Le séjour la semaine dernière du technicien français au Cameroun a curieusement échappé à la presse locale généralement bien renseignée.

Tout s'est déroulé dans une totale discrétion. Les autorités administratives et politiques ont parfaitement joué leur partition, à l'abri des regards indiscrets du public et surtout de la presse locale, généralement bien informée lorsqu'il s'agit des questions ayant un lien étroit avec le sport en général et le football en particulier. Mais, cette fois, tous les professionnels des médias ont été battus sur leur propre terrain, n'ayant pas eu vent de la visite presqu'en catimini au Cameroun, du technicien français pressenti sur le banc de touche des Lions indomptables: Alain Giresse.

Le meilleur buteur de l'histoire des Girondins de Bordeaux en ligue 1 française avec 182 buts inscrits, demi-finaliste de la Coupe du monde Espagne 82 avec l'équipe de France, Giresse vient en effet de séjourner durant trois jours à Yaoundé, à l'effet de rencontrer les autorités administratives et politiques, selon des sources crédibles proches du dossier, que La Météo a rencontré mercredi 27 janvier 2016. Sur insistance des autorités camerounaises, le natif de Langoiran, une commune de 10,14 km2 du Sud-Ouest de la France, située dans le département de la Gironde, a été dans l'obligation d'effectuer cette visite expresse, avant l'officialisation de son contrat qui, sauf changement de dernière minute, devrait intervenir dans les prochains jours.

L'ancien sélectionneur limogé des Panthères du Gabon, des Lions du Sénégal et des Aigles du Mali était ainsi logé à l'Hôtel Mont Febe. D'où il se rendait chaque jour, soit à la présidence de la République ou à la Primature. Si les discussions avec plusieurs personnalités ont tourné autour du cahier des charges du futur coach de la sélection nationale championne d'Afrique 1984 en Côte d'Ivoire, 1988 au Maroc, Nigeria-Ghana 2000 et Mali 2002, les autorités ont davantage insisté sur le respect par le Français de la clause de résidence au Cameroun.

En dehors de quelques rares exceptions, notamment ses compatriotes Claude Marie Leroy (qui avait entrainé le Cameroun à deux reprises entre 1985 et 1988 puis en 1998 pendant la Coupe du monde en France) et Pierre Lechantre vainqueur de la Coupe des nations 2000, tous les autres «sorciers blancs» engagés par le Cameroun : des Allemands Winfried Schäfer, Otto Pfister et Volker Finke, à l'Espagnol Javier Clemente et le Néerlandais Arie Haan, en passant par le Français Paul Marie Le Guen ont violé allègrement cette disposition qui figurait pourtant dans les précédents contrats passés avec le Cameroun.

Contrat.

Les derniers réglages effectués, Alain Giresse s'est aussitôt envolé pour son pays natal. Il se dit, aussi bien à la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) qu'au ministère des Sports et de l'Éducation physique (Minsep), que le remplaçant de Volker Finke limogé en octobre pour insuffisance de résultats est allé préparer ses valises. Selon un cadre du Minsep qui a participé aux dernières réunions à la Primature, l'officialisation du contrat est plus qu'imminente.

Il devrait intervenir dans les jours à venir, dès que le nouveau sélectionneur aura pris définitivement ses quartiers à Yaoundé. Conscient des préjudices causés par l'instabilité des entraîneurs expatriés, le ministre des Sports et de l'Éducation physique, Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt met un point d'honneur sur la clause de résidence, qui permettra effectivement au nouveau sélectionneur attendu, de mener à bien sa mission de prospection de jeunes talents locaux, socle granitique sur lequel étaient bâties les générations antérieures, lesquelles gagnaient des lauriers aussi bien en Afrique et dans le reste du monde.

Selon des sources généralement bien informées, la Fecafoot propose un bail de deux ans renouvelable avec et 20 millions de salaire mensuel au Français Alain Giresse. Il aura comme adjoint le Camerounais Alexandre Belinga. Les deux techniciens auront pour missions immédiates, de qualifier le Cameroun pour la Coupe d'Afrique Gabon 2017. Les Lions indomptables sont actuellement classés premier du groupe M des éliminatoires, avec 6 points en deux rencontres, devant la Mauritanie, la Gambie et l'Afrique du Sud. Autre défis, la qualification pour le Mondial Russie 2018. À ce titre, les futurs adversaires de l'équipe nationale seront connus au terme du tirage au sort prévu en juin prochain.

La reconstruction entamée au lendemain du Mondial foireux au Brésil en 2014 (les Lions avaient été éliminés au premier tour, après des défaites face au Mexique 0-1, la Croatie 0-4 et le Brésil 1-4) reste un challenge fort. Le bilan sera établi à l'horizon 2018, soit un an avant la Can 2019 prévue au Cameroun.