ELECAM : Les premières missions du nouveau DGE
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Abdoulaye Babale veut apaiser les tensions qui règnent au sein de cet organe.

irecteur général des Elections (DGE) d’Elections Cameroon, la structure en charge de l’organisation des consultations électorales et référendaires au Cameroun, s’appelle Abdoulaye Babale. A 69 ans, cet originaire de la région de l’Extrême-Nord, réputé intègre, est un apparatchik qui a des états de service conséquents à faire valoir. Secrétaire général du ministère de la Fonction publique de 1982 à 1983, ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat de 1983 à 1986, membre du conseil d’administration de la Banque des Etats de l’Afrique centrale de 1983 à 1990, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique de 1986 à 1988, ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Informatique et de la Recherche scientifique de 1988 à 1990, etc., c’est un homme rompu à la gestion des affaires publiques.

En plus, il connaît bien les rouages d’Elecam, puisqu’il est membre de son conseil électoral depuis 2008. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il a activement contribué à apaiser le conflit ouvert qui minait les rapports entre la direction générale des Elections et le conseil électoral d’Elecam, depuis plus d’un an. A cet égard, la première réaction d’Abdoulaye Babale après sa nomination est fort instructive sur la première mission qu’il entend mener dans le cadre de ses nouvelles fonctions. «L’acte pris par le chef de l’Etat (…) apporte un grand changement au niveau de la direction générale d’Elections Cameroon. Il s’agit d’assurer dans un premier temps la sérénité dans les relations entre Elections Cameroon et l’ensemble du personnel de cette institution, d’une part et d’autre part, la sérénité entre la direction générale des Elections et le conseil électoral», a-t-il annoncé mardi dernier aux journalistes ; expliquant ainsi entre les lignes les ressorts de sa désignation et surtout du limogeage de son prédécesseur, Mohaman Sani Tanimou. Car rarement responsables d’une même structure ne s’étaient autant agonis en privé et en public sous le Renouveau, que l’ex DGE et le président du conseil électoral, Samuel Fonkam Azu’u.

Si la chamaillerie entre les deux a démarré quelques mois après leurs nominations respectives, c’est en 2014 qu’elle va devenir publique et violente. Le 9 juillet 2014, les membres du conseil électoral d’Elecam décident de nommer six délégués régionaux d’Elecam. En fait, une précédente résolution de ce conseil, datée du 25 avril 2014, demandait au DGE de lui soumettre ses propositions, conformément au code électoral, pour le remplacement de certains délégués régionaux d’Elecam. Si le conseil électoral décide donc de les désigner lui-même le 9 juillet 2014, actualisant ainsi une entorse au code électoral, c’est parce que le DGE ne s’est pas conformé à cette résolution.

DÉFIANCE

Le passage en force du conseil électoral provoque un tir de barrage du DGE qui instruit les délégués régionaux en place de n’accorder aucune suite à ces nominations. «En vous rappelant que la délégation régionale d’Elecam est placée sous l’autorité exclusive d’un délégué régional, je vous demande de ne procéder à aucune installation de responsables régionaux tant que la grossière irrégularité du Conseil électoral n’a pas été corrigée», leur écrit-il le 10 juillet 2014. Résultats des courses, seuls deux des six délégués régionaux nommés par le Conseil électoral ont pris service à cette heure, mais aucun n’a été installé dans ses fonctions.

Cette défiance du DGE aura pour conséquence une extension du conflit à d’autres affaires liées à la gestion d’Elecam. «Nous ne sommes pas du tout confiants. Nous sommes en train de vivre ce qu’on avait annoncé quand on adoptait le code électoral à l’Assemblée nationale. C’est à partir de là que le bicéphalisme avait été instauré à la tête d’Elecam. Nous avons fait des propositions. Le conseil d’Elections Cameroon et son président sont nommés par décret présidentiel. Le directeur général aussi est nommé par décret présidentiel et est investi par le code électoral de pouvoirs exorbitants. Elecam ne peut donc pas fonctionner. Nous avons proposé qu’on crée un secrétariat général à Elections Cameroon et que le secrétaire général soit nommé par le conseil électoral qui peut le démettre s’il ne suit pas les directives. Il y a deux patrons à Elecam et cela pose problème », s’emportait Joseph Mbah Ndam, vice-président du Social Democratic Front, député à l’Assemblée nationale, au terme de la 6e concertation nationale entre Elections Cameroon (Elecam) et les acteurs du processus électoral, le 09 juillet 2015 à Yaoundé.

CRISE POLITIQUE

Entretemps, en public, c’est à qui aura le mot le plus désobligeant à l’endroit de l’autre. Des médias sont même mis à contribution. Le conflit est tel que les conseillers du chef de l’Etat le préviennent qu’il pourrait déboucher sur une crise politique. Car cette bataille de chefs en rajoute à la décrédibilisation d’un organe qui l’était déjà passablement du fait d’une organisation matérielle des élections encore lacunaire. Le président de la République se saisit du dossier et y colle Peter Agbor Tabi, l’un des secrétaires généraux adjoints de la présidence de la République. Les 17 et 18 juillet 2014, ce dernier reçoit les deux parties, sans pour autant parvenir à leur faire enterrer la hache de guerre. Les membres du Conseil électoral sont désormais acquis à une seule logique: débarquer le DGE.

Une session extraordinaire d’Elecam est même annoncée à cet effet. Elle n’aura pas lieu. Les deux parties ont cependant atteint le point de non-retour, où seul le départ d’une des deux mettra un terme au conflit. Depuis mardi dernier donc, cela est fait. Le bout de la voie de sortie de crise est d’autant plus visible que le nouveau DGE a déjà indiqué sa position sur la nomination querellée des délégués régionaux par le conseil électoral dont il est issu : «Ils vont tout simplement prendre service. Ils seront installés et le travail va reprendre normalement», assurait-il au journal du Jour hier. 

© L’Oeil du Sahel : SERGE D. BONTSEBE

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