QUAND LE DROIT S’INVITE EN FAMILLE : MATHIAS OWONA NGUINI FACE A SA SOEUR FELICITE OWONA
CAMEROUN :: POLITIQUE

CAMEROUN :: QUAND LE DROIT S’INVITE EN FAMILLE : MATHIAS OWONA NGUINI FACE A SA SOEUR FELICITE OWONA :: CAMEROON

 

Il y a quelques jours, sur le plateau de STV2, l’émission Entretien avec…, animée par Dipita Tongo, recevait Mathias Éric Owona Nguini, vice-recteur de l’Université de Yaoundé II. Au cours de cet échange d’une rare densité intellectuelle, plusieurs sujets sensibles ont été abordés. Tout a commencé sur  les questions familiales, le professeur s’est exprimé avec un ton posé, parfois ferme. Il est de notoriété qu’un différend familial persiste, sa jeune sœur,  également professeure,  revendiquant l’héritage mémoriel de leur père. Interrogé sur sa non  présence à la dédicace de son ouvrage, il a simplement répondu : « Je n’étais pas invité », avant d’ajouter à la suite d’une autre question :  « Un patriarche ne discute pas sa canne de commandement avec ses enfants. » Cette affirmation a suscité la réplique cinglante et symbolique de sa sœur, Félicité Owona, qui a dénoncé un « autodafé posthume » et l’effacement volontaire du Professeur Maurice Kamto de l’éloge académique de leur père, le Pr Joseph Owona. Cette scène révèle une rivalité familiale exposée sur la place publique, où les non-dits et les luttes symboliques quittent la sphère privée pour devenir enjeux collectifs.

 

Owona Nguini pour nous.

Pour nous, juriste de formation avant d’être littéraire,  Owona Nguini est une autorité juridique sans équivalent à l’heure actuelle au Cameroun. Formé au droit, il ne fait aucun doute que le professeur Owona Nguini demeure la référence intellectuelle la plus constante, la plus structurée et la plus crédible du paysage juridique camerounais contemporain. Bien au-delà du simple universitaire, il est un formateur de conscience civique, un homme dont la parole éclaire, structure et transcende la rhétorique politique. Dans l’arène politique, où le populisme gagne du terrain et où la pensée fléchit sous le poids de l’approximation, Owona Nguini représente la rigueur scientifique héritée de la tradition de Gabriel Lep et même de son père. Lorsque vous le suivez, vous remarquez que chaque intervention publique est construite, argumentée et soutenue par une maîtrise rare des mécanismes constitutionnels, des normes juridiques et des rapports de pouvoir. Mais voilà que cette figure d’autorité se retrouve interpellée non par un contradicteur politique, mais par sa propre sœur, dans un registre inattendu : celui de la mémoire familiale et de la parole du défunt. Félicité Owona Nguini, dans une formule tranchante, affirme que leur père aurait  désigné le professeur Maurice Kamto pour prononcer son éloge funèbre. Une volonté qui, selon elle, aurait été censurée dans un « autodafé posthume ». Sur le plateau de Stv2 le professeur a nié ce fait :  « Un patriarche ne discute pas sa canne de commandement avec ses enfants. » fredonne-t-il encore.

Un différend familial révélateur de tensions.

Que ce soit sur la mémoire de leur père ou le rôle du Professeur Kamto dans l’éloge funèbre, la divergence entre le frère et la sœur va bien au-delà du simple désaccord familial. Elle met en lumière la manière dont la mémoire peut être instrumentalisée, et comment des enjeux symboliques (la parole, la légitimité, le droit d’hommage) deviennent objets de lutte. Il y a lieu de voir la une lutte de reconnaissance plus qu’une querelle de fond. Car en réalité, la parole du juriste s’impose, même face aux remous affectifs. La controverse, bien qu’émotive, ne parvient pas à entamer la stature intellectuelle de celui qui demeure le pilier d’une pensée juridique souveraine, celle de Mathias. Qu’on l’apprécie ou non, qu’on adhère ou non à ses positions sur les institutions, Mathias Éric Owona Nguini incarne l’une des dernières figures de l’autorité intellectuelle lucide et cultivée comme nous l’avons vu dans les années 90. Là où certains se perdent dans des identités ethniques ou des slogans, il offre des démonstrations rigoureuses, un sens aigu de la structure de l’État et de la gouvernance constitutionnelle. Même des figures politiques aussi encensées que le professeur Maurice Kamto, dont l’intelligence est indiscutable, n’ont pas encore réussi à produire, avec la même clarté, des outils d’analyse aussi pédagogiques et universels. Pour autant, malgré l’émotion, la stature intellectuelle d’Owona Nguini demeure intacte. Il incarne une pensée juridique souveraine, nourrie par des années de recherche, d’enseignement et de prise de position dans l’espace public.

Une figure essentielle pour comprendre le Cameroun d’aujourd’hui

Je ne cesserai jamais de le dire : qu’on partage ou non ses analyses, Owona Nguini demeure une figure majeure du débat intellectuel camerounais. Là où certains leaders politiques s’enlisent dans des postures identitaires ou des slogans creux, Mathias privilégie la pédagogie, la structure, et la profondeur doctrinale. Même le Professeur Maurice Kamto, dont l’intelligence est largement reconnue, ne développe pas toujours des outils d’analyse aussi accessibles, constants et universels. Owona Nguini exposer non seulement  ses idées mais il forme aussi  l’opinion, suscite la réflexion, et offre des cadres de pensée solides.

 

Un homme de droit dans un pays en quête de justice

Dans un pays où les besoins élémentaires (eau, électricité, emploi) restent insatisfaits faute de gouvernance solide, le droit devient un levier fondamental. Et pour que le droit joue pleinement ce rôle, il faut des voix capables de le rendre intelligible. Celle d’Owona Nguini manque cruellement à la majorité de l’élite politique actuelle. Contrairement à d’autres figures politiques, y compris Kamto, dont le slogan « Je suis Bamiléké » n’a jamais donné lieu à une véritable démonstration scientifique, le professeur Owona Nguini privilégie le fond sur la forme, la rigueur sur le sensationnalisme. Ses interventions sur la Constitution, sur les affaires comme Bakassi, ou encore sur les institutions républicaines, s’inscrivent dans une ligne de pensée claire, cohérente et impartiale, sans récupération politique abusive.

La raison contre l’émotion

La rivalité exposée dans l’émission n’est pas seulement celle de deux membres d’une même famille. C’est le reflet d’un Cameroun qui peine à gérer ses héritages, ses figures tutélaires et ses mémoires conflictuelles. Mais dans ce tumulte, Mathias Éric Owona Nguini reste debout, fort de son savoir, de sa méthode et de sa constance. Il est la marque de  l’excellence juridique, la rationalité face aux passions, la rigueur face à la confusion. On peut contester ses choix personnels. Mais nul ne peut nier son influence intellectuelle profonde sur des générations de Camerounais soucieux de justice, d’équité et de bon sens républicain.

Lire aussi dans la rubrique POLITIQUE

Les + récents

partenaire

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo