Joseph Vincent Ntuda Ebodé : « Le processus est souvent long »
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Géostratège, enseignant à l’université de Yaoundé II Soa, il évoque le mandat attendu des Nations-Unies.

La Force multinationale mixte chargée de combattre Boko Haram devrait se déployer à partir du 30 juillet prochain. Pensez-vous que tout est fin prêt pour qu’elle soit véritablement opérationnelle ?
Tout dépend de ce que vous entendez par opérationnel. La projection des forces est une partie de l’opérationnel certes, mais  une fois sur le terrain, le dispositif continue à s’ajuster en tenant compte des réalités du terrain et des retours d’expérience. Il s’agit donc d’un processus dynamique et si les forces peuvent déjà être projetées, ce n’est pas une étape à négliger dans la montée en puissance d’une coalition.Cela signifie que les hommes, le matériel et les fonds ont été réunis, que les planifications stratégiques, opérationnelles ont été finalisées, que les règles d’engagement ont été déterminées et que les chefs d'unité ont été nommés.

On attendait une résolution du conseil de sécurité des Nations unies qui devait permettre notamment le financement de cette Force multinationale mixte composée de 8700 hommes,mais cemandat n’arrive toujours pas. N’est-ce pas un blocage ?
On ne peut pas nier que ce soit un blocage. Mais les financements de la communauté internationale peuvent intervenir à tout moment. Le plus important c’est ce qui vient directement des pays de la ligne de front. Le reste s’apprécie en terme d’aide ou de soutien et le processus est souvent long.Gardons espoir que cemandat sera donné dans un temps relativement court.

La manière dont la lutte contre Boko Haram est menée par les principaux pays concernés (Cameroun, Tchad, Niger, Nigeria) vous semble-t-elle efficace ?
Pour le moment, il n y a pas grand commentaire à faire sur cette question. L’efficacité devant s’apprécier non seulement du point de vue de chaque pays, mais aussi du point de vue collectif. Il ne fait pas de doute, si on prend l’exemple du Cameroun et du Tchad qu’il y a à la fois, une division du travail sur le terrain et une complémentarité opérationnelle et tactique. Tout dépend donc de la dimension qu’on veut apprécier. De manière générale, Boko Haram encerclé est étouffé et ses capacités de nuisance ont substantiellement diminuée. Tout cela est le résultat de la stratégie de cette alliance.

Affaibli sur le plan militaire, on se rend compte que Boko Haramopte désormais pour les attaques kamikazes. Comment faut-il désormais organiser la lutte ?
Il faut davantage doper les forces de sécurité intérieure en moyen humains,matériels, financiers et en renseignements prévisionnels et ou opérationnel. Cette nouvelle phase est celle de la guerre de tous pour chacun et de chacun pour tous. La population devient donc le centre de gravité à la fois parce qu’elle est la principale cible et parce que 70%de la guerre dépend de la posture qu’elle adapte. Sa devise pourrait être : Nationalisme – Patriotisme – Vigilance.

© Le Jour : Propos recueillis par Jean-Bruno Tagne

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