Quand on aime, on ne compte pas, on n’a pas honte. Le RDPC, parti au pouvoir le pratique à merveille. Depuis plusieurs semaines maintenant, les motions de soutien et les appels à candidature inondent le locataire du palais d’Etoudi.

Les militants de son parti lui disent tout le bien qu’ils pensent de lui, de son action à la tête de l’Etat et le supplient de bien vouloir continuer. Des gens ont cru devoir moquer ce déferlement d’amour.

On aurait bien voulu entendre sur la question le porte-parole du Gouvernement, mais, apparemment, il a choisi pour l’instant le mutisme. Cela est bien dommage parce que M.Tchiroma est ingénieux et nous aurait trouvé des arguments inédits pour saluer –forcément–cette initiative des militants d’un parti pourtant concurrent du sien.

En attendant une éventuelle réaction du ministre de la Communication, on peut s’étonner de l’étonnement ou de la condamnation des non militants du RDPC. De quoi se mêlent-ils? Les motions de soutien comme les appels à candidature font partie de l’ADN du RDPC aujourd’hui comme hier avec l’UNC, l’ancêtre. C’est la marque de fabrique du parti au pouvoir, habitué à glorifier son chef. Comme le dit fort joliment le Ministre d’Etat Laurent Esso, au RDPC on a un seul chef.

C’est probablement aussi le signe de la vitalité d’un parti que d’aucuns trouvent pourtant amorphe. C’est la marque de la démocratie parce que les militants qui signent les motions de soutien et les appels à candidature n’ont pas le pistolet sur la tempe. Ils s’engagent librement.

Certains militants ne signent même pas, mais on ne les conduit pas pour autant à l’échafaud. On ne comprend pas ce déferlement de colère contre le RDPC. La démocratie donne quand même le droit aux militants de ce parti de s’exprimer, y compris pour demander qu’on anticipe l’élection présidentielle.

Comme demande un chanteur à la mode: «je porte mon pantalon et ça te serre?». Il est certain que des leaders des partis d’opposition aimeraient que leurs militants les couvrent de fleurs comme ceux du RDPC couvrent M. Paul Biya. Mais ces leaders n’osent pas le dire à haute voix, de peur d’être accusés de copier le RDPC.

Au lieu de préparer d’éventuelles élections, les opposants dépensent leur énergie à combattre ce qui se fait à l’intérieur du parti ennemi. Le RDPC lui s’occupe très peu des partis d’opposition. Il vient d’organiser le renouvellement des bureaux de ses organes de base. Cela a été un événement national. Même les opposants, parait-il, s’y sont invités.

On a beau dénoncer les fraudes, les trafics de toutes sortes, l’opération a été fortement courue. Il Y a des partis politiques qui auraient bien du mal à former une seule section du RDPC. Cela n’empêche pas les présidents autoproclamés souvent, de penser avoir un destin national.

Exactement comme ce footballeur qui ne peut pas marquer un but dans les compétitions inter quartiers mais qui croit pouvoir briller en coupe du monde. Certes il y a des miracles mais tout de même…