Cameroun:Et si on s’écoutait….
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Cameroun:Et si on s’écoutait…. :: CAMEROON

J’ai écrit un texte il ya deux semaine « le peuple nous parle… » http://www.camer.be/40766/30:27/cameroun-le-peuple-nous-parle-mais-lecoutons-nous-g-par-vincent-sosthene-fouda-cameroon.html.Vous avez été 2090 à le lire, 57 à le publier dans différents réseaux sociaux et 3 à le commenter. Maigre record donc en terme de réaction et on aurait pu dire que le texte ne vous a pas parlé. Mais que non ! Je le constate au niveau du débat que vous avez depuis vendredi « saint » sur le texte http://www.camer.be/41115/30:27/cameroun-celebrons-paques-en-implorant-la-paix-les-yeux-rives-sur-nos-freres-du-kenya-cameroon.html

Vous être une trentaine à avoir réagi dessus, mais en soulevant des problèmes extrêmement importants qui ne relèvent pas du texte initiale. Notre pays a la gueule de bois. Ce ne sont pas ceux qui cherchent à nous distraire qui nous démentiront. L’analyse économico-politique de notre pays laisse un goût amer, sans que le socioreligieux et même le culturel ne nous apporte des motifs d’espérer.

@EXCAMEROUNAIS qui écrit depuis la France, @LARRYKING depuis le Canada, @WISEMAN depuis les USA, @BIFAKA_BILOLO condamnent avec des mots certes différents cette vieille idée d’un panafricanisme irresponsable qui nous met face à des responsabilités bien lointaines. Le panafricanisme désincarné dans lequel les tenants du pouvoir de tous les pouvoirs au Cameroun voudraient nous enfermer afin d’oublier les combats du quotidien au Cameroun.

Il est quasi indispensable de se rappeler que tout au long des quatre siècles de l’esclavage en terre américaine, les Noirs n’ont jamais cessé de se révolter et d’organiser des insurrections. C’est de ces insurrections permanentes que vont naître des villages clandestins tout comme au Brésil, les esclaves révoltés vont créer la République de Palmarès, grande comme le tiers de la France et qui résista pendant plus d’un siècle, du milieu du XVIIème siècle au milieu du XVIIIème siècle.

Il est indispensable que nous sachions que c’est de cette épreuve historique , avec le sentiment profond de dépossession sociale, économique, politique et psychologique, d’oppression, de persécution et de bannissement, qui va créer et entretenir un élan émotionnel vers la recherche de l’unité et de la solidarité entre les membres de la diaspora négro-africaine ; le panafricanisme. Il n’est donc pas désincarné et ahistorique. Le panafricanisme désossé que semble vouloir nous imposer les tenants des pouvoirs au Cameroun, en nous poussant à la Haye auprès de Gbagbo est un pseudo-savoir d’un tout figé avec une vision totalitaire, un véritable spectacle immobilisé de la non-histoire. Une chose est certaine, son accomplissement est aussi sa dissolution dans l’ensemble de la société parce que tout le monde découvre qu’il est la déraison qui bloque notre accès à la vie historique sans laquelle nous ne pouvons-nous accomplir.

Oui au Cameroun tout le monde est contre tout le monde. Au Sein du parti-Etat une moitié est contre l’autre moitié. Il y a plus de partis politiques que le nombre des ethnies (256 ethnies contre 314 partis politiques). Nous avons moins d’un million d’électeurs pour une population évaluée à 22 millions d’hommes et de femmes. Les abstentionnismes dans le million d’électeurs semble encore plus nombreux….

Au Cameroun, la « majorité » n'est pas majoritaire. Le président de la République est élu avec un quart des suffrages exprimés. Un électeur sur dix. Au Cameroun, les « gagnants », d’hier, comme ceux d’aujourd'hui, gagnent par défaut, ils sont les mêmes, dorment dans les mêmes lits et on croirait qu’ils se multiplient mieux s’auto-engendre de manière incestueuse. Pas de quoi pavoiser.

Une chose est donc évidente et tous les débatteurs de ce long week-end de Pâques le reconnaissent. Nous participons tous plus ou moins au déclinisme qui nourrit les tenants des pouvoirs dans notre pays. Le lien entre le citoyen et le politique s'est rompu. Personne, aujourd’hui ne semble être l’homme providentiel, (nous avons tous une faible adhésion auprès du public) pour réformer profondément le pays et surtout le mettre en marche. J’ai lu Léo Tuam dans http://www.camer.be/41125/30:27/le-camp-de-ceux-qui-veulent-lalternance-politique-au-cameroun-regorge-des-gens-immoraux-amoraux-et-anarchistes-cameroon.html

Nous qui osons donc portons en nous les gènes immoraux et anormaux. La limite de son analyse est dans l’absence de proposition, dans le refus de l’acceptation et de la reconnaissance des combat que nous livrons au quotidien ici et là. Il pense que nous sommes coincés entre promesses et contraintes, entre impatiences et i-rigueur.

Moi, nous, eux

Il est possible que nous ayons longtemps tâtonné, que nous n’ayons jamais face au système gouvernant depuis 33 ans voire plus (comme je le pense et je dis depuis mon entré en politique active et propositionnelle) défini ce qu'est le changement sans la croissance (c’est ce que nous demande le peuple). Il est possible que l’opposition toute réunie se retrouve divisée entre les tenants de la demande

(pouvoir d'achat) et ceux de l'offre (des entreprises compétitives). Entre les partisans de la relance par le déficit et ceux qui y voient une source de paralysie. Entre les défenseurs de l'égalité par la générosité sociale et ceux de la performance créatrice de richesse. Entre dépenser pour relancer ou relancer pour redistribuer.

Mais quelque chose est née cette fin de semaine pascale dans ces échanges @Le SAGE-FOU, @EPERVIER, MO’’NTASS, @MIXTURE, je n’ai oublié aucun. De cette réflexion et de nos échange, il me semble que pour sortir de l’impasse, nous devons nous observer et nous vivre et agir à trois niveaux : Le moi citoyen, le nous collectivement et le eux les politiques.

Le Moi citoyen : un jour, il faudra comprendre qu'on ne fait pas une société avec, d'un côté, des consommateurs passifs de prestations et de services publics, et de l'autre les acteurs de la mondialisation heureuse pour qui la politique empêche juste le renard d'œuvrer dans le poulailler.

Le Nous collectivement : l'école, le syndicat, les associations, les médias, les églises, les mosquées, les temples, les bosquets sacrés, les collectivités... Autant de lieux où doit s'apprendre, s'entretenir, le sens du collectif, s'imaginer les conditions du vivre ensemble pour combattre le repli social, géographique, religieux, culturel.

Le Eux, les politiques : il faudra bien convenir d'un mode d'élection qui les fasse ressembler à la société et dégage des majorités. Trouver des procédures pour penser des projets et agir ensemble. Prendre des décisions pour simplifier et alléger notre administration. Faire des choix sociaux, fiscaux pour restaurer la confiance du salarié et de l'employeur.

Toutes choses sans rapport avec un quelconque jeu de chaises ministériel ou de nouveaux éléments de langage qui seraient le meilleur moyen d'attiser la colère de citoyens fatigués et déboussolés. Si on s'écoutait...

© Correspondance : Dr Vincent-Sosthène FOUDA

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