Qui t’a envoyé ?...
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Nos jeunes diplômés, chercheurs d’emplois, continuent de croire, à tort ou à raison, que la voie royale qui conduit à la bonne destination reste et demeure le concours administratif. Ils n’ont pas forcément tort. En effet, si vous réussissez à un concours administratif, vous avez, dès cet instant, le sentiment tranquille d’être enfin arrivé au coeur même d’une vraie Terre Promise. Non seulement votre carrière paraît, dès lors, définitivement assuré, mais encore, vous avez raison de donner libre cours à vos rêves les plus fous. Tout vous semble désormais à portée de main : être ministre, diriger, en qualité de Directeur Général, l’une des plus grandes structures de l’Etat, intégrer le corps des diplomates, etc…

Même lorsqu’on n’arrive pas à atteindre ces sommets, un bon fonctionnaire jouit du privilège d’avoir son salaire mensuellement garanti. Contrairement aux pensions inamovibles de ceux qui ont été admis à faire valoir leur droit à la retraite, ce salaire connaît, tous les deux ans, quand les notes sont bonnes, des augmentations non négligeables. En plus de son salaire même, le fonctionnaire jouit également, de la part de l’Etat, de petits acquis constants, comme des allocations familiales, comme ces autres avantages réglementaires liés au poste occupé , comme les frais relatifs aux missions effectuées, à l’intérieur et à l’extérieur du pays… Bref, dans un pays comme le nôtre, dont le réseau de l’emploi, à partir des initiatives à caractère privé, est globalement dégarni, être fonctionnaire est, sans le moindre doute, une situation avantageuse. Mais, comment réussir à être fonctionnaire ?

Comment faire pour être l’un de ces Camerounais pénards qui ont fini par avoir leur fameux matricule ? En un mot, comment faire pour passer l’un de ces concours administratifs qui constitue, pour chaque fonctionnaire, la première étape indispensable sur la voie qui mène au salut ? Malheureusement, de nos jours, le problème devient de plus en plus compliqué… Ce n’est pas parce que les épreuves que l’on propose aux différents concours administratifs sont particulièrement difficiles. Ce n’est pas, non plus, parce que nos jeunes candidats à ces concours administratifs sont de parfaits ignorants qui ne comprennent rien aux épreuves auxquelles ils sont soumis. Ce n’est même pas parce que ces candidats ne trouvent pas de bonnes réponses aux questions qu’on leur a posées.

En fin de compte, ce n’est même pas à cause de leur échec final qu’ils ne parviennent pas à être comptés parmi ces fonctionnaires dignes d’envie. C’est, dans la plupart des cas, parce qu’ils n’ont pas, derrière eux, des parrains – oui, des parrains, comme dans la mafia ! - qui détiennent le pouvoir quelque part et les soutiennent. « Qui t’a envoyé ? »… C’est la question fatidique et insolite que le candidat anonyme, admis à subir les épreuves de l’Oral, doit répondre en premier lieu. Certains candidats, non habitués à ces milieux, sont totalement pris de court et ne comprennent pas tout de suite ce que l’examinateur voudrait lui demander. Le portail des camerounais de Belgique (@camer.be). D’ailleurs, plus le candidat est embarrassé, plus vite l’examinateur comprend qu’il a devant lui un pauvre bougre, sans doute intelligent et peut-être instruit, mais, un « père-et-mère inconnus » qui n’a pas sa place dans une grande Ecole, qui pourrait faire de lui un haut fonctionnaire. A partir de là, sauf miracle impossible, la cause est entendue irrémédiablement.

Les bonnes notes obtenues et autres appréciations élogieuses ne sont plus prises en compte. D’ailleurs, même si la liste des admissibles est déjà affichée, on s’empresse d’aller biffer le nom de cet intrus ; puis, on le remplace par le nom d’un vrai gars… En revanche, pour les autres, les « au nom du père », tout se passe comme sur les roulettes. Parfois sinon très souvent, certains candidats de cette catégorie n’ont jamais eu besoin de prendre part à quelque concours que ce soit. On comprend pourquoi ces enfants de la race supérieure ont souvent été étonnés, de retour d’une virée bien arrosée, d’apprendre d’un cousin ou d’un camarade, qu’ils ont été admis à tel ou tel concours et qu’il faut se dépêcher ; car, les cours débutent incessamment... Pourtant, nous sommes tous des Camerounais !

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