SANS LE MOINDRE INDICATEUR, « L’UNITE NATIONALE » EST LE PROTOTYPE DU CONCEPT FUMEUX
CAMEROUN :: POINT DE VUE

Cameroun :: Sans Le Moindre Indicateur, « L’unite Nationale » Est Le Prototype Du Concept Fumeux :: Cameroon

Le monde moderne se caractérise par la mesure de tous les phénomènes sociaux.

Pour mesurer la taille d’une population, le revenu, la pauvreté, la richesse d’un pays, on ne s’appuie pas sur des impressions ou l’opinion de tel ou tel : on attache à ce phénomène un chiffre qui évalue son intensité.

C’est ce chiffre qu’on appelle indicateur.

Les indicateurs ne se limitent pas aux phénomènes quantitatifs. On les utilise aussi dans des phénomènes plus qualitatifs, comme la gouvernance, la démocratie, les libertés publiques, la liberté d’expression, le niveau de racisme, la vulnérabilité politique, l’insécurité, la corruption, etc.

Il n’existe aucun concept social qui ne soit mesuré pas ces indicateurs, et ceci pour des raisons instrumentales :

  1. Les indicateurs permettent d’apprécier l’intensité du phénomène et son évolution dans le temps : est-ce que la gouvernance s’est améliorée ? Et dans quelle mesure ? Est-ce que les libertés publiques sont plus grandes qu’il y a 5 ans ?
  1. Ils constituent un instrument de gouvernance : les indicateurs se fondent sur des variables sociales sur lesquelles le Gouvernement peut agir pour améliorer ses performances.
  1. Ils permettent de comparer les pays : chaque année, des organisations internationales établissent des classements en matière de gouvernance, de démocratie, de liberté, etc. Ce classement permet d’évaluer l’évolution de chaque pays par rapport aux autres et ils conditionnent fortement l‘image des uns et des autres. Lorsque, dans les années 1990, le Cameroun et e Nigéria ont été classés comme les champions du monde de la corruption, ce fut une image terrible et les deux pays ont dû faire des efforts surhumains pour quitter els derniers rangs.

Les indicateurs ont en fait le tableau de bord d’un pays, exactement comme le tableau de bord de l’avion qui en permet le pilotage adéquat. Il n’y a pas de gouvernance, ni de prise de décision optimale sans indicateur pour des concepts sociaux de base d’un pays. Sans indicateur, vous ne pouvez pas mener une quelconque politique de paix, de liberté et de développement.

Or, depuis 1960 qu’on nous parle d’unité nationale, qu’on nous rabat les oreilles dans tous les discours matin, midi, soir, personne ne sous a montré le moindre indicateur y relatif. Nul ne peut dire aujourd’hui si ce qu’ils appellent « unité nationale » s’est améliorée ou s’est dégradée, quelles sont ses déterminants, ou comment faire pour l’améliorer.

Le discours a un caractère qui rappelle l’intégrisme religieux : « le Gouvernement a demandé l‘unité nationale, donc appliquez l’unité nationale ! Pas besoin d’y réfléchir ! »

Et c’est ainsi que s’est bâti un système politique hypocrite et tendu, où le concept est instrumentalisé par divers segments de la Communauté nationale, sans la moindre possibilité d’évaluation et de régulation.

On se demande pourquoi le communautarisme monte en force, avec des menaces de plus en plus claires sur la paix et la stabilité de l’État. Quoi de plus normal dès lors que la notion d’unité nationale n’a pas été clairement définie, avec des indicateurs précis et mesurables permettant d’apprécier la situation réelle de cette unité et se évolutions.

On ne peut pas fonder son existence sur un concept aussi confus et aussi vaporeux pour en attendre des résultats probants ! Et c’est d’ailleurs cette incapacité à attacher des indicateurs au concept d’unité qui est à la base du problème anglophone, et à travers lui, du problème du Cameroun entier.

Si des indicateurs d’unité nationale avaient été disponibles et acceptés par tous, la comparaison entre les modèles d’État (unitaire ou fédéral) aurait été possible et on se serait appuyé sur des arguments techniques probants en faveur de tel ou tel modèle. Au lieu de quoi, le Gouvernement a décrété sa décentralisation administrative, sans fondement technique, recourant à la brutalité militaire, avec le risque mortel d’apparaitre comme une force d’occupation coloniale u NOSO.

À moins de lui rattacher des indicateurs précis, le concept d’unité nationale doit être aboli : tel qu’il se présente aujourd’hui et sans ces indicateurs, il apparaît vaseux et dangereux.

Lire aussi dans la rubrique POINT DE VUE

Les + récents

partenaire

canal de vie

Vidéo de la semaine

évènement

Vidéo


L'actualité en vidéo