LE CAS KEVIN  GASSAM, ECROUE POUR FRAUDE AU BACCALAURÉAT
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La photo d'un adolescent accusé de fraude à l'examen du baccalauréat circule sur les médias et les réseaux sociaux. Il s'agit de Gassam Noche Gervais Kevin, élève en classe de terminale au Lycée de Banganté, âgé de 19 ans. A cause du lynchage médiatique qu'il subit en ce moment, désormais il devient le symbole de la fraude aux examens, et sur son front il est estampillé en lettres capitales :

"FRAUDEUR". Il est présenté comme coupable avant même d'avoir été jugé et condamné. Ceci ressemble à s'y méprendre à la Justice populaire. Kevin Gassam semble avoir été jeté en pâture à la vindicte populaire, et les commentaires contre lui sont édifiants : "il a violé la loi, il mérite son sort", un fraudeur est un voleur", "il va servir d'exemple et dissuader les autres fraudeurs éventuels", etc ... la plupart d'entre nous sommes indifférents, nous pensons que ça ne nous concerne pas, que ça n'arrive qu'aux autres.

Cependant, il y a lieu de constater que malgré les arrestations régulières de fraudeurs depuis des décennies, le phénomène continue d'année en année. Ceci nous amène à nous demander si la solution de l'arrestation des élèves fraudeurs est idoine, si l'on ne s'arrête pas à soigner l'effet de ce phénomène tout en négligeant la cause. Tant que le mal ne sera pas extirpé à la racine, les mêmes causes produiront immanquablement les mêmes effets.

Cette histoire est une illustration de ce que j'ai appelé tantôt la tactique du leurre ou de l'écran de fumée, qui consiste à sacrifier quelques boucs-émissaires pour couvrir les vrais coupables tapis dans l'ombre. L'origine du phénomène, à mon sens, se trouve au Ministère des Enseignements Secondaires, des enseignants, et de l'office National du Baccalauréat au Cameroun. C'est à ce niveau que se trouvent ceux qui organisent et tirent le plus grand bénéfice de la fraude aux examens.

Loin de moi l'idée d'absoudre Kevin Gassam. Certes, il a participé à la commission d'un acte réprimé par la loi, mais on pourrait lui reconnaître des circonstances atténuantes. Par son âge, il est considéré comme un mineur, il a encore toute sa vie devant lui, en plus il est un délinquant primaire.

Le garder en prison serait prendre le risque de lui ôter toute chance de réhabilitation et de le perdre définitivement. C est connu de tous, nos prisons, en raison de la promiscuité qui y règne, où mineurs et grands bandits se côtoient, sont des hauts lieux d'endurcissement et de perfectionnement dans la grande criminalité. On peut y entrer comme un ange, et en ressortir comme un démon.

Donnez une chance à Kevin Gassam, sortez-le de prison et punissez-le d'une autre manière, par exemple en lui interdisant de composer le baccalauréat pendant deux ou trois ans ; en lui faisant faire des travaux d'intérêt général. À la rigueur qu'on lui permette de comparaître libre.

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