Le climat politique camerounais se tend à l’approche de l’élection présidentielle de 2025. Dans ce contexte chargé d’incertitudes, une accusation revient avec insistance dans les cercles critiques du régime : celle selon laquelle le RDPC chercherait à détourner l’attention du véritable débat sur la sénilité de son candidat présumé, le président Paul Biya, en fabriquant de fausses candidatures. Derrière cette manœuvre supposée, se cache une stratégie de distraction politique savamment orchestrée.

Plutôt que de répondre aux interrogations croissantes sur l’état de santé du chef de l’État, âgé de 92 ans et quasiment absent de la scène publique, le parti au pouvoir semble jouer la carte de la diversion. Des figures politiques jusque-là peu actives, parfois inconnues du grand public, apparaissent subitement dans le paysage comme prétendants à la magistrature suprême. Ces candidatures seraient, selon certaines sources, destinées à semer le doute, créer du bruit médiatique, et surtout éviter un débat public sur la légitimité d’un président dont la longévité au pouvoir est devenue une anomalie démocratique.

Cette tactique détourne l’attention du bilan politique du régime en place, marqué par une gestion opaque, une jeunesse désabusée, une économie asphyxiée, et un appareil institutionnel figé. L’enjeu véritable n’est pas de savoir qui osera porter les couleurs du parti, mais bien de poser la question essentielle : le Cameroun peut-il encore se permettre de continuer avec un leadership usé, sans alternance ni débat national sur l’avenir du pays ?

Éviter le débat, c’est empêcher le peuple de juger sur pièce. C’est refuser à la nation un moment de vérité. En substituant le fond par des stratégies d’écran de fumée, le pouvoir prend le risque de fragiliser encore davantage la confiance populaire, déjà minée par des décennies d’immobilisme. Le RDPC est donc aujourd’hui face à un choix historique : continuer à se cacher derrière des figures de façade ou affronter la réalité d’un pays qui exige clarté, responsabilité, et renouveau.

L’histoire jugera ceux qui auront refusé d’écouter le murmure du peuple au profit du confort du silence. Mais le peuple, lui, commence déjà à parler.