L'argent détourné par Abacha : sitôt rendu, sitôt envolé
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NIGÉRIA :: L'argent détourné par Abacha : sitôt rendu, sitôt envolé :: NIGERIA

C'est en 2014 que la principauté du Liechtenstein a décidé de rendre au Nigeria les 235 millions de dollars en cause. Mais à peine arrivé à Lagos, l'argent a disparu…

C'est une histoire de fou, mais il reste à savoir qui sont les fous. Prenant exemple sur la Suisse, le Liechtenstein, version alpine de Monaco, décide en 2014 de restituer au Nigeria l'argent que l'ancien dictateur, Sani Abacha, décédé en 1998, avait déposé dans les banques de la principauté. Le Liechtenstein et la Banque mondiale Hollande s'engagent à surveiller le retour des fonds. Les 235 millions de dollars ne doivent être utilisés que pour le développement du pays et l'amélioration de la qualité de vie des populations. Pas pour acquérir des armes. Seulement voilà, cette cagnotte, à peine arrivée à Abuja, a purement et simplement disparu, révèle le magazine suisse L'Hebdo, de Lausanne.

La Banque mondiale s'en lave les mains

Alors que cette restitution devait normalement être soumise à un « monitoring » de la Banque mondiale, celui-ci n'a pas eu lieu, car les discussions n'auraient pas abouti avec le gouvernement nigérian. « L'organisation met la faute sur la transition politique à Abuja provoquée par la victoire du nouveau président, Muhammadu Buhari, en mars 2015, contre Goodluck Jonathan », explique la publication suisse. Résultat, l'argent versé par Vaduz (la capitale du Liechtenstein) le 25 juin 2014 s'est à nouveau envolé… Cette révélation porte un coup terrible concernant la crédibilité de ces opérations de restitution. À quoi bon rendre les sommes détournées si celles-ci se volatilisent à nouveau ?

Restitution de façon transparente

En avril 2015, Le Point Afrique, à propos de la restitution de 380 millions de dollars par la Suisse au Nigeria, évoquait déjà les mises en garde de l'ONG suisse La Déclaration de Berne. Sous le titre : « Affaire Abacha : la Suisse restitue sans précaution », l'ONG soulignait que l'on rend au pays des sommes détournées, « sans que les mesures nécessaires n'aient été prises pour garantir l'utilisation de ces fonds au bénéfice de la population nigériane, toujours victime de la corruption ». La Déclaration de Berne demandait à ce que les restitutions se fassent de façon transparente, en impliquant « la société civile du pays d'origine » et en prévoyant « des garde-fous afin de garantir que les sommes soient utilisées au profit de la population spoliée.

Une procédure ouverte en 1999

Le magazine L'Hebdo rappelle que la Suisse doit encore rendre prochainement 321 millions de dollars au Nigeria. Va-t-elle prendre quelque précaution ? Ou se contentera-t-elle de virer cette somme sur le compte de la République du Nigeria auprès de la Banque des règlements internationaux ? Pour mémoire, l'affaire Abacha dure depuis… 1999. Cette année-là, Abuja adresse une commission rogatoire internationale à Berne afin de récupérer les 2,2 milliards de dollars détournés par Sani Abacha entre 1993 et 1998. L'argent a été planqué dans des coffres en Suisse, au Liechtenstein, mais aussi au Luxembourg, à Jersey, en France. Cet interminable feuilleton ne peut qu'inciter l'Égypte, la Libye ou la Tunisie à prendre leur mal en patience avant de pouvoir revoir la couleur des billets de banques dérobés par leurs anciens dirigeants…

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