En service au tribunal de grande instance de Yokadouma dans la région de l’est, ils purgent actuellement une peine d’emprisonnement de trois ans pour chacun.

Il s’agit précisément, des nommés  Placide Ekel et Rodrigue Metindi qui ont été arrêtés le 10 octobre 2014 avec deux pointes d’ivoire dans un véhicule en direction de Yaoundé.  En effet, c’est un nouveau pas que vient de franchir la lutte contre le braconnage dans cette partie du Cameroun. Les deux hommes qui ont été interceptés au cours d’un voyage par des gendarmes en service, n’ont pas eu la chance d’acheminer leurs marchandises. 

Et traduit à la cour d’appel de Bertoua, ils seront condamnés, en dépit de l’appel interjeté par ces derniers. Des faits qui viennent mettre à nu, les contours du trafic des pointes d’ivoires, pratique bien courue dans cette zone. Outre ce cas sus évoqué, le tribunal de grande instance de Yokadouma connaît en ce moment un important volume des cas de braconnage et de trafic d’ivoire qui sont enregistrés dans la région de l’Est Cameroun. La possession de cet objet par des greffiers s’explique.

D’après les informations recueillies, dans les cas de saisis de ces pointes d’ivoire, la loi exige que ces biens soient déposés comme pièces à conviction auprès des services des greffes des juridictions compétentes pour être produits comme preuve devant le juge au cours du procès. Ces produits en principe sont placés sous scellés jusqu'à ce qu’ils soient restitués au  ministère des Forêts et de la Faune dépositaire des intérêts de l’Etat en la matière. Le cas précis des deux greffiers démontre à suffisance l’ampleur de cette activité illégale.

«Ce cas illustre l'ampleur du commerce de l'ivoire et du braconnage des éléphants au stade précoce, il s’agit des réseaux criminels de plus en plus biens organisés impliquant non seulement les braconniers traditionnels, mais aussi ceux qui sont communément appelés braconniers à cols blancs comme c’est le cas de ces deux greffiers condamnés », indique Laurent Granier, Directeur de la Conservation du Fonds Mondial pour la Nature (Wwf) Cameroun. Plus loin, il maintient que, « Cette décision de justice historique démontre par ailleurs la détermination du pouvoir judiciaire au Cameroun à lutter contre le trafic d'ivoire et la corruption, et même dans les tribunaux ».

Pour mener à bien cette bataille, pour la protection de la faune et la nature, plusieurs moyens sont mis en place pour dissuader tous ces hors-la-loi.

Et compte tenu du profil des délinquants impliqués cette fois, le Wwf a appuyé le ministère de la forêt et de la faune, dans le suivi. De même, pour réduire les risques de vols et des disparitions étranges dans les services en charge des scellés, le Wwf et Traffic, organisation spécialisée dans la surveillance de la faune, ont soutenu le Minfof. 

Les efforts consentis dans cette démarche portent déjà leurs fruits, à savoir la  récupération de quelques  354 pointes entières et plus de 205 morceaux d'ivoire provenant des services en charge de l’application de la loi faunique de l'Est, du Sud,  et des régions du littoral et du Sud-Ouest en 2015. Des actions  qui rentrent en droite ligne dans la mise en œuvre du Plan Action National sur l'Ivoire (PANI), prescrit par la Convention sur le commerce international des espèces menacées d’extinction (CITES) en 2014.