Non à la politique de la chaise vide.
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Tout au long de l’histoire du Cameroun, la politique de la chaise vide n’a guère été payante. Que ce soit à l’époque coloniale comme après celle-ci. Elle s’est toujours retournée contre les politiciens qui l’ont pratiquée. Les personnes qu’ils ont combattues se sont mises à décider à leur place, tout bonnement.

En 1956, à l’occasion du scrutin décisif pour l’histoire du Cameroun du 23 décembre de cette année-là, car de celui-ci devait être formé le tout premier gouvernement de la partie du Cameroun sous administration française, les ruses de Pierre Messmer, Haut-commissaire de la France au Cameroun, pour empêcher la participation à celui-ci ayant été fructueuses, un débat s’est instauré au sein des upécistes et autres patriotes sur le moyen de contourner ses manigances : fallait-il, ou non, participer au scrutin sous une autre bannière, en l’occurrence le « Courant d’Union Nationale » créé quelques mois auparavant par Soppo Priso ? A la réunion d’Amvam Yévol, dans la banlieue d’Ebolowa, les partisans du boycott l’ont emporté sur ceux de la participation. Le « Courant d’Union Nationale » a ainsi volé en éclats. Une partie de celui-ci, dont Soppo Priso, Ekwabi Ewané, Assale Charles, Behlé Gaston, Dissaké Hans, Obam Ella François, etc., finalement, est allée aux élections. Les autres ont exécuté les mots d’ordre de boycott violent lancés depuis Kumba le 9 décembre 1956 où ils s’étaient réfugiés au lendemain des événements du mois de mai 1955, par Moumié Félix et Ouandié Ernest. Dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 décembre 1956, le Dr Delangué et le forestier Mpouma ont été assassinés, conformément à ce mot d’ordre, et le dimanche 23

décembre 1956, les votants ont été agressés dans les bureaux de vote en Sanaga-Maritime (le Nyong & Kelle en faisait encore partie), dans le Wouri et le Nkam, et plusieurs de ceux-ci ont été saccagés. La ligne de chemin de fer a été coupée entre Douala et Edéa, ainsi que les fils du téléphone entre Douala et Yaoundé. Au mois de janvier 1957, en réaction, Pierre Messmer, le Haut-commissaire, a fait venir l’armée française : 1500 soldats ont débarqué au Cameroun. La guerre a commencé …

Soppo Priso et tous ceux qui s’étaient opposés au boycott violent prôné par Moumié et Ouandié, ont été élus le dimanche 23 décembre 1956. Une fois au Parlement, ils ont tenté de transformer l’ATCAM, l’Assemblée Territoriale du Cameroun nouvellement élue, en assemblée constituante et d’y proclamer l’indépendance du Cameroun au mois de mars 1957, à savoir, au même moment que le Ghana. Ils ont été cependant mis en minorité.

Qu’à cela ne tienne. Ils ont obtenu en revanche plusieurs choses :

1/- la citoyenneté camerounaise, alors que l’indépendance n’était même pas encore à l’ordre du jour, faisant ainsi des Camerounais, les seuls colonisés de la terre entière disposant de leur propre citoyenneté au sein d’un empire colonial, en l’occurrence celui de la France ;

2/- ils ont obtenu la création de l’Etat du Cameroun, totalement différent de l’Etat français, faisant également du Cameroun le seul territoire colonial de la terre entière bénéficiant d’un tel statut ; (les pièces officielles du Cameroun avaient aussitôt obtenu à partir du mois d’avril 1957, la marque « République Française, Etat du Cameroun » ; sous maquis, Um Nyobè s’était mis également à délivrer des documents officiels ― cartes d’identité, actes de naissance, etc., ― avec la marque « Etat du Kamerun », mais avec « K » ; on peut donc valablement se poser la question de savoir s’il ne s’était

pas inspiré de la décision des élus de l’ATCAM du 23 décembre 1956, à savoir des personnes qui avaient refusé le boycott, tout comme on peut naturellement également se poser la question inverse, à savoir si ce ne sont pas ces derniers plutôt qui s’étaient inspiré de lui … difficile de trancher ; quoi qu’il en soit, il y a eu convergence de vues entre les « patriotes » et les « laquais » …) ;

3/- des élus du 23 décembre 1956 ont formé le tout premier gouvernement de l’histoire de la partie du Cameroun sous administration française, le 15 mai 1957 ;

4/ ces élus ont adopté la devise pour le Cameroun, « Paix-Travail-Partie » ;

5/- ces élus ont adopté le drapeau du Cameroun, « Vert-Rouge-Jaune », deux années avant l’indépendance ; (il importe de relever que la Guinée, en proclamant la sienne le 28 septembre 1958, ne disposait ni d’hymne ni de drapeau, ni de devise, Sékou Touré, Premier ministre et député à l’Assemblée Nationale Française à Paris, avait prononcé le discours de l’indépendance de son pays avec l’écharpe française, Bleu-Blanc-Rouge, autour de la poitrine …) ; tous les autres territoires coloniaux d’Afrique ,’ont vu leur drapeau officialisé que le jour de l’indépendance ;

6/- ces élus ont adopté l’hymne du Cameroun « Au berceau de nos ancêtres », deux années avant l’indépendance ; (le Congo-Brazzaville avait vu son hymne composé la veille de la proclamation de l’indépendance, c’est le gouverneur de la France qui s’était alarmé du fait que le pays n’en disposait pas et qu’il n’était pas convenable d’exécuter la Marseillaise, l’hymne national français, en levant le drapeau congolais …, il avait donc demandé à un accordéoniste français résidant à Brazzaville d’en composer un à la hâte, en tout cas, avant le lever du jour …)

7/- ces élus ont voté au mois de décembre 1958 une résolution fixant la date de l’indépendance le 1er janvier 1960.

Pour tout dire, ils ont pris des décisions capitales qui ont définitivement et radicalement changé la face du Cameroun, en l’absence que ceux qui ont prôné le boycott …

En 1992, lors des premières législatives consécutives au retour de la démocratie au Cameroun, le SDF avait prôné le boycott du scrutin. Il s’en mord les doigts jusqu’à ce jour. Sa présence au Parlement aurait à n’en pas douter changé la face de la démocratie camerounaise. Cela aurait indiscutablement permis des scrutins à deux tours …

La politique de la chaise vide tout comme celle du boycott est une manière de protester contre quelque chose, par exemple les conditions de l’organisation d’ un scrutin, ou alors de refuser de participer à une rencontre au motif que les jeux seraient faits d’avance, et qu’il ne faudrait pas cautionner la « mascarade » par sa participation.

Dans le cas du « grand dialogue » convoqué par le Président de la République, naturellement les extrémistes prônent le boycott. En vérité, rien de surprenant à cela, car d’une part ce sont les casseurs d’ambassades réfugiés à l’étranger qui savent qu’en mettant les pieds au Cameroun ils seront interpellés et jetés en prison, d’autre part, ce sont des personnes qui ont depuis longtemps renié la nationalité camerounaise au bénéfice de nationalités autres. Ils savent que de toute façon ils ne peuvent être conviés à cette rencontre. Aussi, leurs prises de positions ne visent qu’à se faire passer pour des «opposants intrangisants avec le régime sanguinaire du vieux dictateur ». Bref, de la rhétorique éculée et qui n’émeut plus grand monde.

D’un autre côté, la bande armée dont le leader a été récemment condamné à vie déclare ne pas participer au « grand dialogue national » tant que ce dernier n’est pas

libéré. En clair, elle annonce poursuivre les meurtres, les incendies d’écoles et différents édifices publics. Mais là également, rien de surprenant. Elle fait du chantage au meurtre. L’histoire jugera…

………………..

Table

Avant-propos

Chapitre I : Les troubles actuels : une situation évitable ?

Chapitre II : Du soutien de la chienlit au linge en famille

Chapitre III : Le fruit de la paix est mûr

Chapitre IV : Non à la politique de la chaise vide

Chapitre V : Bâtir un Cameroun nouveau au cours du « Grand dialogue »

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