L’urgence d’une volonté politique pour l’autonomie nationale selon Emmanuel Mukam
CAMEROUN :: POINT DE VUE

CAMEROUN :: L’urgence d’une volonté politique pour l’autonomie nationale selon Emmanuel Mukam :: CAMEROON

Emmanuel Mukam, ingénieur civil camerounais de 72 ans, lance un cri d’alarme : « Les Camerounais peuvent bâtir eux-mêmes leur pays si la volonté politique les accompagne. »

Lors d’une visite du nouvel immeuble de l’Assemblée Nationale à Yaoundé, Mukam confie son amertume : « L’architecture est belle, le professionnalisme au top. Dommage, c’est construit par le peuple chinois pour le peuple camerounais. » Un paradoxe pour un pays indépendant depuis 65 ans, formant des ingénieurs camerounais depuis 50 ans. « Pourquoi ne pouvons-nous pas réaliser un tel ouvrage nous-mêmes ? », interroge-t-il, soulignant un manque criant de soutien institutionnel.  

Polytechnicien de Yaoundé, entrepreneur en BTP depuis 48 ans, Mukam dresse un constat sans concession : « La seule volonté politique réelle peut créer des capitaines d’industrie. » Il cite Bouygues, Huawei ou Dangote, fleurons nés de stratégies nationales ambitieuses. « Quand on est accompagné, encadré, soutenu, on peut réussir. C’est ce qui nous manque encore », déplore-t-il.  

Des réalisations locales ignorées  
Avec sa société CACOCO BTP, Mukam a pourtant contribué à l’essor du Cameroun : centrales électriques de Mvomeka et Bertoua, siège d’Afriland First Bank, écoles primaires japonaises, ou encore le pipeline de 1 000 km. « Mes réalisations ne me font pas honte, mais mon pays préfère recourir aux Chinois, même pour des projets que j’ai initiés », regrette-t-il, évoquant l’extension de la Direction générale des Impôts, confiée à des étrangers en 2020.  

Un appel à l’action  
« Comment transformer un peuple en 30 millions de tubes digestifs ? », s’indigne Mukam. Il plaide pour une autonomie nationale via un développement économique ancré dans le patriotisme. « En 10 ans, le Cameroun a construit 4 barrages hydroélectriques. Aucune entreprise locale n’en a tiré d’expérience ! » Un gaspillage de compétences, selon lui.  

La solution ?  
Mukam en appelle aux gouvernants : « Il est urgent de repenser notre politique industrielle. Les ingénieurs camerounais existent, mais sans appui de l’État, nous resterons dépendants. » Son message est clair : « La Chine, la France ou le Japon n’ont pas attendu 100 ans pour bâtir leurs champions. Le Cameroun doit oser ! »  

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo