A quoi sert le député Camerounais ?
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A quoi sert le député Camerounais ? :: CAMEROON

Dans l’organisation politique du Cameroun, trois pouvoirs se répartissent constitutionnellement la gestion du pouvoir d’Etat : Le pouvoir exécutif qui a la charge de gérer le pays Le pouvoir législatif qui a mission, non seulement d’élaborer des lois, mais aussi de contrôler l’exécutif Le pouvoir judiciaire qui a mission de dire le droit, de juger, rendant ses sentences au nom du peuple ;

Dans les pratiques du régime de Monsieur Paul Biya il y a dans le vécu quotidien du pays la réunion de ces trois pouvoirs entre les mains du seul Exécutif, monopolisant le pouvoir de faire des lois en donnant la priorité dans l’ordre du jour du parlement à l’examen des projets de lois qui émanent du gouvernement, reléguant au second plan l’examen des propositions des lois qui, elles, émanent du parlement.

Quant à la justice, il n’échappe à aucun observateur de bonne foi qu’elle est au Cameroun sous l’influence de l’exécutif dont elle reçoit ostensiblement les ordres. Les avantages que le Président Biya tire de ces pratiques en violation de notre loi fondamentale, expliquent pourquoi il s’oppose, jusqu’au prix du sang de ses compatriotes, au retour à l’Etat fédéral, comme si la fédération constituait une atteinte à l’unité nationale, alors que dans ses pratiques du pouvoir, atteinte est gravement portée tous les jours à cette unité nationale par son art d’une gestion tribale du pays, son clanisme, son népotisme, sans oublier son sectarisme.

Ainsi, dans ce jacobinisme qui permet à Monsieur Paul Biya de perdurer à la tête de l’Etat, il a réussi à faire des députés de la Nation qui pourtant émargent sur le budget de l’Etat, des députés du régime, en sorte que les émoluments qu’ils perçoivent et qui constituent une lourde charge pour l’Etat, s’apparentent à un détournement des fonds publics dont ils doivent répondre devant le Juge. Ces députés ont renoncé à leur mission de contrôle de l’Exécutif et même de constat de la vacance de pouvoir, ainsi que je le les y invitais en son temps par ma lettre au Parlement.

Cette lettre retrouve toute sa vigueur aujourd’hui plus qu’hier où il est reproché au Président Biya de ne pas se manifester face à ce qu’il appelle lui-même la guerre au coronavirus. Une guerre qui pourtant ne peut se gagner sans la présence de son Chef des armées. Je sais que dans ce régime, tout ce qui ne va pas dans le sens du voulu de Paul Biya est jugé antipatriotique. Mais en réalité, ce qui doit être jugé antipatriotique, c’est ce comportement du parlement qui refuse de jouer son rôle de contrepouvoir que lui a assigné notre Constitution, la loi fondamentale de la République.

Quel triste spectacle nous vivons ces derniers jours, où un Camerounais révèle que, de sources bien informées et qu’il cite, le Président Biya serait mort, va même jusqu’à lui lancer un défi de donner signe de vie s’il n’en était pas ainsi, mais qu’à la place ce soit le Ministre de la Communication qui vient apporter un démenti à l’information qu’il qualifie d’élucubrations et de fantasmes, faisant passer son compatriote pour un dévoyé, visiblement déséquilibré. Si le fait constitue une propagation de fausses nouvelles, ce compatriote tombe sous le coup de la loi pénale, infraction en répression pour laquelle les poursuites sont sous diligences du Ministère public, donc du gouvernement, le maître de l’action publique étant précisément Monsieur Biya, Président de la République, Chef de l’Etat.

A la place d’engager une telle procédure, le Ministre de la Communication verse dans l’injure et dans une démonstration qui ne saurait convaincre que lui-même.

Trop c’est trop. Arrêtez de prendre les Camerounais pour des demeurés à qui on peut faire avaler toutes les couleuvres. La mise en demeure du Professeur Maurice Kamto, qui ne doit pas être prise à la légère, a donc toute sa raison d’être.

Me Yondo Black
(*) Avocat au Barreau Cameroun
Ancien Bâtonnier de l’ordre

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