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© Avec : Editeur
- 03 Jun 2021 10:09:42
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CAMEROUN :: LES TENTATIVES DE PAIX EN REGION BAMILEKE EN 1960 :: CAMEROON
Plusieurs initiatives de paix ont été menées au Cameroun, et tout particulièrement en région bamiléké, au moment de l’indépendance en 1960. Mais, celles-ci ne sont guère parvenues à ramener la paix dans le pays.
Ce livre en évoque deux, l’initiative du député Ngayewang pour une « table-ronde », et la nomination de Djoumessi Mathias comme Ministre-résident, dans la ville de Dschang.
Jusqu’à la fin de l’année 1959, les régions étaient l’appellation attribuée aux départements aujourd’hui, et les arrondissements portaient pour nom « subdivision ». Il y avait ainsi la région de la Bénoué, la région du Nyong & Sanaga, la région Bamoun, la région du Ntem, etc. C’est à la veille de la proclamation de l’indépendance qu’est apparue en 1959 une désignation nouvelle, «département» pour les régions, et «arrondissements» pour les subdivisions.
Aussi, la « région bamiléké » désignait les départements qui constituent la région de l’Ouest de nos jours, excepté le Noun. Car celui-ci aujourd’hui est l’ancienne « région bamoun ». Le chef-lieu de la région bamiléké était Dschang.
Entre-temps, le Cameroun aura connu les provinces, et ce n’est que tout récemment que celles-ci ont été baptisées « régions », renouant ainsi avec une appellation qui avait disparu.
En conséquence, lorsque nous parlons des tentatives de paix en région bamiléké, il ne s’agit guère d’une référence tribale, mais plutôt du recours à la désignation de l’époque au moment où se déroulaient les faits décrits dans cet essai.
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Le maquis en région bamiléké a vu le jour à Baham, à partir de l’arrestation du jeune chef de ce village, Kamdem Ninyim Pierre.
Ce dernier, fraîchement rentré de France pour venir prendre la succession de la chefferie, était upéciste dans l’âme, et avait trouvé le pays en pleine ébullition nationaliste.
Au mois de mai 1955, la répression nationaliste avait fait de nombreux morts dans plusieurs villes du pays, et avait abouti à l’interdiction de l’UPC par un décret du gouvernement français du 13 juillet 1955. Des militants nationalistes avaient été arrêtés en grand nombre, et plusieurs étaient recherchés par la justice coloniale.
Kamdem Ninyim, pour sa part, chef coutumier et sympathisant upéciste, avait entrepris d’accueillir sur son territoire des militants upécistes recherchés par la justice, le combat que menaient ces derniers étant le sien. Mal lui en a pris, ce faisant, il tombait sous l’infraction de recel de malfaiteur, et en même temps de reconstitution de ligue dissoute.
Dénoncé, puis interpellé par la justice au mois de novembre 1956, il avait été destitué de son trône au mois de février 1957, condamné par le tribunal de Dschang, et déporté à l’Est du pays, dans la ville de Yokadouma. Un nouveau chef avait été désigné à sa place par l’administration coloniale, en la personne de Téguia Jean-Marie.
Cette décision avait profondément outré une partie de la population bamiléké, au point où la division s’était installée en son sein, deux camps farouchement opposés s’étant rapidement constitués, l’un contestant la décision de l’administration et soutenant en conséquence Kamdem Ninyim et l’autre en revanche prenant partie pour son remplaçant, Téguia Jean-Marie. Bien vite, la discorde au sein de la communauté bamiléké a été telle que les règlements de comptes ont commencé à s’opérer sous forme d’assassinats, et la violence s’est installée dans un cycle infernal : attaque d’une chefferie, représailles quelques jours plus tard par l’incendie de la chefferie adverse, etc. Des bandes armées ont été constituées pour la protection des chefferies mais également pour l’attaque des autres. Les « maquisards » ont, de cette manière, vu le jour…
L’UPC n’a plus eu qu’à se greffer sur cette violence en entreprenant tant bien que mal de la canaliser contre l’occupant colonial, plutôt que contre les chefferies et leurs sujets.
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Chapitre IV :
La gigantesque répression en région bamiléké à la suite de l’assassinat de Wanko Samuel
La conséquence naturelle et somme toute prévisible de l’assassinat du député Wanko Samuel a été l’envoi de renforts militaires français — le Cameroun ne disposant pas encore d’armée —, en région bamiléké. Des soldats français y sont déversés en grand nombre, plusieurs compagnies (une compagnie compte valablement 150 soldats). Bien plus grave, la toute première prison à ciel ouvert a été créée à Bangou, sur le modèle des camps de concentrations nazis, à la veille et pendant la seconde guerre mondiale.
L’armée française avait alors recommencé à couper les têtes des « maquisards » qu’elle attrapait et à les exposer sur les places publiques, marchés, églises, comme elle le faisait en Sanaga-Maritime déjà, qui comportait à l’époque le Nyong & Kelle également …
La seconde conséquence de l’assassinat du député Wanko Samuel a été, inévitablement, la réprobation nationale des méthodes des « maquisards ». Leur image a considérablement été ternie par ce crime odieux. Comment cela se pouvait-il que des individus en soient arrivés à assassiner un député parce qu’il avait refusé de respecter le mot d’ordre de boycott du scrutin du 23 décembre 1956 ? Ce crime avait ravivé la première indignation nationale qui avait suivi l’assassinat du Dr Delangué Charles et de Mpouma Samuel dans la nuit du 18 au 19 décembre 1956 en Sanaga-Mari-time, parce qu’ils avaient également refusé de respecter le même mot d’ordre de boycott lancé par l’UPC.
Toute la classe politique camerounaise avait été atterrée par ce meurtre. C’était quelque chose d’odieux, tout simplement. Cet assassinat avait été d’autant mal accueilli qu’il marquait un tournant dans la violence en politique dans le pays. Elle venait de s’abattre sur une personne qui justement défendait les intérêts des Bamiléké au Parlement. Il était un défenseur acharné des commerçants indigènes face aux Grecs, Libanais et Syriens qui contrôlaient le commerce sur l’ensemble du territoire. Et qui disait commerçants « indigènes » disait commerçants bamiléké. Comment et pourquoi donc le tuer ? Cela était totalement incompréhensible. (…)
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Chapitre VI :
L’appel du député Ngayewang pour une « Table ronde bamiléké » en vue du retour de la paix.
Des notables bamiléké n’ont pas tardé à réagir face à ce déchaînement sans précédent de violence dans leur région. Vendredi 15 janvier 1960, le député Ngayewang lance un appel à sa communauté pour un retour à la paix dans la région. Il propose pour cela la tenue d’une « Table-ronde » entre les fils de la région.
« Chers compatriotes,
Alors que notre pays jouit de sa souveraineté nationale, nous nous entre-déchirons à travers un terrorisme dégradant et antinational. Nous menaçons nos frères, nous les égorgeons comme des moutons, nous pillons leurs cases et après quoi, nous les incendions.
Chez nous, plus d’écoles, plus d’hôpitaux, plus d’églises, plus de marchés, plus de cultures, plus de transports : en un mot, plus de vie sur une économie agonisante, tout le monde vit dans la terreur et la désolation.
Et dire que notre département était celui des hommes intelligents, puissants, sages, travailleurs, vivant dans la communion d’amour et de fraternité. Mais, qu’est-il arrivé subitement ? On n’en sait rien. Cette conjoncture pose de nombreux problèmes qui ne peuvent être résolus avec clarté et efficacité qu’autour d’une table ronde. C’est notre problème et nous ne pouvons l’affronter que d’un cœur commun avec la même volonté et le même courage, sur le discernement de l’intérêt supérieur de notre cher et beau pays afin que l’idéal commun soit poursuivi à travers les positions des uns et des autres (…)
Cet appel malheureusement est demeuré lettre morte. Il n’a guère été suivi. Les raids des « maquisards » se sont poursuivis de plus belle.
Enoh Meyomesse
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Avant-propos
Chapitre I :
Baham : point de départ de la violence en 1956 dans la région bamiléké
Chapitre II :
La guerre fratricide entre les chefferies bamiléké à travers leurs
« maquisards» respectifs
Chapitre III :
L’odieux assassinat du député Wanko Samuel par les « maquisards »
Chapitre IV :
La gigantesque répression en région bamiléké à la suite de l’assassinat de Wanko Samuel
Chapitre V :
Le mot d’ordre de Moumié et Ouandié depuis Le Caire et les raids des « maquisards »
Chapitre VI :
L’appel du député Ngayewang pour une « Table ronde bamiléké » en vue du retour de la paix
VII :
Nomination de Djoumessi Mathias « Ministre-résident » à Dschang pour le rétablissement de la paix
VIII :
Les occasions manquées de paix et l’installation dans la durée de la violence en région bamiléké
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