Fin de la présence militaire française au Sénégal : symbole d’un tournant historique en Afrique
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FRANCE :: Fin de la présence militaire française au Sénégal : symbole d’un tournant historique en Afrique

Après plus de soixante-cinq ans de présence continue, la France a officiellement mis fin à sa présence militaire permanente au Sénégal, un geste fort dans un contexte marqué par une succession de coups d’État militaires et un rejet de plus en plus affirmé du néocolonialisme. Le retrait des forces françaises de Dakar, dernier bastion de l’hexagone dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, cristallise une dynamique géopolitique régionale en pleine mutation.

La cérémonie du transfert du camp militaire Geille, dirigée par le général Pascal Ianni, commandant des forces françaises en Afrique, a illustré le changement de paradigme. En remettant symboliquement les clés à l’armée sénégalaise, la France a mis un terme à une relation militaire historique, désormais jugée incompatible avec les aspirations souverainistes du pays. L’hymne national sénégalais, joué sur fond de retrait militaire, marquait une rupture plus large que celle d’un simple bail.

Ce désengagement s’inscrit dans une tendance plus vaste : le rejet progressif de la présence militaire française sur le continent. Depuis 2022, la France a dû revoir sa stratégie sécuritaire, contrainte par les expulsions ou demandes de départ formulées par le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, le Gabon et la Côte d’Ivoire. Ce retrait progressif, parfois humiliant, intervient dans un climat de méfiance généralisée. À travers le prisme de la lutte contre le terrorisme, Paris est accusée de nourrir une instabilité persistante au lieu d’y remédier.

La décision du président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, qui s’inscrit dans une volonté de rupture avec certaines pratiques héritées de la colonisation, donne un signal clair : les peuples africains exigent un nouveau contrat politique, fondé sur la souveraineté réelle, l’égalité, et le respect mutuel. Cette dynamique renforce la volonté d’autodétermination des États africains, jusque-là liés à la France par des accords militaires souvent conclus dans des contextes postcoloniaux inégalitaires.

Désormais, Paris envisage de recentrer sa présence stratégique à Djibouti, l’un de ses derniers points d’ancrage sur le continent africain. Mais l’image d’une puissance déclinante, désavouée par ses anciens partenaires, pourrait durablement affecter la politique étrangère française en Afrique. Le retrait du Sénégal n’est pas un simple fait logistique. C’est un tournant historique. Une page de l’histoire postcoloniale se tourne sous les yeux d’une génération africaine plus exigeante, plus éveillée, et moins tolérante à toute forme de tutelle déguisée.

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