Covid-19 : La prise en charge nourrit trafics et rackets
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En dépit de la gratuité prescrite par le gouvernement, les familles paient le prix fort pour la prise en charge des malades ou pour l’inhumation des cadavres. La pandémie entretient aussi les trafics et une activité illicite.

Les mises en garde et les dénonciations ne semblent pas émouvoir ceux qui opté de faire de la pandémie de Covid-19 une aubaine. La dernière salve en date contre hommes et femmes sans foi ni loi émane du ministre de la Décentralisation et du Développement local(Mindedevel). « Il m’est revenu, de sources concordantes et dignes de foi, que certaines autorités municipales ou leurs collaborateurs en charge de la gestion des cimetières communaux exigent de fortes sommes d’argent aux parents de personnes décédées des suites du Covid-19, afin de mettre à leur disposition des espaces dans lesdits cimetières pour pouvoir inhumer leurs proches », écrit Georges Elanga Obam le 22 avril 2020.

Et dans sa correspondance, le membre du gouvernement rappelle aux exécutifs communaux que le gouvernement a prescrit la gratuité de la prise en charge des personnes testées positives au Covid-19. Dès lors, ils doivent se garder de conditionner l’inhumation d’une personne décédée des suites de Covid-19 au versement d’une quelconque somme d’argent par les membres de sa famille. En dépit de cette mise au point, tout continue de se passer comme avant. A.L., qui a perdu l’époux de sa soeur aînée la semaine dernière, témoigne : « Ma soeur et ses garçons ont conduit mon beau-frère à l’hôpital Jamot mardi 21 avril. On ne l’a pas soumis au test du coronavirus, juste la prise de température. Après consultation, on a prescrit la radio des poumons et d’autres examens. Mais il a passé juste quelques heures et il est mort. Quand on a voulu retiré le corps, l’hôpital nous a demandé d’attendre. Ce n’est que jeudi soir qu’on nous apprend qu’il est mort de coronavirus. Et là on exige 200.000 que ses frères ont payé.

Après on nous demande d’aller chercher un taxi pour transporter le corps. C’est quand on a refusé que finalement le corps a été mis dans une ambulance pour enterrement à Soa. » Autant dire que de la prise en charge à l’inhumation des personnes décédées, la pandémie de Covid nourrit des appétits financiers et favorise le racket. Justement, dans une correspondance datée du 16 avril, le ministre de la Santé publique (Minsanté) dénonce des « manoeuvres peu recommandables dans la gestion de la pandémie du Covid-19, notamment en matière de diagnostic et de prise en charge ».

Manoeuvres peu recommandables

Manaouda Malachie parle précisément « de la facturation systématique des services liés à la prise en charge des patients, notamment les tests de confirmation, l’administration des différents produits médicaux ou encore le recours systématique à certains examens onéreux ». Des pratiques courantes dans la plupart des structures sanitaires homologuées par l’Etat pour la prise en charge du coronavirus. Bien évidemment les mis en cause s’en défendent, arguant que le Covid-19 a trouvé un terrain propice au clientélisme, au racket des malades, etc. D’après Sylvestre Nga Onana, président du Syndicat national des personnels médico-sanitaires, la situation a empiré avec l’irruption du coronavirus.

« Dans un hôpital que je ne vais pas citer, souffle-t-il, on donne un masque par jour aux médecins, infirmiers, brancardiers, etc. ». Pour lui, c’est la malgouvernance qui justifie ces pratiques en mettant en péril la vie du personnel soignant. Le syndicaliste en veut pour preuve la vingtaine de personnels médico-sanitaires infectés au Covid-19 dans le cadre de leur travail, avec à la clé le décès de deux médecins.

Chloroquine falsifiée en vente

Hors des formations hospitalières, le Covid-19 nourrit aussi des trafics illicites. Comme la vente de la chloroquine falsifiée sans autorisation et l’approvisionnement chez des fournisseurs non agréés. Ce qui a décidé le Minsanté à sceller pour une période de 30 jours ou de manière définitive quatre pharmacies et cabinets de soins basés à Yaoundé le 8 avril. C’est que, le 23 mars, Manaouda Malachie constatait déjà dans une lettre-circulaire que certains professionnels de santé conseillent ou prescrivent la chloroquine à titre préventif contre le Covid-19. Et le Minsanté de rappeler aux responsables des formations sanitaires, aux responsables des centrales d’achats confessionnelles, aux pharmaciens titulaires d’officines de pharmacie, aux professionnels de santé, etc. que jusqu’ici « aucune étude scientifique ne démontre l’efficacité d’aucun médicament connu ».

Surtout que cette prescription ne se faisait pas sans arrière-pensées mercantiles. Pas de surprise donc que les services de la Douane camerounaise interceptent plus de 200 cartons de chloroquine de contrebande à Ngaoundéré, ainsi que le rapporte la CRTV-radio dans son journal parlé de 13h du 21 avril 2020. « On a découvert 210 cartons de comprimés de chloroquine falsifiés prêts à être déversés sur le marché public. Comme ils (les trafiquants, NDLR) savent que c’est une marchandise qui soigne le coronavirus, ils ont donc falsifié cette importante quantité », a précisé Norbert Ahidjo, chef secteur des Douanes de l’Adamaoua.

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