Paul Biya fuit le Coronavirus
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Où est donc le boss, le patron, celui qui dirige, l’homme qui préside ? Où est passé le commandant en chef alors même que le pays est engagé dans une guerre inédite contre un agent invisible qui ébranle toute une planète dans ses certitudes. Où est le Président de la République dont on nous rabâche quotidiennement les oreilles sur la capacité herculéenne à surmonter les obstacles?

« Mais il a récemment tweeté au sujet de la pandémie », ai-je entendu hier dans un débat de bien-pensants sur une chaine de télévision nationale. Un tweet et c’est tout. Un tweet ? Croyez-vous que nos populations paysannes y comprennent quelque chose ? A qui Paul Biya parle-t-il vraiment quand il utilise un canal de communication qui touche à peine 30% de la population eu égard au taux de pénétration d’internet dans notre pays. Au fond, est-on certains que c’est lui qui rédige ces tweets ?

Peut-on même confirmer qu’il les lit ? Si oui comment expliquer la cacophonie gouvernementale qui a suivi ses « suprêmes très hautes instructions » justement contenues dans le tweet daté du 17 mars 2020 où il appelle « à respecter scrupuleusement les prescriptions du Gouvernement et de l’OMS ».

Le roi de l’esquive

Comment expliquer que le président de l’Assemble nationale, troisième personnalité protocolaire du pays, ait allègrement violé les règles de quarantaine en vigueur alors qu’il revenait d’un long séjour (pour cause de maladie) dans un pays déjà largement touché par le virus du Covid 19 ? Qui peut comprendre pourquoi le ministre de la justice suspend les audiences dans les tribunaux et est dédit quelques heures plus tard par le premier ministre ? Bien sûr qu’on peut le comprendre. Tout se tient. Dans la cour du Roi…Pataud, chacun voit midi à sa porte. Dans ce navire ivre, le capitaine fait des rallonges à la cave. Il tweet quand l’envie lui prend.

Alors même que dans la quasi-totalité des pays touchés par la pandémie, les leaders ont pris les devants en s’adressant aux populations par des messages radiotélévisés, suivis dans certains cas de descentes sur le terrain, notre démiurge bien aimé se contente de quelques mots froids et impersonnels et dilapide le crédit émotionnel qu’il aurait pu créer en ralliant l’ensemble de la nation à cette cause de survie national. Un tweet, 36 mots, et c’est tout. On aurait pourtant souhaité voir le président parler. Mettre des mots sur les maux. Alerter sans paniquer.

Convaincre les sceptiques à suivre les mesures de confinement devenues indispensables. Pourquoi s’est-il une fois encore privé de la chaleur cathodique au bénéfice de la fugacité du digital ? Au-delà des mots, on aurait aimé voir le chef de l’Etat à l’ouvrage. Sur le terrain pour motiver ses troupes. Alors même que l’organisation mondiale de la santé (OMS) invite l’Afrique « à se préparer au pire » compte tenu de la fragilité des systèmes sanitaires sur le continent, le président se confine dans son palais et agit par procuration. Ce faisant il reste fidèle à son attitude d’esquive, de laisser faire, de pourrissement.

Rappelez-vous qu’il n’a jamais mis les pieds sur le front de la guerre contre Boko Haram où de nombreux camerounais sont tombés sous les assauts de la secte meurtrière. Il s’est aussi débiné alors qu’on l’attendait sur le théâtre de la crise anglophone qui secoue le pays. Croyez-vous vraiment qu’il se risquera sur le terrain d’une pandémie qui affole le monde entier ? Ce sale virus, notre président ne veut pas le choper. Alors il ne s’en mêle pas.

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