La presse hexagonale affirme sans preuve que la guerre que le Cameroun mène contre Boko Haram a déjà atteint la région du Centre au point de faire des victimes dans le village du footballeur Stéphane Mbia.

Depuis 15 mois, le Cameroun est en guerre contre Boko Haram, la secte islamiste d’origine nigériane. Mais, jusqu’à présent, les forces de défense camerounaises ont le mérite de n’avoir concédé aucun périmètre du territoire camerounais à l’ennemie. Et les seules attaques des djihadistes qui ont fait des victimes au sein des populations civiles et militaires, ne sont survenues que dans l’Extrême-Nord, la région camerounaise limitrophe au Nigeria. Cette réalité a été altérée en fin de semaine dernière par des articles parus dans la presse sur le continent Européen.

Par exemple, Le Figaro, quotidien français de grande réputation, rapporte que les parents et frères de Stéphane Mbia ont été victimes d’une attaque de Boko Haram dans leur village natal. Si l’article querellé ne cite par le village en question, il ne fait aucun doute que le village du footballeur international camerounais se trouve dans l’arrondissement de Mbankomo, en banlieue de Yaoundé, chef lieu du Centre, une région située à plusieurs centaines de kilomètres de la zone de guerre.  La presse française ne se contente pas seulement de publier des affirmations erronées. Elle fait également savoir qu’après avoir échappé à la mort, la famille du capitaine des Lions indomptables a été secourue par les autorités de la Turquie, pays où réside désormais l’ancien pensionnaire de KSA de Douala.

«A la demande du joueur, le club (Trabzonspor, club employeur de Stéphane Mbia, ndlr) s'est emparé du problème pour régler la situation dans les plus brefs délais. Trabzonspor a alors demandé au ministère turc des Affaires étrangères de se saisir du dossier pour secourir les proches de sa nouvelle recrue. Les moyens mobilisés par la Turquie ont porté leurs fruits puisque les parents et les deux frères et sœurs de Stéphane Mbia sont arrivés sains et saufs sur le sol turc. Un soulagement pour le milieu de terrain camerounais qui avait vu des images de l'attaque de Boko Haram dans le village de sa famille... D'abord conduits dans une zone sécurisée, les membres de la famille du joueur ont ensuite bénéficié d'un visa pour venir retrouver Mbia mardi dernier », affirme l’auteur de l’article querellé.

A la lecture de ce papier, des camerounais et ceux qui suivent l’actualité de la guerre contre Boko Haram, sont tombés des nues car les terroristes n’ont jamais réussi à aller au-delà de la région de l’Extrême-Nord. Stéphane Mbia est-il à la source de cette information erronée? Joint au téléphone par La Nouvelle Expression, le capitaine de l’équipe nationale de football du Cameroun a déclaré qu’il a été tout aussi surpris que ses compatriotes par «les informations fausses» véhiculées par la presse. En outre, le Champion de France 2010 avec l’Olympique de Marseille a publié un communiqué pour se dédouaner.

«Contrairement à ce que j'ai pu lire dans les journaux concernant la visite de mes parents, je tiens a préciser que mes proches ont toujours eu l'habitude de me rendre visite depuis que j'évolue de façon stable  en Europe et cette visite n'a absolument rien à voir avec tout ce que j'ai pu lire sur une quelconque instabilité au Cameroun. Le Cameroun reste un pays stable et de paix où moi-même  je n'hésite pas à me rendre dès que j'en ai la possibilité», a écrit Stéphane Mbia. Une contre attaque qui va certainement susciter des prolongations dans les débats.