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© rolandtsapi.com : Roland TSAPI
- 17 Mar 2020 09:26:00
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CAMEROUN :: Assemblée nationale : hantée par l’ombre de Cavayé :: CAMEROON
La 10eme législature camerounaise, issue du double scrutin local du 09 février 2020, est entrée en session de plein droit depuis le 10 mars 2020, avec l’arrivée à l’hémicycle de nouveaux partis comme l’Union des mouvements socialistes (Ums) de Pierre Kwemo avec deux sièges, le Front pour le salut national du Cameroun (Fsnc) de Issa Tchiroma Bakary avec 3 députés, le Parti camerounais pour la reconstruction nationale (Pcrn) de Cabral Libii avec 5 députés.
Ces bleus de l’immeuble en verre de Ngoa Ekele retrouvent les anciens de la classe que sont l’Union national pour la démocratie et le progrès (Undp) de Bello Bouba Maïgari avec 7 sièges, l’Union démocratique du Cameroun (Udc) de feu Adamou Ndam Njoya avec 4 sièges, le Social democratif front (Sdf) de John Fru Ndi 5 sièges, le Mouvement pour la défense de la République (Mdr) de Dakolé Daïssala qui a 2 sièges, et le Rassemblement démocratique du peuple Camerounais (Rdpc) de Paul Biya qui compte 139 députés, en attendant la reprise des élections dans 10 circonscriptions de la région du Nord-Ouest et dans une circonscription de la région du Sud-Ouest.
L’ombre de Cavayé
Une certaine opinion se félicite de l’entrée de quelques jeunes à l’Assemblée pour cette 10eme législature, allusion faite aux députés dont la moyenne d’âge est de 35 ans, et trouve d’ailleurs que c’est un exploit pour ces derniers. Mais la Chambre basse du parlement reste hantée par l’ombre de Cavayé Yeguié Djibril, le président sortant de la Chambre, en poste depuis 28 ans aujourd’hui. La session de plein droit s’est ouverte en son absence, alors qu’il se trouvait en évacuation sanitaire en Europe. L’enregistrement des nouveaux élus, les vérifications d’usage ont eu lieu depuis le 10 mars et la création des commissions les jours suivants.
A la suite de quoi la cérémonie du port des attributs avait était programmée pour le vendredi 13 mars, mais elle a été reportée à la dernière minute sans plus d’informations sur les raisons du report. Toujours est-il que cela a donné l’occasion à Cavaye Yeguié de revenir au pays le lendemain et de pourvoir assister à la cérémonie le lundi 16 mars. De quoi penser que les choses ont un peu trainé pour attendre cet homme âgé de 80 ans, qui selon toute vraisemblance nourrit encore des appétits pour le poste de président de l’Assemblée nationale.
Députés depuis 50 ans
La biographie de l’homme indique qu’il est né le 1er janvier 1940, et est entré à l’Assemblée législative du Cameroun oriental en avril 1970, quand il avait 30 ans. À la suite de la création d’un État unitaire, Cavayé est élu à l’Assemblée nationale du Cameroun en 1973 où il obtient le poste de questeur au bureau. Après dix ans à la Chambre, il est élu deuxième vice-président en 1983. En 1985, lorsque le président Paul Biya transforme le l’Unc en Rdpc, il est retenu comme membre du Comité central, tout en occupant désormais le poste de deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, et ce pendant cinq ans. A la fin de la législature de 1988, il fait un tour dans la préfectoral comme adjoint au préfet de Diamaré, avant d’effectuer un retour en force à l’Assemblée nationale lors des élections législatives de mars 1992, année à laquelle il est élu président de l’Assemblée nationale.
28 ans au perchoir, sans une « loi Cavayé »
Depuis lors, il s’est simplement fait établir par le Comité central du Rdpc, un titre foncier à ce poste, personne n’a pu le détrôner, surtout parce que le parti l’a toujours investi à ce poste et fait valoir la discipline du parti pour empêcher toute autre candidature au sein du groupe parlementaire Rdpc, en même temps que la minorité de l’opposition n’avait aucune chance de le challenger. Le président de ce parti au pouvoir, et président de la République aussi, disait que « ne dure pas au pouvoir qui veut, mais qui peut », et dans cette lancée, l’on peut sans conteste affirmer que Cavayé Yeguié a pu durer au perchoir de l’Assemblée nationale, au point de devenir un problème pour la Chambre.
L’Assemblée nationale sous son règne est devenue statique, sans aucune alternance au bureau, et surtout s’est confortée dans le statut de chambre d’enregistrement, devenue docile vis-à-vis de l’Exécutif dont elle est pourtant supposée contrôler l’action. Depuis 28 ans qu’il est au perchoir, il n’y a jamais eu ce qu’on peut appeler la « loi Cavayé », comme l’on en connait dans des assemblées démocratiques où des députés introduisent et défendent des lois, qui une fois adoptées portent leurs noms.
Et à défaut d’en proposer une, il n’a non plus jamais permis qu’une proposition de loi émanant d’un député prospère, mais à l’inverse, tous les projets de loi émanant du gouvernement sont toujours passé comme une lettre à la poste, sans la moindre modification. Tant et si bien que le président de la République a même parfois été obligé soit de renvoyer certains textes à l’Assemblée pour relecture, alors qu’ils avaient déjà été adoptés par les députés, soit de les modifier par ordonnance. Le dernier cas en date est l’ordonnance du 29 mai 2019 signé par Paul Biya pour corriger le budget de l’année 2019, notamment en procédant à des coupes des montants de certaines lignes destinées à la consommation, pour renforcer d’autres destinées à l’investissement.
En plus de ce manque de lisibilité d’un bilan de 28 ans de règne à l’Assemblée nationale pour ce qui est de légiférer, le « très honorable » s’est illustré en novembre 2019 par des déclarations surprenantes pour un personnage de sa carrure. Reproché au cours d’une réunion des élites du Septentrion par l’un de ses collègues député de servir un homme plutôt que les citoyens, en prenant l’exemple des enfants qui continuent de s’asseoir sous des arbres pour apprendre des leçons par manque de salles de classe, le président de l’Assemblée a plutôt retourné le tort à la population, l’accusant de fabriquer trop d’enfants. Malgré ces frasques, le député de Tokombéré s’accroche.
Contre les directives du Comité central du Rdpc lors des candidatures pour les dernières élections législatives et municipales, qui demandaient que les députés ayant déjà fait trois mandats comme député laissent la place aux nouveaux, il s’est fait investir. Et ce n’est pas une fois à l’Assemblée nationale qu’il va renoncer à son poste de président. Rien ne l’empêche certes, surtout si son parti lui refait confiance, mais il convient simplement de rappeler à la mémoire de tous…qu’il y a une vie après le pouvoir.
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