Justice : Deux ans après, Me Harissou toujours sans jugement
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Après neuf renvois d’audience depuis décembre 2015, les débats n’ont jamais été ouverts au Tribunal militaire de Yaoundé où le notaire de Marafa Hamidou Yaya est poursuivi.

Le 22 janvier 2016, l’affaire Haissou s’ouvre au Tribunal militaire de Yaoundé. Le notaire est accusé en complicité avec l’homme d’affaires Aboubakar Siddiki des faits de « outrage au président de la République, hostilité contre la patrie et révolution, assassinat, détention et port d’armes illégaux et de munitions ».

Avec  eux sur le banc des accusés, trois journalistes à qui on reproche « de n’avoir pas averti les autorités administratives et militaires de toute activité de nature à nuire à la défense nationale ». La première audience du 22 janvier a été marquée par quelques formalités qui constituent des préalables à la tenue d’un procès. Sept mois plus tard, plus rien n’a été entrepris dans ce dossier. C’est à croire qu’il est clos pourtant rien n’y a même été entamé. Me Harissou et ses coaccusés attendent toujours que l’accusation apporte les preuves de leur culpabilité.

La procédure va de renvoi en renvoi. A ce jour on en totalise neuf. Le 18 février, la présidente du Tribunal d’alors, madame Eko Eko renvoie l’affaire au 15 avril pour citation des témoins de l’accusation. Ce 15 avril-là, le commissaire du gouvernement (procureur) fait savoir que les deux commissaires de police qu’il a cités comme témoins refusent de venir comparaitre. Le commissaire du gouvernement dit avoir tenté de rencontrer le délégué général à la Sûreté nationale.

En vain. « Mais le Tribunal va continuer à mobiliser ses ressources pour obtenir leur présence devant la barre », a indiqué le commissaire du gouvernement. Sur cette promesse, l’affaire est renvoyée au 18 mai pour comparution de ces mêmes témoins et nouvelle composition du Tribunal, madame Eko Eko ayant été récusée par la défense.

Enregistrements peu fiables

Ce 18 mai, veille de la fête nationale, les prisonniers n’ont pas été extraits de la prison. L’affaire est renvoyée au 15 juin. Rendue à cette date, l’affaire est de nouveau renvoyée au 13 juillet pour la comparution des fameux policiers qui ne se présentent toujours pas. Rien n’y fera, les flics ne plieront pas devant la justice militaire. Les témoins de l’accusation, qui doivent par ailleurs asseoir la culpabilité des accusés, ayant refusé de venir témoigner, le commissaire du gouvernement décide le 13 juillet de retenir seul le Dr Bell Bitjocka, expert judiciaire en cyber criminalité et cryptologie pour témoigner pour l’accusation.

Pendant l’information  judiciaire, celui-ci avait été commis par le juge d’instruction pour mener une expertise sur les « scellés » notamment les listings des appels de septembre, d’octobre, de novembre et de décembre 2013 de Me Harissou et l’ordinateur de Aboubakar Siddiki récupéré après une perquisition effectuée à son domicile.

Le rapport d’expertise fait état d’ « enregistrements peu fiables et presqu’inaudibles ». Les écoutes supposées être celles de Me Harissou ont été réalisées par la direction générale de la recherche extérieure (Drge) à une période où ce dernier participait à un Forum international à Bruxelles en compagnie de l’ex-président de la Cour suprême, Alexis Dipanda Mouelle et de l’actuel président de la Conac, Dieudonné Massi Gams. Dans les conclusions de son rapport, le Dr Bitjocka mentionne également que les pièces à conviction qui lui avaient été remises ont été « soit créés, soit modifiées ».

Bien que présent dans  la salle d’audience ce 13 juilletlà, l’audition de l’expert Bell Bitjocka n’a pas pu se tenir. Elle a été renvoyée ferme au 12 août dernier. L’expert se présentera à cette autre date indiquée. Un autre coup de théâtre survient: l’un des assesseurs qui compose la collégialité des juges est absent. L’excuse est toute trouvée pour concéder un énième renvoi. Pour la défense des accusés, c’est le renvoi de trop.

« C’est une véritable mascarade judiciaire à laquelle l’opinion publique assiste. Préoccupé, le comité de soutien international à Me Abdoulaye Harissou lance un appel aux organisations internationales humanitaires et les droits de l’Homme ; demande aux autorités camerounaises de mettre fin à l’instrumentalisation de l’appareil judiciaire avec des motivations politiques », écrit le comité de soutien international à Me Abdoulaye Harissou au lendemain du « renvoi de trop ».

Attaque de Gbiti

Interpellé le 27 août 2014 à Maroua dans les services du gouverneur de l’Extrême-Nord où il avait été convoqué quelques jours plus tôt, Me Abdoulaye Harissou est conduit à Yaoundé et placé en détention à la Dgre. Après 31 jours passés dans les locaux des services secrets camerounais, le 26 septembre, Me Harissou et son coaccusé Aboubakar Siddiki sont transférés à la prison secondaire du Sed. Le 6 octobre dans la soirée, ils sont conduits à la prison principale de Yaoundé où ils continuent de séjourner.

D’après la Dgre qui a transmis ses éléments d’enquête à la justice militaire, les attaques qui ont eu lieu à l’Est du Cameroun, et en particulier dans la localité de Gbiti seraient l’oeuvre des hommes d’un certain Ali Garba alias Dougsaga, avec pour commanditaire Me Harissou et Aboubakar Siddiki. Le notaire est accusé d’être le cerveau d’une organisation criminelle visant à déstabiliser le Cameroun à partir de la République centrafricaine.

Deux ans après aucun élément à charge n’a été apporté par les « plaignants » en soutien de leurs accusations. En attendant (un autre renvoi), la prochaine audience est prévue le 9 septembre prochain.

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