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© Repères : Bernard BANGDA
- 25 Nov 2019 09:48:00
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AFRIQUE :: SORTIE DU FRANC CFA : La Cemac à la croisée des monnaies :: AFRICA
Le sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale du 22 novembre 2019 à Yaoundé ne permet pas une visibilité claire de la position de cette sous-région sur le débat qui a cours autour du maintien ou non du franc CFA comme monnaie unique.
Le communiqué final de ces travaux évoque la question : « Examinant spécifiquement la question monétaire, les chefs d’Etat et de Gouvernement ont réaffirmé leur volonté de disposer d'une monnaie commune stable et forte ». Donc de tourner au franc CFA, une monnaie « héritée de la colonisation ». On le voit bien, l’Afrique centrale ne veut pas rester en marge du débat sur une monnaie dont les réserves de change sont déposées en France et qui est convertible en euro. Elle emboîte le pas aux pays d'Afrique de l'Ouest. Et pour cause, tous appartiennent à la zone franc, cette partie de l’Afrique où l’on utilise le franc CFA, constituée des pays de la Cemac (Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad) et de ceux de l'Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa).
Si en Afrique de l’Ouest, des dirigeants comme le président béninois, Patrice Talon, ont ouvertement pris position en faveur du remplacement du franc CFA par une autre monnaie, l’éco, en Afrique centrale, jusqu’au communiqué final du 22 novembre 2019 à Yaoundé, on était plus mesuré : « Concernant particulièrement la coopération monétaire avec la France, portant sur le franc CFA, Ils ont décidé d’engager une reflexion approfondie sur les conditions et le cadre d’une nouvelle coopération. A cet effet, ils ont charge la Commission de la CEMAC et la BEAC de proposer, dans des délais raisonnables, un schéma approprié, conduisant a l’évolution de la monnaie commune ». Le portail des camerounais de Belgique (Camer.be). Cette deuxième partie de la septième résolution du communiqué final sanctionnant les travaux de Yaoundé est conforme à la réponse donnée à propos par le président tchadien, Idriss Déby Itno, à Jeune Afrique au cours d’une interview parue la semaine dernière dans l’hebdomadaire panafricain : « En Afrique centrale, nous avons beaucoup échangé sur le sujet entre chefs d’Etat. Cela dit, nous ne sommes pas aussi avancés que l’Afrique de l’Ouest. Deux choix se posent à nous : changer de monnaie en évitant de créer la sienne propre, ou conserver le franc CFA, mais en coupant le cordon avec le Trésor français. Dans tous les cas, il faut sortir de la situation actuelle et aller vers une souveraineté monétaire. Mais il ne faut pas y aller en ordre dispersé. L’Afrique centrale ne peut pas se payer le luxe de créer six monnaies pour six pays. »
Une posture partagée par l’analyste économique Simon Ntonga : « Le président Déby a totalement raison de demander une solidarité diplomatique. Il est important que les chefs d'Etat des zones CFA puissent se mettre ensemble pour gagner cette indépendance monétaire et permettre à ces Etats de se sentir plus à l'aise. Une rupture totale des accords avec la France est nécessaire ». Quant à Olivier Bilé, le président du Mouvement pour l'émancipation et l'intégration monétaire de l'Afrique (Meima), « l'Afrique CFA ne pourra jamais s'épanouir. Il est plus que temps pour les peuples africains de sortir de cette tergiversation permanente ».
INTÉGRATION SOUS-RÉGIONALE
Ce débat n’occulte pas que l’adoption d’une monnaie unique en Afrique centrale semble emprunter le même, long et tortueux, chemin que celui de l’intégration sous-régionale. La présidence camerounaise reconnaît d’ailleurs que « la monnaie héritée de la colonisation divise les économistes et [surtout] les chefs d’État de la zone Franc ». Comme la libre circulation des biens et des personnes dans la sousrégion. Qui bute contre les égoïsmes nationaux.
En effet, le Gabon et la Guinée équatoriale font de la résistance. A des degrés différents. Ainsi, si un Camerounais peut désormais entrer au Gabon sans avoir besoin de visa, il lui est difficile, voire impossible, d’envisager une installation de longue durée ou définitive. Pour ce qui est de la Guinée équatoriale, les frontières avec le Cameroun et le Gabon sont fermées. Rendant ainsi difficiles les échanges entre ces deux pays et elle.
« Si certains hésitent à ouvrir leur territoire aux ressortissants d’autres pays du même espace économique, on se demande si les déclarations au sujet de la monnaie sont sincères », questionne un expert en finances camerounais. Ses réserves sont partagées par ses collègues d’autres pays. Qui estiment que « nous devons d’abord résoudre la question de l’intégration sous-régionale avant de penser à la monnaie unique ».
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