Soa : Trois jours de classe par semaine
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Depuis sa création en 2015, le Ces d’Akougou n’arrive pas à fonctionner normalement et squatte les locaux de la fondation Petit Dan et Sarah, un orphelinat de la place.

Au sortir du Centre-ville de Soa, plus précisément à Okoa, se trouve un orphelinat créé en 1982 et baptisé « Fondation Petit Dan et Sarah ». Une fondation qui a pour vocation d’abriter les enfants pauvres, orphelins et abandonnés à eux-mêmes. Pour l’épanouissement de ces derniers, le promoteur de cette œuvre caritative, Joseph Désiré Zingui, y a construit des structures de formation (mécanique, vannerie, menuiserie, etc.) pour ceux qui faisaient preuve d’un certain talent, des salles de classe allant de la maternelle au primaire. Le site de cet orphelinat a pendant l’année scolaire 2009-2010 abrité le Collège d’enseignement technique industriel et commercial (Cetic) de Soa qui est devenu aujourd’hui le lycée technique de Soa.

À ce jour, le lycée technique de Soa se trouve à Akougou sur le site que les populations locales lui ont trouvé. Créé par décret n°2015/3626/PM, en 2015 par le Premier ministre, le Collège d’enseignement secondaire (Ces) bilingue d’Akougou, n’ouvre pas ses portes cette année-là. Cet établissement prend son effectivité le 1er septembre 2015 à la suite de la décision n°466/15/MINESEC du ministre des Enseignements secondaires. C’est à la rentrée scolaire 2016-2017 que cet établissement public ouvre réellement ses portes faisant ainsi suite à la nomination du premier directeur par arrêté ministériel n°164/16/MINESEC du 19/08/2016. N’ayant pas de site, le promoteur de la « Fondation Petit Dan et Sarah » a casé de façon provisoire le Ces dans ses locaux avec le concours du premier magistrat de cette municipalité, Apollinaire Essama Embolo.

Enseignement par intermittence

Les effectifs grandissant ne permettaient plus d’accueillir l’école maternelle, l’école primaire, la section francophone et la section anglophone du Ces bilingue au cours de l’année scolaire 2018-2019. Il a été décidé au cours d’une assemblée générale le 9 septembre de cette année que les frais de l’Association des parents d’élèves (Ape) passent de 30.000 à 40.000 Fcfa afin de construire un bâtiment en matériaux provisoires sur le site de l’orphelinat. Cette année, faute de salles de classes, les élèves de la section anglophone qui va de Form 1 à Form 3 vont en cours le lundi, mercredi et vendredi. La section francophone qui va de la classe de 6ème à la classe de 3ème va en cours le mardi, jeudi et samedi. Il n’y a que la classe de 3ème qui fonctionne normalement de lundi à vendredi. « La première année, nous faisions parfois cours dans la cacaoyère située à proximité du Ces. L’année dernière, avec l’ouverture de la classe de 4ème et de celle de Form 2, nous faisions les cours en mi-temps. Les 6ème et Form 1 allaient de 07h30 à 12h30. Les classes de 5ème, 4ème et Form 2 allaient en cours de 13h à 17h30. Cette année, comme je prépare le Bepc, mes parents n’ont pas voulu que je continue dans ces conditions pour m’assurer toute l’éducation nécessaire à ma réussite », explique Emmanuel Atangana, élève en classe de 3ème au lycée de Soa et ancien élève au Ces bilingue d’Akougou.

Exploitation gracieusement abusive

La poignée de main amicale du promoteur de la « Fondation Petit Dan et Sarah » et du directeur du Ces vire en étreinte au cours de l’année 2017-2018. Car, le fondateur de l’orphelinat, désireux de rentrer en possession de ses locaux pour des travaux de réfection se voit contraint de supporter la présence du Ces dans son enceinte une année de plus, alors qu’aucun contrat formel ne le lie au Ces outre la faveur accordée la première année. Pour Ruben Emini Messanga, directeur du Ces d’Akougou, « le promoteur de la Fondation est un monsieur fourbe et vicieux. Publiquement, il dit ne pas demander de l’argent au Ces bilingue pourtant je suis harcelé par lui. Il me demande des millions pour le loyer depuis que le Ces s’est installé dans l’enceinte de son orphelinat », affirme-t-il. Pour recevoir le Ces bilingue d’Akougou à Soa, Joseph Désiré Zingui a gracieusement offert trois salles classes sur les quatre qui permettaient le bon fonctionnement du cycle maternel et primaire de l’école de l’orphelinat pour une année. A l’arrivée du Ces bilingue, l’orphelinat qui vit essentiellement des actions charitables et des dons, cette année s’apprêtait à bénéficier d’un projet de réhabilitation des locaux par un partenaire.

Sur le site du Ces, on peut voir des parpaings qui soutiennent les tôles pour qu’elles ne s’envolent pas à la moindre pluie et les toilettes qui sont pratiquement toutes pleines sont dans un état de décrépitude et d’insalubrité très avancé. Sur la question d’argent réclamé auprès du Ces bilingue, Joseph Désiré Zingui confie : « Nous avons déjà perdu trois grosses pointures parmi nos partenaires à l’épanouissement des jeunes que nous accueillons ici. Face à leur désistement du fait de la présence du Ces bilingue dans l’enceinte de la Fondation, nous avons estimé les travaux de réfection à hauteur de 1.650.000 Fcfa. Le Ces devait nous soutenir avec un million et nous devions trouver la partie restante soit 650.000 Fcfa pour que nous aménagions un espace dans les locaux d’habitat de la Fondation pour permettre aux classes du primaire de continuer les cours du fait de leur délocalisation. Le portail des camerounais de Belgique. Nous totalisons des pertes de 17.500.000 Fcfa soit 6.500.000 Fcfa par an ». Il faut préciser que le 30 aout 2019, le maire de la commune de Soa a adressé une correspondance au promoteur de la « Fondation Petit Dan et Sarah » dans laquelle il lui signifie que : « Il me revient que vous avez demandé au directeur du Ces bilingue d’Akougou de libérer les locaux (…) En vous remerciant de la précieuse contribution apportée à l’Etat en cette matière, je vous prie de bien vouloir accorder un sursis pour permettre à la communauté éducative de trouver une solution ».

Faute de gestion

En venant s’installer à la « Fondation Petit Dan et Sarah », le Ces bilingue n’avait besoin que de trois salles de classe pour les classes de 6ème, de 5ème et de Form 1 d’où la rétrocession de trois classes sur les quatre qui servaient à l’école maternelle et primaire de la Fondation. Cette année d’ouverture du Ces bilingue, le Ces reçoit un don d’un hectare de terrain de la part de Tsila Obele à Akougou pour que l’école quitte le siège de l’orphelinat. Les classes supérieures ont vu le jour l’année suivante tout comme les effectifs avaient augmenté. Le besoin en salles de classe au sein du Ces bilingue est de sept salles mais présentement, il n’y en a que quatre. A la fin du deuxième trimestre de l’année dernière, il a été construit un bâtiment de trois classes en matériaux provisoires. Sous cape, un parent d’élève confie que « l’année surpassée, il a été organisé un audit de gestion au sein du Ces bilingue. Les réponses du directeur m’ont mis hors de moi. Il racontait qu’il a donné 80.000 Fcfa à trois reprises au délégué départemental lors de ses descentes au Ces et des sommes d’argent dont il n’a pas précisé les montants à l’adjoint du sous-préfet.

A quoi lui sert l’argent que nous versons pour l’Ape ? S’il ne peut pas construire des classes en matériaux provisoires dans le site d’un hectare qui nous a été offert qu’il le fasse savoir à sa hiérarchie pour qu’on nous envoie quelqu’un de capable ». Des questionnements de cette nature sont nourris par plus d’un dans cet arrondissement à l’endroit du directeur du Ces bilingue qui clame haut et fort dans le bilan de l’année 2017-2018 qu’il a dû payer les vacations de l’école avec son propre salaire parce que le budget prévisionnel adossé sur l’argent de l’Ape fixé en début d’année n’a pas été atteint.

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