Etudes au Maroc : Des boursiers camerounais en détresse
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Etudes au Maroc : Des boursiers camerounais en détresse :: CAMEROON

Depuis leur départ du Cameroun en octobre 2018, ils disent n’avoir jamais perçu un seul rond de leur complément de bourse. Une situation qui met à mal leurs conditions de vie en terre étrangère.

Quotidien difficile pour certains étudiants camerounais boursiers au Maroc, promotion ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle (Minefop) 2018/2020. Depuis leur départ du Cameroun en octobre 2018 pour aller suivre une formation de deux ans au Maroc dans le cadre d’une coopération de partenariat entre les deux pays, ils ne parviennent pas à s’acquitter des frais exigibles (Internat et scolarité), pour assurer leur formation. Frais que le gouvernement camerounais est censé reverser, à titre de subvention.

Une situation qui met à mal leurs conditions de vie en terre étrangère. Leur cri de détresse via les réseaux sociaux est le moyen par lequel ils ont opté pour se faire entendre. Tant il est vrai que leurs multiples plaintes adressées à leur hiérarchie, le Minefop, et même à l’ambassadeur du Cameroun au Maroc, n’ont pas trouvé écho favorable. Parmi eux, Jean Walter Yonga Tedga, âgé de 20 ans, et résidant dans la ville de Settat. Etudiant en deuxième année, filière Bâtiment et Travaux Public (BTP), à l’Université Mohamed VI, le jeune orphelin dit broyer du noir. « Je vis avec des amis. Nous sommes quatre dans une chambre. Ce n’est pas du tout le confort », se plaint-il. Selon ses propos, avant de quitter le pays à destination du Maroc, le Minefop les a rassurés qu’ils seront nourris et logés par l’Etat marocain, ce qui n’a pas été fait.

« Je n’ai pas pu payer l’internat l’année académique passée. C’est pour cela que cette année, on ne m’a pas admis », poursuit Jean Walter Yonga Tedga. En plus des frais de l’internat qui s’élève à 150000fcfa l’année, il lui fallait également la somme de 75000 Fcfa pour son inscription. « Je n’ai encore rien payé. J’ai pris des engagements auprès du directeur quand j’étais en première année et c’est pareil pour cette année. Le directeur m’a fait comprendre que si je ne paie pas avant l’examen, mon diplôme ne sortira pas », explique le jeune.

Jean Walter Yonga Tedga n’est pas le seul dans cette situation de misère. Comme lui, Jérôme Angola 26 ans, est arrivé au Maroc, plus précisément dans la ville de Khouribga, où il est admis en Automatisation et Instrumentation Industrielle (AII)- Génie Electrique. Ne pouvant payer les frais d’internat, il a trouvé refuge chez un ami sénégalais. « Je ne sais comment décrire la situation dans laquelle je me trouve en ce moment. Nous ne mangeons même plus dans les réfectoires universitaires parce qu’on nous a retiré toutes nos cartes qui nous donnent accès de ce côté-là. Mon ami partage avec moi son repas au quotidien », rapporte Jérôme, qui déclare ne plus aller au cours.

«Je suis déjà à la recherche d’un petit job. Je n’en peux plus», confie-t-il. Pour pouvoir survivre, il est obligé de tendre la main aux membres de sa famille ici au Cameroun. «Quand on venait, on nous avait dit que tout est gratuit. Mais grande a été notre surprise de constater qu’à la rentrée, on nous dise que celui qui n’a pas payé n’entre pas », relate-t-il. La situation de Jérôme Angola est d’autant plus compliquée que, selon ses dires, le gouvernement du Cameroun l’a envoyé à Settat. Sur place, il a été obligé de changer de ville, parce que son Bac F3 (Electricité) n’était pas accepté en Génie civil (Filière octroyé par le Minefop).

Promesses non tenues

Les filles n’échappent pas aux conséquences de cette situation délicate et accablante. Christabelle Mvondo est du lot. Agée de 26 ans, elle se trouve en ce moment dans la ville d’Al Hoceima, où elle suit une formation professionnelle en Gestion hôtelière. «Je suis pour l’instant à l’internat. Mais on nous menace. Si on ne paie pas, on ne va pas composer l’examen de fin de formation qui a lieu en juin prochain », explique-t-elle. Pour Christabelle, l’inscription coûte 57000 Fcfa et l’internat 120 000 Fcfa par an. «Je n’ai pas encore payé l’internat. Par contre, j’ai emprunté de l’argent pour payer l’inscription», explique-t-elle. Elle ajoute qu’elle a du mal à combler ses besoins élémentaires de femme, bien que sa famille fasse de temps en temps un petit geste depuis le Cameroun.

Ils sont 30 étudiants camerounais, dont sept filles et 23 garçons, qui ont quitté leur terre natale en octobre 2018. Ils sont dispersés dans plusieurs villes du Maroc : Settat pour le Génie civil, El Jadida pour le Génie-Electrique, Meknes pour l’Agro-Alimentaire et Al Hoceima pour Hôtellerie et Restauration. Dès le départ du pays, des assurances leur avaient été faites. « Vous serez logés et nourris gratuitement ; vous aurez une assurance santé ; vous ne paierez rien comme frais de scolarité ; les autorités vous aideront à avoir facilement des stages académiques ; le gouvernement camerounais vous soutiendra financièrement chaque fin du mois (100 000Fcfa) comme partout ailleurs, pour payer certains détails (photocopie, documents scolaire et autres », énumère avec amertume Jérôme Angola, délégué des étudiants. Il ajoute que rien de ce qui a été cité plus haut n’a été fait.

« On a déjà fait plusieurs requêtes à notre ministère de tutelle, mais jusque-là rien n’est fait », ajoute Jérôme Angola.« Ma famille est pauvre. Je n’ai rien pour payer plus de 400 000 Fcfa, étant donné que mon billet d’avion a été payé par ma famille », explique-t-il. Comme dans le cas de Jean Walter, l’inscription coûte 75000 Fcfa et 150 000 Fcfa l’internat par an. « L’an passé, j’ai payé seulement l’inscription, pas l’internat », dit-il.

Minefop

Du côté des autorités camerounaises, une source proche du dossier ayant requis l’anonymat a reconnu que les étudiants camerounais boursiers au Maroc traversent bel et bien des situations très éprouvantes ; ce d’autant plus qu’ils n’ont pas encore perçu un seul rond de leur complément de bourse. « Nous sommes conscients de ce qui se passe au Maroc avec nos étudiants. Toutefois, ce n’est pas la faute du Minefop qui a déjà tout engagé pour qu’ils entrent en possession de leur dû. Le problème est au niveau du paiement aux finances », se défend la source.

Elle ajoute que le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, a dû appeler le Minfi pour intervenir, mais rien n’a encore été fait jusqu’ici. « Nous restons donc dans l’attente », conclut-elle. Du côté du ministère des Finances, une source rappelle que de grandes quantités de dossiers parviennent au quotidien à cette administration. Le même informateur signale qu’il est possible que le cas relatif à la situation de certains étudiants au Maroc soit déjà en instance de traitement.

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