Péages automatiques : Tollcam réclame 30 milliards FCFA à l’Etat du Cameroun
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Péages automatiques : Tollcam réclame 30 milliards FCFA à l’Etat du Cameroun :: CAMEROON

Le projet des péages automatiques, présenté en 2020 comme une modernisation majeure du réseau routier camerounais, se retrouve aujourd’hui au cœur d’un bras de fer juridique.

La société Tollcam Partenariat SAS poursuit l’État du Cameroun devant la Cour internationale d’arbitrage (CCI) et réclame 30 milliards FCFA d’indemnisation, selon le Rapport de certification du Compte général de l’État 2024 publié par la Chambre des comptes.

Sept postes déjà construits, mais toujours à l’arrêt

Fruit d’un partenariat entre les groupes français Fayat et Egis (50% chacun), Tollcam rejette la décision du gouvernement de revoir les clauses du contrat portant sur la construction et l’exploitation de 14 postes de péage automatique.

Sept d’entre eux  Mbankomo, Boumnyebel, Edéa, Mbanga, Tiko, Nkometou et Nsimalen  sont entièrement construits mais n’ont jamais été mis en service, alors qu’ils étaient initialement annoncés comme opérationnels dès septembre 2023.

Selon la Chambre des comptes, la plainte introduite par Tollcam n’est pas encore détaillée, mais une procédure de règlement amiable est en cours, d’autant que « le contrat est en cours de résiliation ». Ni les responsables de Tollcam Cameroun, ni le ministère des Travaux publics n’ont répondu aux sollicitations sur ce dossier sensible.

Un PPP suspendu par le gouvernement

À l’origine, Tollcam devait construire, exploiter et financer les péages durant 18 ans, avant rétrocession. L’entreprise affirme avoir investi 42 milliards FCFA depuis la signature du contrat en mai 2020, la construction ayant été confiée à Razel-Bec et l’exploitation à Egis Road Operation.

Mais, le 2 février 2024, une lettre du ministre des Travaux publics, Emmanuel Nganou Djoumessi, a notifié à Tollcam la suspension du projet en mode Partenariat Public-Privé. L’État souhaite désormais reprendre pleinement la main sur l’infrastructure.

Cette décision implique que Tollcam n’interviendrait plus que comme prestataire rémunéré dans le cadre d’un marché public classique  un changement profond qui bouleverse l’équilibre initial du contrat.

Des coûts jugés excessifs par l’administration fiscale

Dans sa configuration d’origine, le partenariat prévoyait un paiement cumulé de 195 milliards FCFA à Tollcam sur la durée d’exploitation. Une somme jugée disproportionnée par certains cadres de l’administration.

« Il est incongru de payer une telle somme à un partenaire privé pour sécuriser la collecte et espérer accroître les recettes du péage », confiait notamment une source à la Direction générale des Impôts à nos confrères d’Ecofin.

Des retards attribués aux décisions politiques

Avant même le lancement du contentieux, Tollcam exprimait déjà son malaise. En novembre 2023, Patrick Manga, Directeur général adjoint, estimait dans une interview accordée à nos confrères d’Ecomatin que les retards d’entrée en service des infrastructures étaient dus à des « décisions politiques ».

« Ce temps a un coût », rappelait-il alors, sans pouvoir chiffrer l’impact financier des reports successifs.

En attendant l’issue du règlement amiable ou l’éventuel arbitrage international, le projet de modernisation des péages demeure paralysé, tandis que l’État camerounais fait face à un risque budgétaire difficile à anticiper. Quant aux usagers, ils devront encore patienter avant de voir fonctionner les tout premiers péages automatiques du pays.

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