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© Camer.be : Rév. Dr Joël Hervé Boudja
- 14 Feb 2021 22:05:27
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FRANCE :: PREDICATION DU 14 FEVRIER 2021 PAR LE REV. DR. JOËL HERVE BOUDJA
Textes : 2 Rois 2, 1-12a ; 2 Corinthiens 3, 12-4,3 ; Marc 9, 2-9
Le texte lu ce dimanche - la Transfiguration de Jésus - omet la notation chronologique par laquelle Marc (comme Matthieu) ouvre son récit.
Alors que d'habitude il ne précise pas la succession des événements, ici, il prend bien soin de souligner que cette scène s'est passée « 6 jours après ». Après quoi ? Après le jour où Pierre a confessé que Jésus était le Messie attendu et où, pour la 1ère fois, Jésus a commencé à enseigner qu’« il fallait que le Fils de l'homme souffre beaucoup, qu'il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes et que, 3 jours après, il ressuscite » (8, 31). Et il a ajouté à l'adresse de tous (disciples et foule) que celui qui voulait le suivre devait, lui aussi, se renoncer et prendre sa croix.
On imagine le choc, la stupeur, l'incrédulité, le bouleversement provoqués sur le coup chez les disciples par cette révélation totalement imprévisible. Pierre ose même réprimander Jésus d'avoir dit cela. Six jours après, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean et les emmène seuls à l'écart sur une haute montagne.
Il fut transfiguré devant eux : ses vêtements devinrent resplendissants...Elie leur apparut avec Moïse et ils s'entretenaient avec Jésus. Pierre dit : " Rabbi il est heureux que nous soyons ici : dressons trois tentes, une pour toi, une pour Moïse, une pour Elie". Il ne savait que dire tant était grande leur frayeur. Survient une nuée qui les couvrit de son ombre et une voix se fit entendre : " Celui-ci est mon Fils bien-aimé" ; écoutez-le". Soudain regardant tout autour ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Cette "transfiguration" n'est donc pas un prodige gratuit, une fulgurance divine pour ébahir les disciples, une parenthèse extatique. Au moment où Jésus a décidé d'obéir à son Père au prix de sa vie, Celui-ci lui répond en le rendant resplendissant de sa Gloire. Oui, il lui faut poursuivre sa mission jusqu'au bout, proclamer le message quoi qu'il en coûte. Les hommes le tueront mais Dieu lui rendra la Vie. Car faire advenir le Royaume, ce n'est pas seulement prêcher la Bonne Nouvelle et opérer des bienfaits : c'est aimer les hommes même quand ils vous suppriment.
"Ecoutez-le" dit la Voix de Dieu. L'ordre porte sur l'annonce des jours précédents : l'annonce de la croix vous semble une folie intolérable et vous avez envie de la rejeter comme absurde. Or, au contraire, c'est lorsque vous rêvez de violence et de prodiges que vous êtes du côté de satan et que vous prenez part à la destruction du monde. Il n'y a pas d'autre salut que dans l'amour authentique et " l'amour, c'est tout donner et se donner soi-même " (Thérèse de Lisieux). Moïse et Elie, les piliers de l'histoire d'Israël, viennent encadrer Jésus. Les deux hérauts de la libération - qui ont jadis fait usage de violence - s'inclinent devant Celui qu'ils annonçaient. La Loi et la Prophétie culminent dans l'Evangile. Et le pauvre Pierre, une fois encore, se trompe. Là il avait rejeté la perspective d'un Messie crucifié, ici il voudrait prolonger une grâce d'exception !
Mais il faut aller à la croix et on ne peut prolonger un moment fugitif de lumière. Une Nuée survient - symbole de la Présence de Dieu - et les englobe tous : l'Esprit rassemble autour de Jésus les grands personnages de l'Ancien et du Nouveau Testament. Car il n'y a qu'une histoire du salut, un seul Sauveur qui unit tout en lui. Il ne faut plus faire des tentes, enfermer dans des niches, placer sur des piédestaux mais - travail bien plus ardu ! - se laisser prendre dans la communion de Vie divine !! Nous sommes tous sous "la Tente de Dieu". On le sait, la splendeur de la vision ne réussira pas à convaincre les apôtres : quelques semaines plus tard, Pierre, Jacques et Jean lâcheront leur maître en danger de mort.
Mais après la prière du baptême dans le désert, après la prière de trans-figuration sur la montagne, Jésus vivra la prière de la dé-figuration par l'agonie au jardin des Oliviers. Pour la 3ème et dernière fois, il redira OUI à son Père : celui-ci l'introduira dans la Vie éternelle, il donnera l'Esprit et enfin le Royaume de Dieu pourra éclore et se répandre sur la terre. Le salut du monde sera effectivement réalisé.
La Transfiguration de notre Seigneur Jésus-Christ est à la fois un mystère simple et profond. Je vais vous raconter la très belle explication qui m’a été donnée par un pasteur qui était professeur de religion dans un collège où j’étais élève. Il nous racontait ceci : Jésus, sentant sa fin prochaine, voyait et sentait que cela allait bientôt tourner mal. Il prend alors avec lui trois de ses disciples pour leur montrer qui Il est vraiment, le Fils Dieu.
Notez qu’il ne prend pas les plus intelligents. Il prend ceux qui seront le plus susceptible d’entrevoir le mystère de Sa personne. On en reparlera plus tard. Car ce qui est important, c’est que ces trois apôtres découvrent Jésus sous un jour nouveau. Ce n’est pas simplement quelqu’un qui fait des miracles, ni celui qui dit de belles choses. C’est beaucoup plus que cela : c’est le Fils de Dieu. C’est que tous, nous avons une pierre précieuse dans notre cœur. Cette pierre précieuse est triste et terne tant qu’elle reste enfermée.
Le plus bel écrin ne permet pas à une pierre de briller de mille feux. Il faut pour cela que la pierre soit exposée à la lumière du soleil. Il en est de même pour la richesse de notre cœur. Tant que nous restons enfermés sur nous-mêmes, rien ne peut briller, ni luire dans notre vie. Il faut que nous ayons le courage d’ouvrir notre cœur à la vie, à la lumière de l’amour de Dieu pour que nous puissions rayonner.
Mais voilà ! Les blessures de la vie, les mensonges, les trahisons et les déceptions ont fait que petit à petit nous nous sommes repliés sur nous-mêmes et que nous n’avons plus l’audace, le courage de nous ouvrir aux autres et à l’amour de Dieu.
Et, en plus, il y a la monotonie, la fatigue de tous les jours qui s’accumulent. Nous ne sommes plus capables d’être aimés, ni même d’être surpris par l’amour de Dieu et l’amour des autres pour nous. Oui, c’est bouleversant de voir le visage d’un enfant qui brutalement rayonne de joie et de surprise à la vue d’un cadeau. Oui, c’est un défi immense qui nous est lancé d’être capables, d’être pleins d’étonnement et d’admiration pour l’amour qui nous est offert. C’est ce que nous apprenons à faire, ici, à chacun de nos services divins.
C’est de prendre la perle précieuse qui est dans notre cœur, de la prendre et de la laver de tout ce qui l’obscurcit et de ce qui l’encombre, les blessures de la vie, la poussière de l’ennui, pour pouvoir ainsi l’offrir à la lumière de l’amour éternel du Père. Alors notre cœur ébloui, étonné de tant de merveilles, sera capable d’être transfiguré par l’amour de Dieu.
Chaque année en cette période, une exclamation de fatigue et de lassitude refait régulièrement surface... Une petite ritournelle dont il faudra encore s'habituer pour quelques temps : « vivement la fin de l'hiver ! » Il est vrai que nous pouvons éprouver parfois une certaine fatigue chronique, au cœur de l'hiver. Mais s'il y a des saines fatigues qui nous invitent au repos et à refaire nos forces, il est une autre fatigue, plus profonde, qui nous guette également.
Elle est cette lassitude de vivre qui nous amène à ne plus voir l'essentiel ; cette somnolence qui nous fait oublier nos lieux mêmes de ressourcement. Ceux qui traversent cette fatigue existentielle éprouvent parfois l'envie de tout laisser tomber, ou d'appuyer sur pause, de figer l'instant, de planter leur tente comme Pierre dans l'Evangile, pour profiter du moment présent. Notre culture de l'image ne fait que renforcer ce besoin de figer, de fixer, de saisir, d'immortaliser l'instant plutôt que de le vivre.
Or, à force de vouloir immortaliser tous ces instants qui nous sont donnés, nous passons justement à côté d'eux, à côté de leur goût d'éternité. Et dès dimanche prochain nous entrerons dans le temps de carême, au cœur du tourbillon de nos vies, au cœur peut-être de nos hivers intérieurs, l'évangile nous invitera à gravir la montagne et à prendre de la hauteur pour vivre pleinement les moments privilégiés de nos vies. Pour cela, il nous faut gravir notre propre montagne et sortir d'une certaine somnolence...
Ces moments d'éternité sont tous des moments privilégiés qui nous ressourcent, où nous sommes citoyens des cieux. Ce sont ces petits moments d'amitié, de rencontre en vérité, de tête à tête, de face à face, à visages découverts et transfigurés. La beauté de ces moments est justement qu'ils ne durent que quelques instants. Il ne sert à rien de vouloir s'y accrocher. Ils ne nous font pas croire à notre immortalité mais ils donnent à la fragilité de nos existences une saveur d'éternité. Quant à nous, de part et d’autre de nos lieux de ressourcements, nous avons toutes et tous nos difficultés à traverser certaines phases de notre vie. Ces étapes sont chaque fois un deuil sur nous-mêmes, sur ce que nous voudrions devenir.
La transfiguration ne peut en effet se vivre que si elle prend en compte l'annonce de la passion. Entre ces moments privilégies et ces étapes à franchir, il nous faut néanmoins marcher, sans vouloir nous protéger, sans vouloir planter une tente comme les disciples.
Comme Pierre, Jacques et Jean, les proches disciples de Jésus, nous pouvons être traversés par ces forces qui nous invitent à figer l'instant, à immortaliser l'instant plutôt que de le vivre.
L'Évangile d'aujourd'hui nous invite donc à traverser une étape de notre vie. Pour certains, il s'agira d'apaiser un deuil, de porter désormais un regard non douloureux sur une cicatrice de l'existence ; pour d'autres, il s'agira de quitter un lieu qui les retient en arrière.
Cette étape est toujours un moment de transfiguration authentique et profond où nous pouvons montrer un autre visage ; accepter le défi d'être plus encore devant les autres ce que nous sommes en vérité devant Dieu, ses fils et ses filles bien aimés.
Amen.
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