Cameroun, Echéances 2018: Ces crises qui menacent les élections
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Cameroun, Echéances 2018: Ces crises qui menacent les élections :: CAMEROON

Paul Biya pourra-t-il écraser la rébellion en 10 mois et aller aux élections ou se contentera-t- il de « la partie saine » du pays pour sa «victoire programmée» ? Le pouvoir dos au mur...

Le Cameroun est passé en un an des revendications corporatistes à ce que l’on présente comme la crise anglophone. Aujourd’hui nous sommes face à un conflit armé présenté comme la guerre contre les
sécessionnistes dit « ambazoniens » qui revendiquent rien moins que leur séparation du reste du Cameroun. C’est sur ce parcours jonché de détentions, de déplacés, d’exilés et de morts que l’élection présidentielle se profile à l’horizon, dans environ 10 mois.

Guerre ou paix ? Guerre et élection ? Le septennat inauguré en 2011 va s’achever dans environ 10 mois sans qu’on l’on puisse dire exactement ce qui a changé de positif dans le quotidien des Camerounais. Si l’on fait abstraction de la nébuleuse Boko Haram que le gouvernement avec l’aide des pays concernés a contenu dans ses derniers retranchements, cette dernière année du mandat présidentiel s’illustre par la montée des périls à l’intérieur.

Dans une interview diffusée le 6 décembre dernier, auscultant la situation, Mgr Samuel Kleda a appelé Paul Biya à démissionner. Le président de la Conférence épiscopale du Cameroun conseille au chef de l’Etat de ne pas céder aux sirènes de ses collaborateurs qui l’invitent à se présenter à nouveau en 2018 : « Les derniers évènements qui viennent de se produire dans ces deux régions (Nord-ouest et Sudouest), montrent que la situation est suffisamment grave. La mort des civils, des militaires, policiers et gendarmes montre que la crise est loin d’être résolue, qu’elle s’enlise au fur et à mesure que les jours passent.

Nous avons l’impression que les gens s’organisent en guérilla pour agir ». tendre la main à tous les acteurs A la question de savoir si le gouvernement doit discuter avec les sécessionnistes ? Le prélat répond : « J’ai observé en effet que les populations sont très réceptives aux discours des sécessionnistes. Cela semble dire que selon elles, ce sont les sécessionnistes qui apporteront des solutions aux problèmes socioéconomiques qui sont les leurs. Telle que la situation se présente, l’on ne devrait pas les exclure si jamais le dialogue national est organisé dans ce cadre. Dans le souci de trouver une solution durable à cette crise, l’Etat devrait tendre la main à tous ses fils, à tous les acteurs, pour une sortie de crise qui soulagerait tout le monde. »

L’autre raison qui pourrait mener le président Biya à ne pas se représenter, c’est qu’en 35 ans de pouvoir, les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. Dans son discours du 6 novembre 1982, jour où il a prêté serment, le chef de l’Etat a promis de ne jamais faillir à ses missions. « J’entends alors avec l’aide de toutes les Camerounaises et de tous les Camerounais, et en ma qualité de président de la République, chef du gouvernement m’acquitter de ce devoir sacré que m’impose la Constitution à savoir, veiller à son respect, comme à l’indépendance, à la souveraineté, à la sécurité et à l’unité de l’Etat, assurer la conduite des affaires de la République, mon illustre prédécesseur n’a jamais failli à ce devoir, je n’y faillirai point». A l’intérieur, « l’indépendance et l’unité nationale, la paix, le développement économique, social et culturel à travers nos choix de libéralisme planifié, de développement autocentré, de justice sociale et de maîtrise ».

Malchance ou mal gouvernance, depuis son avènement, rien n’a bougé de positif. A cela vient s’ajouter ces conflits armés qui éloignent durablement la paix et la prospérité. « Mais incontinent à ces échecs et ces périls qui auraient pu être réglés autrement, la rigidité présidentielle nous oriente inexorablement vers la fragmentation du pays », susurre un sénateur.

Paul Biya pourrait-il ne pas se présenter comme le suggère bon nombre de personnalités à l’intérieur comme à l’extérieur ? La présidentielle 2018 approche à grands pas. Et, la mobilisation est perceptible dans le Rdpc, en faveur du « candidat statutaire » à la présidentielle.

Une thèse balayée par l’aile progressiste, tapie dans l’ombre du parti qui estime qu’à 85 ans en 2018 et après 36 au pouvoir, il sera temps que Paul Biya passe le fanion.

Et la sécession s’invita au débat

Un communiqué appelant à la « non candidature de Paul Biya » a été publié dans les réseaux sociaux et déposé auprès des représentations diplomatiques amies du Cameroun.

Dans un contre communiqué attri bué à Jean Nkuete, le secrétaire général du Rdpc qualifie cet appel de « vaste et grossière entreprise de désinformation, d’intoxication et de manipulation orchestrée pour saper le moral de nos compatriotes »

Dans le premier communiqué « prétendument signé par des membres du Bureau politique et du Comité central ainsi que par de hauts cadres et des responsables du secrétariat général du Comité central du Rdpc », Nkuete affirme « qu’il s’agit bien d’un faux document »

Ce n’est pourtant pas la première fois que l’on enregistre une hostilité manifeste à la candidature de Biya.

Alors que le mandat du président prend fin en 2011, les États-Unis ont pris position en faveur d'élections libres. Secrétaire d'État à l’époque, Hillary Clinton avait alors réclamé pour le peuple camerounais
« le droit de voter cette année dans un scrutin présidentiel libre, équitable et crédible », souhait renforcé par un courrier personnel du président Barack Obama adressé à Paul Biya. Cette pression s'est durcie au mois de juin 2011 lorsqu’Hillary Clinton a refusé de recevoir Paul Biya, forçant ce dernier à annuler une tournée occidentale.

Avec un taux de participation de 65,8%. Sept candidats, menés par John Fru Ndi avaient annoncé, « ne pas reconnaître ces résultats, dénonçant des fraudes massives et un taux d’abstention record le jour du
scrutin. » Les Etats-Unis par la voix de leur ambassadeur au Cameroun ont fait état d'un scrutin entaché «d'irrégularités à tous les niveaux». Biya Paul le vainqueur avait alors obtenu 3 772 527 voix, soit 77,9891%

Les choses ont dramatiquement changé aujourd’hui avec ce conflit armé qui oppose des Camerounais aux Camerounais présentés comme des sécessionnistes que l’on disait « espérer un dialogue constructif entre Camerounais pour revoir la forme de l’Etat, ou à tout le moins asseoir une large et effective décentralisation ».

Question : Biya pourra-t-il écraser la rébellion en 10 mois et aller aux élections ou se contentera-t-il de « la partie saine » du pays pour san ‘victoire programmée’ ? Il n’y a aucun doute là-dessus avec les grandes manœuvres électorales : création de nouvelles filières médicales à Dschang, ordinateurs livrés en pièces détachés, Mery Ship Ce bateau médicalisé que Biya a fait venir pour soigner gratuitement les maladies rares… 

Mais aujourd’hui c’est tout le corps social qui est malade. Il faudrait de centaines de navire-hôpital pour soigner les blessés de guerre et les autres !

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