FRANCE-CAMEROUN: une mauvaise relation
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FRANCE-CAMEROUN: une mauvaise relation

Alors que le président Macron évite notre pays comme la peste, la visite de son ministre Jean-Yves Le Drian au moment où le Cameroun vit l’une des plus graves crises de son existence en tant qu’Etat est une occasion parfaite de revisiter partiellement la relation historique qui lie nos deux pays.

1- Un passé lugubre avec des dettes importantes à payer à notre peuple.

Tout a commencé avec l’annexion bandite par la société des nations et la répartition de notre pays entre la France et la Grande-Bretagne après la Première Guerre Mondiale sous le prétexte fallacieux que le Cameroun appartenait à l’Allemagne qui avait perdu cette guerre. Ensuite notre peuple a vécu l’une de ses périodes les plus sombres comme colonie malgré son statut officiel de territoire sous mandat des Nations Unies.

L’ingratitude de la France s’illustrera après la Deuxième Guerre Mondiale de manière flagrante lorsqu’après avoir reçu des troupes, de l’aide matérielle et financière de notre pays, elle commencera malgré toutes les promesses faites à nos populations, le massacre des nationalistes qui l’avaient pourtant libérée de l’invasion nazie les armes à la main. Ensuite, le général Charles De Gaulle chez qui l’existence d’un Cameroun réellement indépendant était incompatible avec une France puissante dans le monde, mettra en exécution à partir de notre pays son plan diabolique de création de la FrançAfrique.

« La France n’a pas d’amis, elle a seulement des intérêts.» C’est ainsi que le général De Gaulle fermera le chapitre de l’aide vitale reçue du Cameroun par son pays, une aide sans laquelle la France ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.

2- Une petite Indépendance et une mauvaise Réunification.

La crise actuelle que vit notre pays a pour sources principales :
– Le caractère biaisé d’une Indépendance qui a été remise aux alliés du pouvoir français après le massacre, (sous le silence et le regard complice de l’ONU qui en assurait la tutelle) de Ruben Um Nyobe, de ses camarades et des milliers de femmes et d’hommes qui se sont massivement mobilisés autour de l’UPC contre l’humiliation coloniale et pour une amélioration du standard de vie des populations.
– La conférence de Foumban en 1961 qui marque le début du long processus d’annexion du West-Cameroun. Processus savamment conçu dans les officines de la coopération à Paris et mis en exécution à Yaoundé.

Avec cette pseudo-indépendance et la mauvaise réunification, le tour était joué puisque cette servitude politique complétait la monétaire déjà existante avec le franc CFA. C’est ainsi que les populations du Cameroun Occidental qui n’avaient jusque-là pas eu à faire à la France, sont elles aussi devenues victimes de cette escroquerie puisque le pays entier travaille pour la puissance coloniale par le biais du franc CFA. Les populations du West-Cameroun paient ainsi la trahison de leurs élites qui ont tourné le dos au président Ernest Ouandie en 1961 en choisissant la collaboration avec le néocolonialisme français.

Le franc CFA devrait donc rappeler aux camerounais et aux africains en général, les rivières de sang versé par les patriotes africains car il n’est pas une monnaie normale comme toutes les autres puisqu’il apparaît clairement comme l’une des matérialisations de la défaite des nationalistes de notre continent dans leur lutte pour une véritable indépendance de l’Afrique. C’est aussi l’un des symboles les plus visibles de notre servitude monétaire, de notre soumission politique, économique et financière liée au Contentieux Historique franco-africain.

Mais il convient d’ajouter que dans son contenu et support, le franc CFA a toujours été et est exclusivement africain puisque son existence et son émission ont toujours dépendu des réserves financières africaines.

C’est pourquoi lorsqu’un camerounais a dans ses mains un billet de franc CFA, il devrait se rappeler du sang des Um, Moumie, Ouandie, Osende Afana, Tankeu, Olympio, Sankara, Boganda, Aubame et etc…
Aujourd’hui notre servitude se manifeste tous les jours non seulement avec ce franc CFA mais aussi, ici et là, à travers la présence de Bolloré, Total, Rhône-Poulenc, …
3- Une ingérence inadmissible, cette visite du ministre Le Drian.

Dans sa forme, la présence de Jean-Yves Le Drian révèle l’inquiétude et la frilosité d’une France qui se sent de plus en plus acculée par les diplomaties chinoises et russes. Afin d’empêcher le déplacement du président Paul Biya à Sotchi, le timing du voyage du ministre français dans notre pays a été minutieusement préparé car il fallait à tout prix clouer le président Biya à Yaoundé.

Il faut bien reconnaître que la nature de nos relations et échanges avec la France sont encore régies, contre notre volonté, par le pacte colonial dont la rupture est un impératif catégorique.

Il suffit de regarder les personnalités politiques rencontrées par Jean-Yves Le Drian pour comprendre combien la France tient à la confiscation des droits de notre peuple à choisir de façon libre et autonome ses dirigeants ; combien la France entend à tout prix à contrôler la classe politique camerounaise en se dotant en son sein d’une poignée de personnes taillées sur mesure par elle et inféodées à Paris.

La France est contre le Fédéralisme dans notre pays. La présence de Le Drian est pour assurer le président Biya du soutien inconditionnel de la France et de l’encourager à continuer cette sale guerre fratricide… On peut lire dans la Communication spéciale de la France son soutien à la mise en œuvre des conclusions du Grand Dialogue National, alors que le monde entier constate que le sang continue à couler à flots au Cameroun Occidental, une preuve des limites de ce Grand Monologue National…

Le passage du ministre Le Drian avait aussi pour principal objectif de mettre la famille politique Aujoulatiste au pas. Car selon la France, la récréation a trop duré, des directives sèches et claires auraient été données au MRC, SDF, à l’UNDP, à Cabral Libii le « petit Ahidjo Bassa» et à Bapooh Lipot cette création du Contentieux Historique franco-camerounais, triste continuateur du sale boulot du renégat Frédéric Kodock de piètre mémoire pour la liquidation totale du véritable upecisme.

Le poulailler Aujoulat se prépare donc pour les élections afin de légitimer la forfaiture du roi …

Au peuple le dernier mot. C’est la raison pour laquelle l’Alliance Patriotique l’exhorte à créer un vaste Mouvement Populaire en se mobilisant massivement et en s’organisant dans les Comités d’actions pour la fin de la guerre et la solution du Contentieux Historique.

Daniel Yagnye
Président de l’Alliance Patriotique.

Contact : apatriotique@gmail.com 

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