne permettent pas au candidat Denis Sassou-Nguesso d'espérer gagner cette élection » dans une déclaration enregistrée de date inconnue et qui circule sur les réseaux sociaux. Le but ? Mobiliser les Congolais qui se sentent spoliés par la nouvelle victoire du président sortant après 32 ans de pouvoir. Sa référence ? La Conférence nationale souveraine de 1991, qui avait contraint Sassou de quitter le pouvoir et ouvert la voie au multipartisme. S'en est ensuivie une guerre civile en 1997 avec le retour par les armes de Denis Sassous-Nguesso. Au général Mokoko d'inviter l'armée à avoir une attitude républicaine. « À mes frères d'armes de la force publique, souvenez-vous de nos engagements de la Conférence nationale souveraine. Nous sommes une force publique et républicaine au service du peuple, envers lequel nous avons des devoirs et des obligations », conclut Jean-Marie Michel Moukoko. Derrière lui, toute une frange de l'opposition congolaise, qui depuis des mois alerte sur les tentatives de fraudes du pouvoir en place, c'est le cas de Charles Zacharie Bowao et de la plateforme du Frocad-IDC.

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Contestation tous azimuts

La contestation se fera donc dans la rue, et les appels à occuper les lieux publics et les rues sont abondamment relayés sur les réseaux sociax, même si les télécommunications coupées depuis la veille de l'élection ne sont toujours pas rétablies. Le candidat arrivé officiellement en seconde position Guy Parfait Brice Kolélas va aussi porter la contestation devant la Cour constitutionnelle du pays, a-t-il averti devant la presse. Son parti pris est clairement la contestation pacifique, alors que la veille, il proclamait sa victoire. Certains s'interrogent sur cette attitude et son appel au calme. S'agit-il d'une stratégie du clan Sassou d'avoir placé Kolélas devant Mokoko dans le but de diviser l'opposition et donc d'éteindre le possible mouvement de contestation dans les rues ? En effet, la nouvelle Constitution congolaise offre un statut particulier au candidat arrivé second de l'élection qui le place de facto comme chef de l'opposition.

Des journalistes agressés

C'est dans ce contexte de tension globalisé, que des journalistes de l'AFP et du quotidien français Le Monde couvrant l'élection présidentielle au Congo ont été agressés mercredi à Brazzaville, alors qu'ils venaient de recueillir les propos d'un candidat de l'opposition, par des hommes se présentant comme des policiers et qui les ont dépouillés de leur matériel professionnel et effets personnels, ont-ils indiqué. Les trois journalistes, accrédités pour couvrir le premier tour de l'élection présidentielle de dimanche, ont été agressés par quatre individus en civil descendus d'un véhicule 4x4 blanc qui les a coincés à un rond-point, à 500 mètres du domicile du général Jean-Marie Michel Mokoko, candidat d'opposition à la présidentielle. Ce dernier venait d'annoncer lors d'un point-presse contester les résultats préliminaires officiels du scrutin, donnant vainqueur à ce stade le président sortant Denis Sassou-NGuesso avec plus de 67 % des voix. Les hommes se sont présentés comme des policiers, mais ont refusé de montrer leurs cartes professionnelles, comme l'ont demandé les journalistes. Ils ont molesté ces derniers, frappant notamment au visage un journaliste de l'AFP, et ils les ont dépouillés de leur matériel professionnel – caméra notamment – et affaires personnelles – téléphones, papiers d'identité. Alertés par les appels au secours, des policiers en tenue d'un commissariat tout proche sont venus sur les lieux, mais sans intervenir pour empêcher l'agression ni le départ de ses auteurs. « L'AFP demande au gouvernement du Congo d'assurer en toutes circonstances la sécurité des journalistes couvrant ce scrutin », a déclaré la directrice de l'information de l'AFP, Michèle Léridon. La direction du Monde a également protesté à la suite de cette agression.

Que fait la communauté internationale ?

Le Quai d'Orsay a dénoncé mardi le « contexte préoccupant » dans lequel s'est déroulée la présidentielle Congolaise dimanche, rappelant l'attachement de la France « à la transparence et à l'équité du processus électoral ».

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