Je reste au Cameroun !
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Je reste au Cameroun ! :: CAMEROON

J’ai toutes les bonnes raisons du monde de partir m’installer à l’étranger. Car j’ai rompu avec mes deux familles, et mon pays se porte vraiment très mal. Mais vous savez quoi ? Je vais rester au Cameroun !

Je peux m’installer à l’étranger

Si j’avais les longs yeux hein, j’irais m’installer à l’étranger. D’ailleurs j’ai déjà reçu plusieurs propositions de membres de mon entourage qui vivent en exil, et j’ai même un ami en Suisse qui aimerait bien que je parte m’installer avec lui de ce côté-là […]
J’aurai bien pu déménager pour l’étranger. Non seulement à travers la loterie américaine à laquelle je ne participe jamais, mais aussi par la voie de l’émigration canadienne. Je vois de nombreux amis qui quittent notre pays tous les jours sans même me dire au revoir, à la recherche d’un avenir prometteur. Il y en a aussi qui ont pris la route du désert pour tenter de rejoindre l’île de Lampedusa, mais avec des fortunes diverses : les uns sont devenus Francis Ngannou sur le toit du monde, et les autres ont vu leur carcasse dévorée par des animaux affamés qui se pavanent là-bas dans la savane désertique…

Et puis, j’ai déjà effectué plusieurs séjours à l’extérieur. C’est-à-dire que si j’avais vraiment voulu quitter définitivement ma terre natale, je n’y serais plus jamais revenu après mes voyages de 2015, 2016, 2018, 2019, etc.

J’ai rompu avec mes deux familles

Je ne parle pas de ma famille et de ma belle-famille hein, nôôô ! Je ne suis pas encore marié. Je parle bel et bien de mes familles paternelle et maternelle…

Pour la famille de mon père, c’est une longue histoire. Et les différends sont si affligeants, mais surtout si personnels et si dramatiques, que je n’aurai jamais l’outrecuidance de vouloir oser les évoquer à travers une simple publication…

Pour la famille de ma mère, c’est une autre histoire. Car c’est elle qui m’a bercé depuis ma plus tendre enfance, et c’est celle-là que j’ai toujours considérée comme ma véritable seule famille. Mais quand tu vois des oncles qui sont les frères directs de ta propre génitrice, toujours proférer du mal de toi, ça te donne quelquefois l’envie de larmoyer. Surtout mon oncle maternel qui se mêle de tout, qui connaît tout, qui corrige tout, qui te souhaite du mal alors que tu es son premier neveu garçon, et qui est passé maître dans l’art du découragement sur tous tes projets depuis que tu avais atteint la classe de Terminale…

C’est triste ! C’était là pour moi là une bonne opportunité —ou une occasion si vous voulez— de prétexter mon mal-être dans ce pays de vautours, où le danger ne vient jamais pas plus loin qu’auprès des membres directs de ta propre famille. Mais après mûre réflexion, j’ai compris qu’il faut rester fort ; et que l’éloignement géographique n’était pas systématiquement la seule condition à mon épanouissement et à mon bonheur.

Le Cameroun se porte mal

Mais en réalité hein, le Cameroun se porte mal. Très mal, même ! Le Cameroun se porte comme cette mère d’enfants qui est alcoolique, qui a épousé un fumeur de drogue ou un criminel, et alors les deux irresponsables n’accordent aucun encadrement bienveillant sur leur propre progéniture…

Je caricature. Mais c’est pour dire que nous nous sentons abandonnés, nous nous sentons lésés, nous nous sentons voués aux gémonies. Le « continent » camerounais ne nous offre plus aucun espoir, et au contraire la situation ne fait qu’empirer et se désagréger de jours en jours : contexte politique hyper tendu, liberté d’expression bafouée, augmentation du coût de la vie, chômage, système sanitaire quasi-inexistant, etc.

Le Cameroun est ce pays de l’Afrique centrale, où une petite poignée d’individus véreux, ont confisqué tous les pouvoirs et tous les avoirs, pour nous cantonner dans une sorte de misérabilisme et de résilience indescriptibles. Les prévaricateurs qui nous dirigent dilapident nos fonds publics sur des éléphants blancs innombrables, et leurs projets qui coûtent des milliards ne sont invariablement jamais achevés. On fait des guerres contre nos propres frères dans le NoSo, nous vivons sans eau potable et sans électricité, et puis nous mourrons aussi dans les hôpitaux à cause d’un simple petit paludisme ou d’une fracture de l’avant-bras… Tsuip !

Les gens qui s’en vont, je ne les encourage pas mais je peux les comprendre. Ils ont conclu qu’il n’y a plus aucun espoir sur ce territoire, qu’il n’y a plus rien à faire dans ce pays où on valorise les médiocres pour défavoriser la compétence, et où l’alternance politique n’est vraisemblablement pas encore envisageable. Et vous voulez qu’ils restent faire quoi dans un pays où ils n’ont pratiquement plus aucune destinée ?

Nous devons rester pour le changer

Mais malgré tout, nous devons rester ! Je fais partie de ces gens-là qui pensent que la camerounité n’a pas de prix, et qui sont d’abord fiers d’être des Camerounais. Qui sont plus heureux dans les rues de Ntaba-Nlongkak ou de Dibombari, que dans celles du XIVème arrondissement de la ville de Paris ou dans les ruelles de Monaco. Je suis persuadé que notre République ne restera pas éternellement aussi répugnante, et que, même si cela se fera indiscutablement après notre mort, il viendra bien un temps où ce fameux Cameroun sera internationalement considéré comme une vraie référence.

Je reste au Cameroun ! J’aime mon pays, même si j’ai beaucoup de choses à redire sur les comportements de mes compatriotes. Mais je souhaite jouer ma partition depuis l’intérieur, en tant qu’un entrepreneur prometteur mais également en tant que blogueur. Je veux voir changer les choses, je veux participer à ce changement lent mais qui s’avère inéluctable, et je veux aussi constituer une source d’espérance et d’inspiration comme mon meilleur ami Pierre La Paix Ndamè. Car dans cet océan de malheurs, dans ce capharnaüm géant, j’ai quand même réussi à devenir un homme très épanoui. Et je pense que tous mes compatriotes pourraient devenir pareils, c’est-à-dire en osant, en travaillant, en espérant, en critiquant, en votant. Je pense que nous avons les plus belles femmes de la planète, nous avons les compatriotes les plus brillants dans tous les domaines, nous avons un pays fantastique à reconstruire, nous avons un sous-sol immensément riche, et nous avons une diversité culturelle et touristique difficilement reproductibles à l’extérieur de notre magnifique terroir…

Je resterai au Cameroun !

Donc j’ai toutes les bonnes raisons de l’univers de partir m’installer à l’étranger. Car j’avais rompu avec mes deux familles, et mon pays se porte vraiment très-très mal. Mais vous savez quoi ? Je vais rester au pays de mes ancêtres…

Je reste au Cameroun ! Je suis un patriote, je suis un Républicain, je suis un nationaliste fervent, et avant toute chose il ne faut surtout pas oublier que je suis d’abord et avant tout un ressortissant bamiléké. Je reste à Douala ! Quoi de mieux que cette ville aux mille facettes, avec ses plaisirs et ses loisirs, mais aussi ses investissements et ses opportunités qui, si elles sont bien exploitées, pourraient faire de moi l’homme le plus riche de tout le continent africain. Je resterai au Cameroun jusqu’à la fin de mes jours, parce que je pense que chacun de nous ne possède réellement qu’une seule nationalité.

Et donc si je m’étais exilé à l’étranger, j’aurai sérieusement ressenti une douleur intérieure à cause du mal du pays. Je me serai senti quelque peu dépaysé. J’aurai perdu quelque part une partie de ma précieuse personnalité camerounaise, celle-là même qui a fait de moi l’inébranlable optimiste que je suis actuellement. Et si vous me demandez ce que je fais encore dans ce pays alors que tous les secteurs sont à l’envers, je vous répondrai tranquillement que « Moi, Ecclésiaste Deudjui, je vais rester au Cameroun ! »

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