Recrutement spécial des 2000 docteurs dans les universités : la grève des recalés continue.
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CAMEROUN :: Recrutement spécial des 2000 docteurs dans les universités : la grève des recalés continue. :: CAMEROON

Après la publication des résultats des entretiens menés dans le cadre de la première phase du recrutement spécial de 2000 docteurs dans les universités d’État du Cameroun, plusieurs centaines de titulaires du PhD ont pris d’assaut l’esplanade de l’immeuble ministériel numéro 2 abritant les services du ministère de l’enseignement supérieur. Après 14 jours de grève, ces derniers ne semblent pas près de regagner leurs domiciles respectifs ce matin du 28 décembre 2019.
Que se passe-t-il au ministère de l’enseignement supérieur ? Toutes les personnes qui passent devant la tour marronne depuis le 14 décembre de cette année qui s’achève se posent la même question.

Le décor de ce lieu d’ordinaire grouillant d’usagers et d’employés qui vont et viennent a en effet changé : larges feuilles de carton, nattes, matelas, draps, couvertures et autres outils de fortune bon pour le couchage y sont juxtaposés. Leurs occupants y sont affalés ce matin, en proie au froid qui dicte sa loi à cette période de l’année. Des sacs contenant visiblement leurs provisions sont posés çà et là sans grands soins. Rien ne semble pouvoir entamer leur détermination à faire entendre les cris que quelques pancartes projettent aux yeux des nombreux curieux, amis et journalistes qui se succèdent devant ces docteurs au désarroi. Le klaxon des voitures sort certains d’un sommeil qui trahit une longue nuit blanche.

De l’ensemble des écrits qu’on peut lire sur ces pancartes que ces hommes et femmes n’ont vraisemblablement plus la force de porter se dégage un ras-le-bol général, source de cette mutinerie jamais enregistrée auparavant dans le cercle des intellectuels au Pays de Paul BIYA.

La cause de la grève

235 est le nombre exact des Camerounais locaux et de la diaspora qui disent avoir vu en ce recrutement spécial l’unique occasion de sortir de la misère que leur imposait jusque-là leur condition de moniteurs dans différentes universités de leur pays. Seulement, plusieurs autres compatriotes n’ayant pas les profils requis auraient pris leurs places dans la liste des 1237 candidats retenus à l’issue de la première étape de ce recrutement spécial. Cette liste rendue publique le 13 décembre dernier a ainsi provoqué une onde de choc dans la communauté des docteurs chômeurs du Cameroun.

Visage pâle, chemise froissée, pantalon défraichi, souliers usés, le responsable de la cellule de communication du collectif des docteurs indignés constitué pour l’occasion nous fait l’amitié de répondre à quelques questions.

Nous apprenons alors que cette fronde se fonde sur des irrégularités relevées dans ladite liste. Pour avoir une idée de l’ampleur de l’injustice décriée, nous avons accès à un réseau social utilisé par les manifestants et dans lequel ont été partagés des cas concrets de candidats retenus avec des Masters, de candidats ayant soutenu après les auditions, de doublons, etc. Non loin du banc où nous sommes assis, des écrits gravés sur des chutes de carton dénoncent ces cas patents d’injustice :

  • « NON À LA DISCRIMINATION »,
  • « RECRUTEMENT OU RIEN »,
  • « NON À L’INJUSTICE »,
  • « RESPECTONS LES INSTRUCTIONS DU CHEF DE L’ETAT ».

Mais deux semaines de grève, ça use. En revanche, la détermination reste sauve.

Des manifestants plus que déterminés

Dans le décor, une dame arbore fièrement le drapeau tricolore à son cou. Ceux qui suivent l’actualité des grévistes reconnaitraient le visage de cette quadragénaire. À quelques pas de l’entrée principale de l’immeuble, ce qu’il reste d’un cercle blanc dessiné à la hâte sur la dalle de la cour de l’immeuble n’échappe pas au regard des curieux. Comme une scène de crime, ce lieu est d’une morosité qui épouse bien l’atmosphère de la grève. Au centre du cercle, on peut lire les reliques d’un nom : Dr LEKANE BRIGITTE. C’est le nom de la quadragénaire patriote. Ce cercle rappelle que cette dernière a essayé de se donner la mort en signe de désespoir à cet endroit. Ce matin, elle donne l’image d’une femme forte qui n’abandonnera rien. Sur l’extrémité du côté gauche de l’esplanade du ministère, un autre docteur a installé un sapin de Noël pour donner à la résistance une ambiance plus gaie et marquer sa détermination à aller jusqu’au bout de cette grève qui paraît au-dessus des pouvoirs du ministre de l’enseignement secondaire. Celui-ci, nous révèle-t-on, a assuré lors d’une rencontre avec les docteurs indignés le 24 décembre, qu’il porterait leurs revendications à l’appréciation du président de la République.

Comme ces compatriotes en rogne, l’ensemble de la communauté universitaire espère que ces manifestations apportent des solutions à l’épineuse question de l’inadéquation entre l’enseignement à l’université et le marché de l’emploi.

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