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© LA SCENE HEBDO : NNANGA SERGES LIONNEL
- 15 Apr 2020 12:55:00
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CAMEROUN :: COVID-19 : ENJEUX, DEFIS, ET PERSPECTIVES DE LA RIPOSTE EN BIYALAND :: CAMEROON
Il tient à dire tout, à montrer tout et à commenter tout, en usant de tous les moyens de communication possibles. La démarche du Minsanté est réformiste et inédite dans la tradition de gestion des crises au Cameroun.
Rappel à l’ordre.
Le 09 avril dernier, lors du comité interministériel de lutte contre la Covid-19, le Premier ministre Dion Ngute a frappé du poing sur la table. Il faut mettre fin à la cacophonie observée autour de la gestion de la crise, laquelle est marquée par une communication désordonnée et une prise d’initiatives par trop personnelles. Chaque ministre est appelé à mettre du sien et à s’investir de manière active, solidarité gouvernementale oblige. Fini donc les positionnements individuels que certains semblaient privilégier jusqu’ici ; retour au front du vrai combat que le ministre de la Santé publique ne cesse d’animer depuis. Parfois tout seul.
La preuve.
Sur le site internet du ministère, un onglet déroule, à la minute près, toutes les actualités relatives à la crise du Covid-19. La chronique met en lumière toutes les activités menées par le ministère. On peut y voir notamment le compte-rendu des diverses communications, les visites sur le terrain, les chèques et autres dons réceptionnés, les interviews accordées aux médias locaux, etc. Bref, un listing up to date de toutes les actions menées. C’est bien la première fois qu’une telle réactivité est observée dans l’équipe gouvernementale depuis au moins une trentaine d’années. Le ministre Malachie Manaouda semble là conforter la bonne impression qu’il inspire à l’opinion depuis sa nomination en 2018.
Fougue juvénile
Depuis l’intrusion du coronavirus dans le quotidien des camerounais, son volontarisme est impressionnant. Il se dévoue lui-même à la tâche, là où d’autres auraient laissé les scientifiques prendre tous les risques. Empruntant volontiers au langage médical auquel ne le prédestine pourtant pas son doctorat PhD, il tente toutes les explications. Ainsi se fait-il l’obligation d’être régulièrement l’orateur du point de presse quotidien qui est donné au Centre national des opérations d’urgence de santé publique. Quand il ne le peut pas, c’est sur twitter qu’il donne des nouvelles. Tous les jours, l’opinion peut ainsi être informée du nombre de cas testés positifs, du nombre de patients guéris, des localités atteintes, du nombre de décès, etc.
L’une des dernières polémiques à laquelle il a tenu à couper court est celle liée à la gestion des fonds remis par les entreprises pour appuyer la lutte des pouvoirs publics. « Ces fonds sont gérés via un régisseur indépendant », avait-il déclaré sur la télévision nationale, tout en promettant la plus grande transparence sur leur gestion. La création de Fonds de solidarité nationale par le chef de l’Etat est définitivement venue blanchir ses intentions. Ces fonds sont désormais gérés directement par le Trésor public, même si lui continue d’en recevoir les donateurs.
Crise de jeunesse ?
La tentation à cette conclusion est trop grande, si l’on en juge par l’hyperactivité du quadragénaire et son appétence pour les médias sociaux twitter et Facebook. Mais la révolution Manaouda est surtout dans les détails. A ce jour, le Cameroun a été frappé par quatre épidémies d’ampleur nationale. La dernière en date est l’épidémie de choléra, qui a été déclarée le 14 juillet 2018. Elle a frappé quatre régions sur dix et l’on a dénombré au total 99 cas pour 58 décès. Avant elle, il y eut l’épidémie de méningite dont on a observé une recrudescence de cas en 2016. L’on se souvient encore du grand tapage qu’elle a provoqué, notamment avec la campagne nationale de vaccination contre la poliomyélite.
Testing généralisé Si ces deux maladies sont à présent maîtrisées, ce n’est le cas de la rougeole qui ne l’est pas encore totalement. Ici, on note des flambées épidermiques épisodiques depuis les années 2000. Cette situation est encore plus aggravée dans la région de l’Extrême-nord qui abrite de nombreux réfugiés venant du Nigéria. Au registre des crises sanitaires, les experts ajoutent aussi les grippes aviaires de 2005 et de 2016, ainsi que la catastrophe ferroviaire d’Eseka en 2016. A la lecture des rapports de gestion de ces différentes crises, un constat apparaît toujours :
« le manque d’implication des autres secteurs ». « Des autres ministères », faut-il entendre ici. Ce mal bien camerounais, qui met à mal la solidarité gouvernementale, semble bien refaire surface dans l’épisode actuel de coronavirus. Comme un beau diable, Malachie Manaouda a semblé se battre tout seul au début. Jusqu’à la création d’un comité interministériel présidé par le Premier ministre. Mais les manquements accumulés ont déjà eu un effet durable sur la lutte : incapacité à contenir les flux des voyageurs des aéroports, incapacité à retrouver les voyageurs confinés qui se sont évadés, désaccords entre membres du gouvernement sur les conduites à observer, lenteurs de certaines administrations dans l’implémentation des mesures barrières, etc. Les premiers dispositifs prévus par le Minsanté se sont rapidement trouvés débordés. En ce début d’avril 2020, le Cadre de gestion environnementale et sociale du système de santé a été réaménagé afin d’y inclure les mesures spécifiques au covid-19.
De là découlent quelques-unes des mesures additionnelles annoncées par le Pm ce jeudi 09 avril 2020 notamment, la construction des hôpitaux de campagne et la fabrication locale des tests afin d’intensifier des opérations de dépistage. Cela tombe bien. Le Minsanté a lancé le 06 avril sa nouvelle stratégie de lutte. Elle inclue les tests dans tous les ménages des régions touchées. Là encore, les données de ce testing généralisé sont communiquées au jour le jour.
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