Protestation des militaires : La présidence de la République lance la chasse aux sorcières
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Le ministère de la Défense vient de mettre sur pied une commission d’enquête chargée, entre autres, d’identifier les meneurs du mouvement d’humeur qui avait jeté une centaine de militaires du contingent camerounais de la Minusca dans la rue, pour la revendication de leurs primes. Le rapport d’enquête, d’un mois, sera transmis à la présidence de la République.

Près de quatre mois après la marche de protestation qui avait fait trembler la capitale - car inédite parce que menée par un contingent de près de 100 soldats tout corps confondus de l’armée - la présidence a décidé de lancer la chasse aux sorcières. Vendredi 04 décembre dernier, Joseph Béti Assomo, ministre délégué à la présidence de la République, chargée de la Défense, installait les membres d’une commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les évènements du 09 septembre à Yaoundé. Ce jour-là, en milieu de matinée, une centaine de soldats des forces de défense, refusaient les honneurs au Centre de formation technique des armées (Cfta) d’Ekounou, un quartier de la capitale, et entamaient une marche de protestation à travers les artères de Yaoundé. Le fait, totalement sans précédent, avait fait craindre le pire, et réussi à faire paniquer l’exécutif qui a accédé immédiatement aux demandes des militaires.

Composés d’officiers dont le ministère de la Défense n’a souhaité communiquer, ni le nombre, ni les noms, et encore moins les grades, la commission d’enquête devra, entre autres, « identifier les protestataires, trouver les raisons derrière la marche, et les complices de la marche ». En procédant à leur installation, le ministre de la Défense a appelé les membres de la commission à être « méticuleux, objectifs, et transparents » dans leurs investigations. La commission a un mois pour « mener ses enquêtes, et rendre sa copie ». Une fois terminé, le rapport sera soumis en priorité au président de la République, chef des armées.

Menaces

La cérémonie d’installation s’est déroulée en présence des officiers supérieurs en seconde section, et de Jean Baptiste Bokam, secrétaire d’Etat en charge de la gendarmerie (Sed). Ce dernier, fin septembre dernier, avait saisi l’occasion de la remise de diplôme de fin de stage au commandement à 336 sous-officiers pour un coup de menton qui laissait présager de la suite à donner à cette marche de mécontentement : « Je ne veux plus entendre que les forces de défense ont fait grève pour de l’argent », avait-il laissé échapper dans la colère. « Les garants de la sécurité et de la paix ne descendent pas dans la rue pour réclamer de l’argent. Le gendarme n’est pas un soldat entièrement à part mais un soldat à part entière », avait ajouté le Sed, avant de conclure « Vous devez servir avec honneur, fidélité et avoir le sens du devoir envers la nation ».

Les militaires - deux centaines du contingent de 1300 - coiffés du béret bleu des soldats placés sous mandat de l’Onu, représentaient le contingent camerounais de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca). Après des mois passés dans ce pays, les soldats camerounais avaient été surpris d’arriver en fin de mission avec des indemnités versées peu ou prou en totalité. Certains des soldats revendiquaient un peu plus de 2 millions de primes impayées. Les protestations engagées auprès du haut commandement n’ont pas eu un retour favorable, et en désespoir de cause, ces éléments qui se recrutaient dans la gendarmerie, le Bataillon spécial amphibie, la Marine nationale, ou encore du corps du Quartier général, on décidé de battre le pavé. 24 heures plus tard, l’exécutif débloquait en urgence 6 milliards Fcfa pour payer les soldats. Mais ce n’était visiblement que partie remise.

© Le Messager : Ludovic AMARA

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